17 minutes 11 secondes : le message est clair, on veut pousser Sidney Crosby vers la sortie.
Hier soir à Anaheim, dans la défaite de 4 à 3 des Penguins contre les Ducks, Sidney Crosby n’a joué que 17:11, un temps de glace étonnamment bas pour un capitaine de son calibre.
Oui, il a récolté deux passes. Oui, il a encore été le moteur offensif le plus dangereux de son équipe. Mais ce qui frappe, c’est tout le reste : Rickard Rakell a joué plus que lui (17:57), Brian Rust a dépassé les 20 minutes (20:32), et plusieurs jeunes ont vu leur temps de glace grimper pendant que le numéro 87 attendait, patiemment, sur le banc.
Ce n’est pas un hasard. C’est un message. Et tout Pittsburgh le comprend.
Kyle Dubas, président et directeur général des Penguins, poursuit son plan : préparer la sortie de Sidney Crosby. Lentement, stratégiquement, sans scandale apparent, mais avec une froideur qui choque.
Si Rakell et Rust ont joué davantage que Crosby, c'est parce les Penguins les placent dans la vitrine sur le marché des transactions. Pour Crosby, tout le monde sait qu'il s'en va... à Montréal...
Alors pas besoin de le placer en vitrine.
L’embauche de Dan Muse, entraîneur novice sans expérience dans la LNH, n’était pas un accident de parcours. C’était une décision calculée, un changement d’ère.
Et hier soir, sur le banc, les caméras ont capté l’essentiel : un Crosby visiblement frustré, secouant la tête après une séquence où il a été cloué au banc pendant plus de quatre minutes.
Les chiffres ne mentent pas. Sur les quatre matchs depuis le début de la saison, Crosby n’a dépassé les 18 minutes qu’une seule fois, un contraste frappant pour un joueur qui, pendant vingt ans, tournait en moyenne entre 20 et 22 minutes par soir. Le capitaine est en train de vivre ce qu’aucun grand joueur ne souhaite : la transition forcée.
Les Penguins avaient pourtant commencé la saison en force, deux victoires éclatantes, un sentiment de renouveau. Mais depuis deux matchs, la réalité a repris ses droits. Deux défaites consécutives, un jeu défensif décousu, et surtout une hiérarchie qui ne veut plus dire grand-chose.
Benjamin Kindel, 18 ans, repêché au 11e rang, a encore joué plus de 14 minutes, utilisé dans des moments clés. Le coach Dan Muse a distribué le temps de jeu comme dans un club en reconstruction. Et c’est exactement ce que Dubas veut : une reconstruction totale.
À Pittsburgh, le message est le même : personne n’est intouchable, pas même le visage de la franchise.
Le plus inquiétant pour les partisans, c’est que Crosby, malgré sa production (1 but, 3 passes en 4 matchs), n’est plus traité comme le centre du projet, mais comme un pion de transition. Et lui le sent. Il ne le dira pas publiquement, ce n’est pas son style, mais ses expressions sur le banc, sa nervosité croissante après chaque changement manqué, en disent long.
Les insiders à Pittsburgh murmurent que le lien entre Dubas et Crosby est désormais purement professionnel. Froid, distant. Dubas voit dans Crosby une opportunité de reconstruction.
Il veut capitaliser sur sa valeur. Et ce n’est pas un hasard si, dans les coulisses, les noms de Brian Rust et Rickard Rakell circulent eux aussi sur le marché.
Dubas veut nettoyer le vestiaire de l’ère Rutherford. Il veut recommencer à zéro, bâtir autour de jeunes comme Kindel, Koivunen, Brunicke et Silovs.
Et c’est là que tout prend sens. La réduction du temps de glace de Crosby n’est pas un oubli. C’est une stratégie. On veut l’amener, subtilement, à lever lui-même sa clause de non-mouvement. On veut qu’il soit celui qui dira : « c’est assez. »
Hier, à Anheim, ce moment semblait proche. Après une longue séquence sans être envoyé sur la glace, Crosby a échangé un regard dur avec Muse, puis un autre vers la galerie, là où Dubas observait calmement. Le capitaine semblait à bout.
Pendant ce temps, Evgeni Malkin, lui, continue à produire (6 passes en 4 matchs), mais son nom circule déjà en Floride.
Les Panthers, à la recherche d’un vétéran centre pour aider suite à la blessure de Barkov, ont contacté Dubas. Brian Rust intéresse plusieurs équipes, dont les Devils. Rakell, à 31 ans, pourrait être échangé avant Noël. Tout indique que Dubas veut transformer ce noyau historique en choix et en espoirs avant la date limite.
Seul Kris Letang est indésirable sur le marché des transactions.
Et dans ce chaos organisé, un seul scénario semble logique : Sidney Crosby à Montréal.
Ce n’est pas de la nostalgie, c’est de la logique sportive. À Montréal, l’excitation est à son comble. L’équipe a une fiche de 3-1, Lane Hutson brille, Demidov électrise la foule, Cole Caufield et Ivan Demidov sont en feu, et le Centre Bell n’a jamais été aussi vibrant.
L’hommage à Ken Dryden hier soir a rappelé ce qu’était le hockey à Montréal : de l’émotion, de la grandeur, du symbole. Et dans ce décor, l’idée de voir Crosby porter enfin le chandail de son enfance devient irrésistible.
Kent Hughes ne se précipitera pas. Il sait que le moment approche. Dubas veut échanger. Crosby veut jouer pour gagner. Et Montréal a les munitions.
On parle déjà d’un package incluant Jaden Struble, Owen Beck et Joshua Roy, des joueurs que Pittsburgh suit depuis plusieurs mois. On mentionne même Kirby Dach, qui, malgré un bon début de saison, pourrait être offert pour accélérer une transaction historique, sans oublier les choix 2026 et/ou 2027 qui sont négociés.
Mais Michael Hage et David Reinbacher ne bougeront pas. Hughes a été clair : ces deux espoirs sont intouchables.
À Montréal, on prépare le terrain. L’espace salarial sera là dès février. Le momentum médiatique aussi. Et surtout, l’alignement est mûr pour accueillir une légende. Crosby pourrait devenir le mentor parfait pour Suzuki, l'lelectrochoc pour Demidov, le chaînon manquant d’un vestiaire jeune qui cherche la dernière pièce pour la Coupe Stanley.
Et à Pittsburgh, chaque décision renforce cette impression : Dubas ne veut plus de Crosby, il veut l’échanger avant que la franchise ne tombe. L’objectif est clair : accumuler des choix de première ronde, viser Gavin McKenna en 2026, puis le repêchage de 2027, où Pittsburgh veut frapper fort.
En une semaine, tout a basculé. De deux victoires convaincantes à deux défaites inquiétantes, de l’espoir au malaise. Et au milieu, Crosby, réduit à 17 minutes 11 secondes, le regard perdu sur le banc, comprend que l’histoire est en train de s’écrire sans lui.
À Montréal, on le sait : ce genre de tension finit toujours de la même manière. La franchise veut un nouveau départ. Le joueur veut encore gagner. Et les deux chemins finissent par se séparer.
Ce n’est plus une question de rumeur. C’est une question de temps. Sidney Crosby va partir. Et quand il le fera, tout indique que ce sera vers l’endroit où tout a commencé dans son cœur : Montréal.