Ce n’était qu’une question de temps. Depuis deux semaines, les Penguins de Pittsburgh vivaient au-dessus de leurs moyens, gonflés par des statistiques trompeuses, des victoires arrachées de justesse et un trio de vétérans qui tenait la machine à bout de bras.
Lundi soir à Toronto, le retour à la réalité a été brutal : une avance de 3-0 dilapidée en une seule période, quatre buts encaissés coup sur coup en 3e, un Sidney Crosby à bout de souffle, et un vestiaire... choqué...
La défaite de 4-3 contre les Maple Leafs n’est pas qu’un revers : c’est un signal d’alarme pour toute l’organisation. La magie s’évapore, et la Ligue nationale entière le voit : les Penguins approchent de leur point de rupture.
Tout semblait sous contrôle. Pittsburgh menait 3-0 après quarante minutes, dominait 25-8 au chapitre des tirs, et Sidney Crosby, encore une fois, portait l’équipe sur son dos.
Il avait préparé le but d’Erik Karlsson, puis orchestré le troisième filet. celui du jeune Ben Kindel, 18 ans, repêché 11e au total il y a quelques mois, en supériorité numérique, même s'il n'a pas obtenu de passe sur le jeu.
Mais en troisième période, tout s’est effondré. En un peu plus de trois minutes, les Leafs ont marqué trois fois : Matthews, Nylander, Nylander encore. Puis, à 13 :43, Bobby McMann, un joueur qui n’avait pas récolté de point depuis huit matchs, a complété le désastre en battant Tristan Jarry sur un retour.
Et c'est Crosby, qui pompait de plus en plus l'huile.... qui a perdu son homme...
Le Scotiabank Arena explosait. Crosby, lui, restait immobile au centre de la glace, les bras tombants. Le capitaine venait de perdre sa couverture sur le but de Matthews ; il venait d’être pris à contre-pied sur celui de Nylander ; et il venait de terminer sa soirée à moins 2, épuisé, vidant son réservoir sur chaque présence.
Il a joué 23 minutes 54 secondes, son plus haut total de la saison. Et pourtant, plus aucun deuxième effort en 3e. Il était au bout du rouleaul
Les observateurs de Pittsburgh l’ont remarqué : Crosby n’a pas ralenti dans ses lectures, mais son corps commence à le trahir dans les replis défensifs. Ses accélérations sont plus rares, sa relance moins explosive.
Même Dan Muse, l’entraîneur-chef des Penguins, l’a reconnu à demi-mot :
« On a bien joué pendant quarante minutes, mais il faut un match complet. Quand Toronto a pris le momentum, on n’a pas su l’arrêter. »
La vérité est là : les Penguins n’ont plus l’énergie d’une équipe de série. Erik Karlsson, 35 ans, vient tout juste de marquer son premier but de la saison ; Kris Letang, usé à la corde, n’arrive plus à suivre les attaquants rapides à 38 ans; Evgeni Malkin, 39 ans, malgré un début de saison inspiré, montre déjà les signes d’un ralentissement inévitable.
Les médias de Pittsburgh ne se bercent plus d’illusions : cette équipe ne tiendra pas 82 matchs.
Ce revers à Toronto est le deuxième de suite après la débâcle de 5-2 à Winnipeg. Deux matchs, neuf buts encaissés, et une structure qui se brisse en mille morceaué
L’avance gonflée du début de saison s’évapore : 8-4-2, et déjà la métropole de l’acier retombe dans ses vieux débats. Faut-il échanger un des vétérans pendant qu’ils ont encore de la valeur ? Faut-il accepter la réalité d’une reconstruction ?
Et Dubas le sait : s’il veut sauver le futur, il doit rajeunir sa défense.
C’est le nouveau mot d’ordre à Pittsburgh. Tous les analystes locaux le répètent : il faut un défenseur droitier jeune, moderne, fiable défensivemeent, capable de jouer 20 minutes par soir.
Letang est au bord de la retraite. Karlsson, malgré son talent, vieillit à vue d’œil. Et à part le jeune Harrison Brunicke, repêché 44e au total en 2024, il n’y a rien.
Renaud Lavoie l’a résumé avec clarté :
« Si Crosby finit par quitter Pittsburgh, David Reinbacher sera la pièce centrale du retour. »
Le Canadien, avec sa profondeur défensive et son organisation qui devient prétendante à la Coupe Stanley, possède exactement ce que Pittsburgh recherche. Et dans la logique actuelle des deux clubs, le chemin semble tracé : un échange de générations, de directions, de philosophies.
Cette série de défaites arrive au pire moment pour les Penguins, mais au meilleur pour le Canadien. Kent Hughes, lucide, savait que les performances irréalistes de Pittsburgh finiraient par s’écrouler. L’équipe ne pouvait pas continuer à gagner en se fiant à trois trentenaires sur le bors de la quarantaine.
Pendant ce temps, à Montréal, tout va dans la direction inverse. On parle même de Coupe Stanley. L’environnement idéal pour accueillir Crosby, qui rêve d’une dernière danse dans un marché passionné, entouré de jeunes qui ont faim.
Ivan Demidov l'attend.
Le portrait se dessine: d’un côté, une équipe vidée ; de l’autre, une organisation prête à exploser.
Et après la dégelée de Toronto, les lignes téléphoniques s’activent déjà. Selon plusieurs journalistes de Pittsburgh, Dubas aurait donné mandat à ses recruteurs d’évaluer tous les jeunes défenseurs disponibles dans les systèmes de la LNH.
Devinez où ils étaient ce week-end ? À Laval.
Samedi, pendant que Crosby s’essoufflait à Winnipeg, David Reinbacher signait sa première passe de la saison avec le Rocket. Les recruteurs des Penguins étaient sur place, et ils ont vu un défenseur en contrôle, calme, discipliné.
Reinbacher a le profil parfait : droitier, 20 ans, grand, intelligent, capable de jouer des deux côtés de la glace.
Et à Montréal, on sait que la valeur de Reinbacher grimpe à chaque match solide. Après sa malchance de la veille, où il s’était blâmé pour une défaite du Rocket, il a répondu avec calme et constance. Une qualité qui n’échappe à personne.
On sent déjà le vent tourner à Pittsburgh. Les partisans le disent, les journalistes le confirment : cette équipe ne peut plus rivaliser sur 82 matchs. Elle est vieille, lente et usée.
Le match de lundi est le parfait résumé : 40 minutes impeccables, puis plus rien. Aucune capacité de résistance, aucun plan B. C’est la marque des formations qui ont atteint leur date d’expiration.
Et dans ce contexte, l’hypothèse d’un échange de Crosby d’ici mars 2026 n’a jamais semblé aussi réaliste. Pas parce qu’il veut partir, mais parce qu’il n’aura plus rien à sauver.
Kent Hughes le sait : l’opportunité ne se représentera pas. Un Crosby encore productif, encore motivé qui devient la dernière pièce pour remporter la Coupe Stanley.
Et si Pittsburgh demande Reinbacher ?
Sacrifier un jeune défenseur pour ajouter un leader générationnel, qui transformerait immédiatement la dynamique du vestiaire? Au rique de perdre un espoir qui va nous hanter pendant longtemps?
Le débat est ouvert.
Ce match contre les Maple Leafs sera peut-être vu, dans quelques mois, comme le tournant de la saison. Le soir où les Penguins ont cessé d’y croire. Le soir où Crosby a compris qu’il n’était plus entouré pour gagner.
Parce que pendant que Crosby perd son homme sur Matthews, Reinbacher retrouve le sien à Laval.
Et c’est peut-être dans ce croisement des trajectoires que se cache le prochain grand chapitre de l’histoire du Canadien.
