La guerre froide entre Kyle Dubas et Sidney Crosby connaît un nouvel épisode… et cette fois, c’est Bryan Rust qui entre dans l’arène.
Alors que le père de Crosby, Troy, son agent Pat Brisson et tout son entourage pressent le capitaine des Penguins d’accepter de lever ses yeux vers Montréal, un vétéran respecté du vestiaire a décidé de lancer un message cinglant. Un message qui vise directement ceux qui, dans l’ombre, soufflent à Crosby qu’il doit fuir Pittsburgh.
Rust, 33 ans, au cœur de rumeurs de transaction depuis des mois, a été cinglant dans un entretien explosif accordé à The Athletic. Et ses propos ont la force d’une gifle.
« Pour moi, je veux juste perpétuer la culture gagnante qui a été établie depuis longtemps à Pittsburgh, a-t-il martelé au journaliste Josh Yohe. La bonne culture, la bonne attitude qui est ici, je veux la transmettre année après année pour ne pas qu’elle s’effondre. C’est important pour moi. »
Un cri du cœur, mais aussi une flèches directe envoyée aux proches de Crosby, qui poussent pour une sortie spectaculaire vers Montréal. Rust, lui, refuse tout compromis : il se voit comme un Penguin à vie, peu importe l’ampleur de la reconstruction.
Le conflit est connu. Kyle Dubas, DG des Penguins, assume une reconstruction brutale, quitte à froisser son capitaine mythique.
Sidney Crosby, loyal mais blessé par le refus de Dubas de l’envoyer disputer un match préparatoire au Centre Bell lundi soir, vit un choc existentiel.
Et dans les coulisses, son père Troy et son agent Brisson orchestrent un lobbying intense pour l’amener vers le CH.
Mais c’est précisément là que Rust sort de l’ombre. Lui aussi est dans la mire des rumeurs. Son contrat de 5,125 M$ par saison, valide jusqu’en 2028, est considéré comme une pièce attrayante à échanger. Pourtant, Rust refuse.
« Je ne veux pas parler pour les autres joueurs au sein de la chambre qui sont ici depuis longtemps, mais je tiens pour acquis qu’ils ressentent la même chose que moi », dit-il.
Une déclaration lourde de sous-entendus : Crosby aussi, selon Rust, devrait ressentir ce devoir de loyauté.
Lui, l’ancien choix de troisième ronde de 2010, transformé en double champion de la Coupe Stanley, refuse de céder aux sirènes.
« C’est l’organisation qui m’a donné ma chance il y a déjà très longtemps. Beaucoup de gens pensaient que je n’allais jamais devenir un joueur du calibre de la LNH, mais ils ont pris un risque avec moi et m’ont soutenu à travers ce processus. Je suis un joueur de la LNH à cause de ça. »
Un rappel brutal pour le père Crosby : ce n’est pas Montréal qui a bâti Rust, ce n’est pas Montréal qui a cru en lui. Et le message est clair : le respect se rend en restant fidèle à la bannière.
À 33 ans, Bryan Rust n’est pas seulement un marqueur fiable avec six saisons consécutives de 20 buts et un sommet de 31 buts et 65 points en 2024-2025, il est devenu un symbole. Un joueur qui refuse le statut de mercenaire. Un joueur qui veut transmettre l’héritage.
« Je veux personnellement continuer cette culture gagnante qui a été à Pittsburgh si longtemps. Cette bonne culture, ce bon caractère qui sont ici, je veux que ça soit transmis année après année pour que ça ne glisse pas. Pour moi, c’est important. »
Et ses coéquipiers le voient. Philip Tomasino l’a confirmé :
« Je le regarde vraiment, vraiment, probablement plus que n’importe qui d’autre dans cette chambre. Je n’en savais pas beaucoup sur lui en arrivant ici. J’ai vite compris qu’il faisait tout de la bonne façon. Joueur incroyable. Humain incroyable. J’ai été le voir pour des conseils. Il a toujours du temps pour toi. »
Rust incarne aujourd’hui ce que Crosby incarnait hier. Un mentor et un modèle. Son message aux jeunes est clair : la gloire ne se construit pas en fuyant, mais en résistant.
Or, ce discours entre directement en collision avec celui du clan Crosby. Selon plusieurs sources, Troy Crosby verrait d’un très mauvais œil la manière dont Dubas traite son fils.
Il estime que le capitaine mérite davantage de respect. Et il rêve de le voir finir sa carrière à Montréal, la ville qui l’a repêché en 1984… à travers lui, un gardien obscur choisi au 240e rang.
Pat Brisson, lui, alimente le feu.
« Je ne ferme aucune porte », a-t-il dit à Pierre LeBrun, laissant entendre qu’une transaction vers le CH est plausible. Même certains amis proches de Crosby soufflent que l’heure est venue de tourner la page.
Face à cette vague, Rust oppose une digue de loyauté. Lui qui a perdu sa clause de non-mouvement le 1er juillet ne cède pas à la panique.
« Cette organisation a toujours bien agi envers moi, toujours bien traité. Je veux seulement leur rendre la pareille. »
Difficile de faire plus clair : à ses yeux, être loyal à Pittsburgh vaut plus que de courir après un dernier championnat ailleurs. Un message qu’il adresse, sans le dire, à Troy Crosby : vouloir absolument faire les séries ailleurs, c’est trahir une famille qui t’a tout donné.
Rust le sait : la fracture est réelle. Dubas a imposé ses conditions. Pas question de céder Crosby à rabais. S’il bouge, ce sera contre un "package deal" incluant Michael Hage ou deux premiers choix (2026-2027). Et Crosby, de son côté, répète qu’il veut gagner… mais à Pittsburgh.
Rust, en affirmant publiquement qu’il veut mourir Penguin, cherche à rappeler au capitaine que l’héritage est plus grand que les frustrations passagères.
« Je sais que les dernières années n’ont pas été bonnes. Mais j’ai encore foi en ce groupe. Beaucoup vont me traiter de stupide pour dire ça. Mais je m’en fous. Dans ce métier, tu dois avoir ce genre de croyance. »
Puis il ajoute, en parlant de Crosby :
« Quand tu as des gars comme ça, tu as toujours une chance. Ces gars-là peuvent te porter sur leur dos, t’aller chercher des points supplémentaires. Je sais qu’il y a des gars dans cette chambre qui ont beaucoup à prouver. »
Autrement dit : si Crosby reste, l’équipe peut surprendre. Mais encore faut-il que Crosby croie davantage en ses coéquipiers qu’aux murmures de son père et de son agent.
Rust, Crosby, Malkin, Letang : voilà les quatre survivants de l’ère des Coupes. Malkin pourrait prendre sa retraite après cette saison. Letang et Crosby approchent de la fin. Rust, cinq ans plus jeune, pourrait bien être le dernier debout.
Et il ne s’en cache pas.
« On a un héritage gagnant ici. Tu es censé montrer aux gars comment gagner. Il y a une ligne très fine dans cette ligue entre les gars qui réussissent et jouent constamment dans la LNH, et ceux qui passent un café mais sont minés par l’inconstance. J’aime la longévité. Et si je peux aider les jeunes à apprécier cet état d’esprit, ce serait génial. »
Puis, dans un sourire, il lance : « Je ne sais pas. Sid pourrait jouer jusqu’à 50 ans. Peut-être que moi aussi je jouerai ici jusqu’à 50 ans. Ce serait bien. »
Un clin d’œil humoristique, mais derrière lequel se cache une vérité : Rust rêve d’être le dernier héritier.
Ce duel d’influences prend des allures de tragédie. D’un côté, Rust, le loyaliste, qui clame que rester fidèle vaut tout l’or du monde.
De l’autre, Troy Crosby, l’agent Brisson et une armée d’amis qui voient Montréal comme l’ultime chapitre glorieux. Entre les deux, Sidney Crosby, écartelé entre son cœur et les pressions.
À Pittsburgh, la tension grandit. Dans le vestiaire, chaque déclaration est scrutée. À Montréal, l’excitation monte à chaque rumeur.
Mais une chose est sûre : en envoyant son message, Bryan Rust vient d’ajouter une nouvelle couche dramatique à cette saga. En se déclarant « Penguin à vie », il ne défend pas seulement sa place. Il défend une vision du hockey, un héritage, une identité.
Surtout, il envoie un avertissement : trahir Pittsburgh, c’est trahir quelque chose de plus grand que soi.
La saga Crosby à Pittsburgh a désormais un nouvel acteur clé. Bryan Rust, sans jamais nommer le père du capitaine, a tiré une flèche directe vers lui. En affirmant haut et fort que rester à Pittsburgh, malgré la tempête, est la voie honorable, il oppose sa fidélité aux ambitions de ceux qui veulent manipuler le destin de Crosby.
Et si, au bout du compte, ce n’était pas Kyle Dubas ni Troy Crosby qui scellaient le sort du numéro 87, mais bien un coéquipier loyal qui, à force de convictions, lui rappelait ce qu’il a toujours été : un Penguin pour la vie.