Il n’y a pas de doute possible : la saison de Patrick Roy s’est terminée samedi après-midi avec la même brutalité qu’un arrêt de bus dans un mur de briques.
Sur la glace du Wells Fargo Center à Philadelphie, les Islanders de New York ont vu leur dernier souffle s’éteindre dans une remontée aussi douloureuse qu’inévitable.
Les Flyers ont nivelé la marque en troisième période avant de remporter le match en tirs de barrage, scellant le sort des hommes de Patrick Roy avec une précision chirurgicale.
Ce n’est pas la fin de Patrick Roy avec les Islanders, entendons-nous. Il est encore sous contrat pour deux saisons supplémentaires.
Mais c’est clairement la fin d’une illusion.
L’illusion que cette équipe pouvait espérer une fin de saison en crescendo.
L’illusion qu’un vent nouveau allait tout changer sans casser des œufs.
Et maintenant, le véritable chantier commence.
Parce que le problème n’est pas Patrick Roy. C’est tout ce qu’il y a autour de lui.
Il faut regarder cette équipe froidement, sans filtre, et se demander : où va ce club exactement?
Mathew Barzal, blessé, est le pilier offensif, mais il a déjà 27 ans.
Il entre dans les trois prochaines années qui détermineront le sommet de sa carrière.
Bo Horvat a 30 ans. Il est productif, mais sur la pente descendante.
Son contrat, lui, est à très long terme.
Anders Lee, le capitaine, a 34 ans.
Kyle Palmieri, 34 ans.
Jean-Gabriel Pageau, 32.
Anthony Duclair, 29, en fin de prime.
Pierre Engvall, 28.
Casey Cizikas, 34.
Matt Martin, 35.
Hudson Fasching, 29.
Est-ce que quelqu’un croit sincèrement que ce noyau-là va se transformer en puissance de l’Est d’ici deux saisons?
Ce serait de la science-fiction.
Dans tout ça, seuls Simon Holmstrom (23), Carl McLean (25), Maxime Tsyplakov (26) et possiblement Mark Gatcombe (25) représentent un potentiel de relève.
Mais aucun ne forme le cœur de cette équipe.
À la ligne bleue, c’est la même chanson.
Noah Dobson, à 25 ans, est un défenseur numéro un légitime.
Mais autour de lui? Romanov, peut-être. Boqvist, ok.
Mais Ryan Pulock, Adam Pelech, Scott Mayfield, Tony DeAngelo — tous dépassent les 30 ans l'année prochaine.
Leur meilleure version est probablement déjà derrière eux.
Devant le filet, Ilya Sorokin aura 30 ans l’an prochain.
Et même s’il reste élite, Varlamov a déjà 37 ans.
Et que dire du fait que Brock Nelson, pourtant un des piliers offensifs de cette équipe, a été échangé à la date limite?
Le signal était clair : le noyau est sur le point d’exploser.
Alors oui, Patrick Roy est encore en poste.
Et oui, il va entamer la prochaine saison comme entraîneur-chef des Islanders.
Mais dans quel état mental, avec quel objectif, et surtout avec quel espoir réaliste?
Lui qui carbure à l’intensité, à la victoire, au goût du moment…
Est-ce qu’il aura la patience d’attendre une reconstruction molle et sans grande ambition?
La saison qui vient de se terminer était, pour Roy, un test grandeur nature.
Et il a passé le test : il a redonné une structure, une direction, une voix à un vestiaire qui s’effritait.
Mais ce n’était pas suffisant. Et ce qui s’en vient? C’est pire.
Parce qu’on parle maintenant d’un noyau à bout de souffle, d’un effectif qui ne peut pas se rajeunir sans sacrifices majeurs.
Et ça, ce n’est pas le genre de mission que Roy recherche.
Loin de quitter les Islanders demain matin, Patrick Roy est bel et bien encore leur homme de confiance.
Mais son mandat, lui, vient d’entrer dans une zone grise.
Il sera là en septembre.
Mais est-ce qu’il sera encore là au printemps prochain? Est-ce qu’il aura envie d’endurer une autre saison comme celle-là?
Et plus important encore : est-ce que les Islanders vont lui donner de vraies munitions pour espérer quelque chose?
Parce qu’en ce moment, tout ce qu’on voit, c’est une équipe vieillissante, inerte, et condamnée à rater les séries encore et encore, à moins d’un électrochoc.
Patrick Roy mérite mieux. Et Long Island mérite des réponses.
Misère