Tristesse dans le vestiaire: Zachary Bolduc affecté par les moqueries envers Samuel Montembeault

Tristesse dans le vestiaire: Zachary Bolduc affecté par les moqueries envers Samuel Montembeault

Par David Garel le 2025-11-04

Samuel Montembeault a vécu l’un des moments les plus violents de sa jeune carrière dans la LNH. Pas à cause de ses statistiques, pourtant encore inquiétantes.

Pas à cause du score final, une défaite crève-cœur de 5 à 4 en fusillade face aux Flyers de Philadelphie. Mais bien à cause de l’humiliation publique dont il a été la cible. À domicile. Devant 21 000 spectateurs. Dans son aréna.

Après avoir accordé trois buts sur les six premiers tirs du match, Montembeault a été accueillis par des applaudissements moqueurs à chacun de ses arrêts.

Du sarcasme à l’état pur. Et c’est là que la fracture s’est ouverte, brutale : celle entre le gardien natif de Bécancour et une partie de son propre public, lassé par ses performances irrégulières.

« Ouais, je l’ai entendu », a répondu Montembeault, sobrement, lorsqu’on lui a demandé s’il avait perçu les moqueries de la foule.

« J’ai fait un arrêt de la ligne rouge. Mais bon, je comprends. Les partisans sont très passionnés ici. Ils veulent qu’on gagne. Ils veulent que tout le monde ait du succès. Je n’y ai pas trop pensé. Je voulais juste continuer à jouer. »

En entrevue, on le sentait tellement affecté:

« J’avais la tête qui tournait pas mal, a avoué Montembeault. C’est sûr que je pensais beaucoup, mais je ne pouvais rien y faire. C’était 3-0 et c’était juste de respirer, de rester dans le match. »

Ce calme en surface ne peut pas masquer la réalité plus douloureuse : Montembeault a été blessé. Profondément. Dans l’intimité du vestiaire, les joueurs le savaient.

« Quand je me suis rendu compte qu’ils applaudissaient parce qu’il avait fait un arrêt, c’est quelque chose qui n’est pas le fun d’avoir, même si ce n’est pas moi qui étais impliqué », a confié Zachary Bolduc.

« Il a démontré du caractère et une belle force mentale. Il nous a bien aidés tout au long du match. »

On sentait que Bolduc était très ému en parlant, comme s'il était affecté au plus profond de son coeur:

Et c’est vrai. Après ce départ chaotique, le gardien a su se ressaisir.

« C’est probablement le mieux que je me suis senti techniquement depuis le début de l’année », a-t-il déclaré. « J’ai donné trois buts sur les six premiers tirs, mais après ça, j’ai eu beaucoup de lancers et j’ai pu rester dans le match. C’est bon d’avoir eu cette charge de travail là. »

Cette capacité à réagir n’est pas passée inaperçue aux yeux de son entraîneur.

« Ce n’est pas un match facile à gérer pour un groupe quand ça commence comme ça », a dit Martin St-Louis.

« Le premier tir qu’il voit, c’est une déviation dans l’enclave. On ne fait pas notre travail devant lui. Mais il a rebondi. C’est peut-être le genre de match dont il avait besoin. »

« Le plus facile pour moi aurait été de le retirer du match. Mais je me disais de le laisser, pour voir si nous allions nous replacer durant la période et de peut-être prendre une décision entre les périodes ».

Montembeault est finalement resté pour terminer le match de façon dominante et permettre à son équipe de revenir dans le match. La foule s’est même mise à scander « Monty ! Monty ! Monty ! » par moments. 

« Ce sont les hauts et les bas du marché, a dit St-Louis. Nous devons accepter les bas pour vivre les hauts. Quand j’entends ça (les applaudissements moqueurs), comme entraîneur, je ressens de l’empathie. Vous espérez que (Montembeault) est capable de faire confiance à sa préparation, de rester dans sa bulle. Mais ce n’est pas facile. »

Et Montembeault, de son côté, a reconnu l’importance de l’appui de son coach.

« Martin m’a permis de rester dans le match. Je n’avais plus rien à perdre à 3-0. Je voulais juste jouer. Je pense que ça a bien tourné après », a-t-il confié. Une manière de dire que, malgré tout, il tenait à continuer, à s’accrocher.

Mais le plus puissant, c’est le regard lucide qu’il a porté sur sa soirée.

« Je pense que demain, je vais pouvoir me dire que c’est une épreuve qui m’a fait grandir. Ce n’est pas facile mentalement, mais j’ai pu rester dans le match, et ça s’est bien passé ensuite. C’est positif ».

Du côté de Martin St-Louis, l’empathie et l'émotion se faisaient sentir dans la voix su coach

. « Des fois, faut que tu prennes le bas parce que les hauts sont un peu trop hauts aussi. Quand j’entends ça, c’est sûr que j’ai de l’empathie pour un joueur. J’espère qu’il est capable de rester dans sa bulle », a-t-il déclaré en référence aux moqueries.

« Ce n’est pas facile, mais il n’y a rien de facile », a ajouté St-Louis. Il aurait pu retirer Montembeault après le troisième but. Il ne l’a pas fait. Et selon lui, c’était la bonne décision :

« J’ai regardé si ça bougeait au banc, mais quand j’ai vu que non, j’ai juste remis mon masque et j’ai continué », a raconté Montembeault.

Ce qui s’est produit au Centre Bell n’est pas banal. Le public montréalais a longtemps été reconnu pour son exigence, mais aussi pour sa loyauté... et sa dureté...

Ce lundi soir, la ligne a été franchie. On a hué un gardien au sol. On a ri de lui. Puis on l’a acclamé plus tard, comme si rien ne s’était passé. Montembeault a pris ça avec philosophie, mais le mal était fait. Et tous ceux qui l’entouraient le savaient.

« C’est incroyable », a répété Bolduc. « Il a démontré du caractère. Ce n’est pas évident de faire face à ça. Il nous a gardé dans le match. Il a été très fort. »

Il faut le dire clairement : il n’y a rien de glorieux dans ce qui s’est passé lundi soir. Ce n’est pas ça, Montréal. Pas ce hockey-là. Pas ce public-là.

Montembeault n’est pas exempt de critiques. Son taux d’arrêt demeure insuffisant, ses départs restent inconstants, et la pression de la jeunesse (Fowler, Dobeš) est bien réelle. Mais rien ne justifie une telle humiliation publique.