Lorsque Samuel Montembeault a signé son contrat de trois ans à 3,15 M$ par saison avec le Canadien de Montréal, plusieurs voyaient ce pacte comme une marque de confiance.
Une forme de récompense pour un gardien québécois qui, sans être spectaculaire, avait tenu le fort dans des conditions difficiles.
Mais la réalité de 2025 frappe fort : à mi-chemin de ce contrat, Montembeault n’est plus un gardien d’avenir. Il est devenu, lentement mais sûrement, un gardien de transition.
Pire : il ne fait déjà plus partie de la discussion à long terme. Le bassin d'espoirs du CH est surchargé de jeunes gardiens affamés, talentueux et déjà dominants dans leurs ligues respectives.
C’est un beau cauchemar logistique pour les dirigeants... mais surtout une claque émotionnelle pour Montembeault et sa famille. Car au rythme où vont les choses, il ne finira même pas son contrat à Montréal.
Le cauchemar commence, sans surprise, avec Jacob Fowler. Le jeune Américain de 20 ans avait volé tous les projecteurs au camp, mais depuis son arrivée à Laval, il a tout simplement brûlé toutes les lumières.
Avec deux blanchissages et un taux d’efficacité de ,953 lors de ses trois derniers départs, Fowler domine tous les autres gardiens de première année de la Ligue américaine.
Seul faux pas : une soirée cauchemardesque à Belleville (6 buts sur 24 tirs) dans un contexte où la défensive du Rocket était décimée. Depuis? Il est pratiquement impénétrable.
Il devance désormais Kaapo Kahkonen dans la hiérarchie du Rocket, et il commence sérieusement à grignoter l’avance de Montembeault à Montréal.
Contrairement à Samuel, Fowler est calme, méthodique, et incarne déjà le prochain Carey Price dans la tête de bien des partisans. Avec sa maturité technique et émotionnelle, il est prêt plus tôt que prévu. Et surtout : il coûte moins cher.
La seule chose qui sauve Montembeault pour l’instant, c’est la décision d’Evgeni Volokhin de rester en Russie. Repêché en cinquième ronde en 2023, ce grand portier de 6’3” domine actuellement la VHL (ligue mineure russe) avec une fiche de 8-4-2, une moyenne de 1,77 et un taux d’efficacité de ,935.
Il a même obtenu deux départs dans la KHL avec le Spartak de Moscou, assez pour convaincre l’organisation de lui offrir une prolongation de contrat de trois ans.
Ce sursis administratif est temporaire. Car si Volokhin débarque en Amérique du Nord à la fin de ce contrat, il se joindra immédiatement à la course pour l'un des deux postes LNH dans l’organisation.
Et dans un monde où les jeunes veulent jouer vite, rien n’empêche une sortie prématurée du contrat russe si les ponts avec le CH se renforcent. Montembeault sait que la menace est réelle.
Pendant que Volokhin brille en Russie, un autre Russe s’adapte déjà au hockey québécois. Arseni Radkov, repêché au troisième tour en 2024, est maintenant avec l’Armada de Blainville-Boisbriand.
Après un lent départ, il vient de connaître un week-end parfait avec deux victoires et seulement deux buts accordés sur 61 lancers. Il affiche un taux d’efficacité de ,902 dans la LHJMQ, bon pour le 9e rang de la ligue.
À seulement 18 ans, Radkov est immense (6’4”, 206 lb), calme et technique. Et surtout : il n’a pas peur du marché montréalais. Il a choisi de faire le saut rapidement pour s’acclimater, et sa progression est plus rapide que prévu. Les entraîneurs de l’Armada sont dithyrambiques. Le CH surveille chaque arrêt.
La situation devient encore plus anxiogène pour Montembeault quand on regarde vers le sud. Trois autres gardiens repêchés par le CH sont en feu dans la NCAA.
Quentin Miller, qui avait dû s’exiler de la LHJMQ vers la BCHL l’an dernier, brille maintenant avec l’Université de Denver. Sa fiche? Six départs, une moyenne de 1,48, un taux de ,930.
Il vient de signer un blanchissage. À 19 ans, il est en voie de voler le poste de partant au sein d’un des programmes les plus puissants des États-Unis.
Le Québécois Alexis Cournoyer, lui, vient de signer sa première victoire universitaire en arrêtant 33 des 34 tirs pour l'université Cornel face à UMass. Solide techniquement, explosif, il a rapidement gagné la confiance de ses entraîneurs.
Et que dire d’Emmett Croteau, 6'4", qui vient d’éteindre Yale avec 22 arrêts sur 23 tirs dans une victoire de 6 à 1. Croteau n’est pas flamboyant, mais il est stable, fiable et bien encadré dans sa progression. Les recruteurs du CH considèrent qu’il a le potentiel d’un gardien auxiliaire dans la LNH dans un avenir proche.
Fowler, Volokhin, Radkov, Miller, Cournoyer, Croteau. C’est déjà six gardiens sous le regard du Canadien, tous âgés de 21 ans ou moins, tous évalués sérieusement par la direction hockey.
Il y a embouteillage, et Montembeault est stationné en plein milieu de la sortie. Il n’est plus un espoir, il n’est pas un vétéran dominant, et il n’est plus perçu comme une solution à long terme.
Même son profil québécois ne lui garantit plus un passe-droit, surtout avec des jeunes comme Fowler et Miller qui prennent de la place médiatiquement.
Ce qui rend la situation encore plus tendue pour Samuel Montembeault, c’est que le gardien de 29 ans n’a même plus de réponse à ce qui se passe.
Lorsqu’un journaliste lui a récemment demandé s’il avait discuté avec l’état-major à propos de son rôle à long terme, Montembeault n'a pas voulu répondre.
Montembeault sent-il que le club ne croit plus en lui? Dans tous les cas, la direction lui fait comprendre, sans le dire ouvertement, qu’elle prépare l’avenir sans lui.
Son contrat protège son compte en banque jusqu’en 2027, mais d’ici là, il pourrait très bien être échangé à une équipe comme la Caroline, Edmonton ou Philadelphie, en quête de profondeur.
Surtout que Sam n'a pas de clause de non-échange. Et chaque blanchissage de Fowler éloigne un peu plus l’idée d’une fin de carrière à Montréal.
Son départ est inévitable. Ce n'est pas une question de si, mais de quand.
Notre "call"? Une transaction l'été prochain...
