Il n’y avait pas de match en deux soirs. Il n’y avait pas de raison logistique. Il n’y avait aucune urgence de reposer qui que ce soit.
Et pourtant, pour le match contre les Predartors de Nashville, Martin St-Louis a choisi d’envoyer Jakub Dobeš devant le filet.
Le message est clair, même si le coach refuse de le dire à voix haute :
Samuel Montembeault a perdu son poste de gardien numéro un.
Dans la LNH, on reconnaît un vrai numéro un non pas à sa fiche, mais au moment où on l’utilise.
Et quand, aussi tôt dans la saison, un entraîneur choisit de ne pas envoyer son “partant” sans raison évidente, c’est que ce statut n’existe plus.
Ce n’est plus une rotation. C’est une réévaluation.
Les chiffres sont connus :
Montembeault a deux victoires en trois départs cette saison. Mais ces victoires ne veulent rien dire.
Il a accordé 4 buts sur 22 tirs contre Seattle, terminant la soirée avec un pourcentage d’arrêts de .818, l’un des pires de toute la ligue.
Après trois matchs, il affiche un taux d’efficacité global de .870 et une moyenne de 2.97.
En carrière? .899 et 3.21.
Ce sont des chiffres de gardien auxiliaire, pas de gardien numéro un.
Et pendant ce temps, Jakub Dobeš livre la marchandise chaque fois qu’on lui donne le filet. Il est solide, stable, et il n’échappe pas les matchs.
Il ne donne pas deux mauvais buts par soir. Il ne perd pas la rondelle du regard. Il ne s’écroule pas dans les moments clés.
Ce match n’était pas un back-to-back.
Ce n’était pas un soir où il fallait reposer les jambes ou la tête d’un gardien.
C’était un test classique pour voir qui est le vrai homme de confiance, en tout début de saison.
Et Martin St-Louis a choisi Dobeš.
Lorsque Martin St-Louis a été questionné sur la décision d’envoyer le Tchèque devant le filet à Nashville, il a d’abord pris soin de ne pas froisser personne.
Il a expliqué que le plan était établi à l’avance, qu’il voulait “donner un 2e départ à Dobeš dans les 5 premiers matchs”, que c’était important de le voir dans un vrai contexte, à la maison.
Il a mentionné que Montembeault “avait très bien fait contre Seattle” et qu’il voulait que “les deux gardiens soient impliqués”.
Mais ce qu’il n’a pas dit est encore plus révélateur. Il n’a jamais confirmé que Montembeault était toujours son numéro un. Il a évité soigneusement les mots “confiance” et “statut”.
Et quand on lui a parlé du rôle de Dobeš, il a souri en disant qu’il “méritait des matchs” et qu’il avait été solide à l’entraînement. Le poste est ouvert, et Montembeault ne l’a pas sécurisé.
St-Louis n'envoie pas Dobeš en audition.
Il l'envoie parce que c’est maintenant lui le plus fiable.
Quand un entraîneur décide d’utiliser son gardien substitut dans un match isolé, alors qu’aucune contrainte ne l’y oblige, c’est qu’il a déjà tranché dans sa tête.
Et c’est exactement ce qui vient de se passer.
Martin St-Louis ne le dira pas… mais il agit en conséquence.
Le coach du Canadien peut répéter autant qu’il veut que “tout le monde a sa chance”, que “la saison est longue”, que “la confiance est partagée”… Ce ne sont que des phrases préparées.
En coulisse, l’organisation sait très bien que Montembeault ne sera pas ici à long terme.
Il n’a pas de clause de non-échange. Son contrat (3,15 M$ jusqu’en 2027) est raisonnable.
Mais ce n’est pas un contrat de gardien numéro un.
Et c’est pour ça que son avenir se joue match par match.
Chaque fois qu’il ne garde pas les buts dans un contexte normal, il perd un peu plus son rôle.
Le pire cauchemar de Montembeault n’est pas Jacob Fowle en ce moment. C’est Jakub Dobeš.
Parce que Dobeš est là tout de suite.
Il a un contrat à un volet.
Il est performant.
Et il coûte moins cher.
Si Dobeš enchaîne les bons départs, la pression devient insoutenable pour Montembeault.
Et si, d’ici janvier, Fowler est prêt à monter, ce sera fini.
Le Canadien ne gardera pas trois gardiens dans la rotation.
L’un d’eux devra partir. Et tout le monde sait qui.
Ce qui frappe depuis deux semaines, ce n’est pas ce que Martin St-Louis dit.
C’est ce qu’il ne dit pas.
Aucune déclaration forte de confiance.
Aucun appui public solide.
Aucune confirmation qu’il est le numéro un.
Et à chaque question sur la gestion des gardiens, le coach botte en touche. Il parle de compétition. De dynamique. De charge de travail.
Mais jamais il ne dit que Montembeault est son homme.
Et dans une ligue où les entraîneurs protègent leurs vrais numéros un avec férocité, ce silence est parlant.
Le reste de la ligue n’est pas aveugle.
Edmonton cherche un gardien. La Caroline aussi. Et le nom de Montembeault revient sans cesse.
Pourquoi?
Parce que tout le monde sait qu’il est disponible.
Et parce que son contrat est facilement bougeable.
Mais aussi parce que plus il joue peu, plus sa valeur devient intéressante pour un club à la recherche d’un gardien de transition.
Kent Hughes a déjà la main sur le téléphone. Le DG du Canadien n’a jamais exclu l’idée d’échanger Montembeault.
Il ne l’a pas signé à long terme.
Il ne l’a pas protégé.
Et surtout, il sait que l’avenir s’appelle Fowler. Et que Dobeš prend du galon plus vite que prévu.
Ce qui empêche une transaction rapide, c’est la situation salariale de certaines équipes.
Les Oilers n’ont pas leur choix de première ronde en 2026.
La Caroline, elle, l’a encore. Et ce sera un choix tardif, probablement entre les rangs 26 et 32.
Et si Kent Hughes veut combler son besoin criant à la position de deuxième centre, il pourrait inclure Montembeault dans une transaction plus large.
Montembeault joue peu.
Quand il joue, il performe mal.
Et quand il ne joue pas, on ne s’explique pas pourquoi.
Mais la réponse est simple : le staff ne lui fait plus confiance.
On dit que ce n’est pas une punition. Que la décision est basée sur des détails.
Mais dans les faits, le poste de numéro un n’est plus défini par la hiérarchie, mais par la performance.
Et Montembeault n’a plus ce qu’il faut pour imposer son nom.
Ce que St-Louis dira (ou pas) ne change rien.
Même s’il tente de rester vague, les gestes de Martin St-Louis parlent plus fort que ses mots.
Il peut bien dire que la compétition est ouverte. Que les décisions sont prises au jour le jour. Que tout peut changer.
Mais tant que Montembeault ne joue pas quand il est censé jouer, il n’est plus le numéro un.
Point.
Montembeault a été laissé de côté.
Pas parce qu’il est fatigué.
Pas parce qu’on veut reposer ses jambes.
Mais parce qu’on ne lui fait plus confiance.
Même si St-Louis ne l’avoue pas.
Même si la direction reste discrète.
Même si les journalistes n’osent pas poser la vraie question.
Montembeault n’est plus le gardien numéro un du Canadien.
Et dans une organisation en pleine transition, ce genre de verdict ne se dit pas toujours.
Mais il s’exécute devant nos yeux. Sans aucune pitié...