La porte de sortie pour Samuel Montembeault: Jakub Dobeš confirme l'inévitable

La porte de sortie pour Samuel Montembeault: Jakub Dobeš confirme l'inévitable

Par David Garel le 2025-10-16

Il n’y a plus de débat. Et surtout, il n’y a plus d’ambiguïté. En livrant une performance dominante contre les Predators de Nashville, dans un match serré où chaque arrêt comptait, Jakub Dobeš a envoyé un message clair à toute l’organisation du Canadien de Montréal : le poste de gardien numéro un est désormais le sien.

Peu importe ce qu’en dit Martin St-Louis en conférence de presse, peu importe les phrases diplomatiques sur la rotation et la gestion d’effectifs, ce sont les gestes qui comptent dans cette ligue.

Et contre une équipe robuste, dans un contexte sans match en deux soirs, le CH a choisi de confier le filet au jeune gardien tchèque, alors même que Samuel Montembeault était disponible, frais et dispos. Ce simple fait, à ce moment précis de la saison, en dit long. Très long.

Jakub Dobeš n’a pas simplement été bon. Il a été excellent lorsque ça comptait. En fin de troisième période, alors que les Predators poussaient, il a multiplié les arrêts décisifs, contrôlant ses retours, lisant parfaitement les jeux transversaux, et affichant un calme glacial qui tranchait avec la fébrilité défensive de ses coéquipiers.

Et en prolongation, il a été parfait. Il a fermé la porte, protégé le point au classement, puis offert la chance à son équipe d’aller chercher la victoire. Ce qu’ils ont fait. Et ce qu’on retiendra.

Il s’agit déjà de sa deuxième victoire cette saison en autant de départs, avec une moyenne de buts alloués de 1,46 et un pourcentage d’efficacité de .940.

Ce sont des statistiques de gardien élite, ni plus ni moins, surtout dans le contexte d’un échantillon limité où chaque performance est scrutée à la loupe.

Et pendant que Dobeš s’impose, Montembeault, lui, s’efface. Oui, il a deux victoires en trois matchs. Mais ces chiffres bruts masquent une réalité brutale. Lors de son dernier départ contre Seattle, il a accordé quatre buts sur vingt-deux tirs. Un pourcentage d’arrêts honteux de .818. Et quand on regarde sa saison dans son ensemble, on constate une moyenne de 2,97 et un pourcentage global de .870.

Pas besoin d’être statisticien pour comprendre que ce n’est pas viable à long terme dans un rôle de partant. D’autant plus que sa moyenne en carrière dépasse déjà les trois buts alloués par match, et que son efficacité stagne sous la barre du .900 depuis ses débuts.

Il faut le dire clairement : Jakub Dobeš n’a pas volé le filet. Il l’a mérité. Il est allé le chercher avec des performances matures, solides, propres. Il a fait exactement ce qu’un jeune doit faire lorsqu’on lui donne une opportunité. Il ne l’a pas gaspillée.

Il a maximisé chaque minute de jeu. Et surtout, il a démontré que la pression ne l’affectait pas, même dans des contextes tendus, à l’étranger, avec un alignement en progression devant lui.

Et pendant ce temps, Martin St-Louis continue d’utiliser un discours d’apparence équilibrée, où tous les gardiens “font partie de l’équation”, où chaque départ est “attribué en fonction du moment”, où l’on veut “impliquer tout le monde”.

Mais la réalité, elle, est bien plus froide. Ce n’est pas Montembeault qu’on a choisi pour Nashville. Et ce n’est pas non plus Montembeault qui a volé un match cette saison. C’est Dobeš. Deux fois plutôt qu’une.

Ce qui rend la situation encore plus lourde pour Montembeault, c’est le contexte dans lequel il évolue. Il sait très bien que son contrat n’est pas un engagement à long terme de la part du Canadien.

Il est payé 3,15 millions par saison jusqu’en 2027, sans clause de non-échange. Il n’est pas protégé. Il n’est pas verrouillé comme pièce maîtresse du futur. Il est toléré. Et chaque match où il ne joue pas dans un contexte où il devrait jouer est une validation de ce qu’il redoute : il n’est plus considéré comme un vrai numéro un.

Et ça dépasse même le cadre montréalais. En perdant graduellement son poste avec le CH, Montembeault compromet aussi ses chances de participer aux Jeux olympiques avec le Canada.

Dans la hiérarchie internationale, on ne sélectionne pas un gardien qui n’est même pas le partant de son club. C’est aussi simple que ça.

La réalité est que Jakub Dobeš a plus de chances d'être une sélection surprise de la République Tchèque. Évidemment, il ne fait pas partie de la liste préliminaire, mais on ne sait jamais avec les blessures.

Karel Vejmelka et Lukáš Dostál devraient être les deux gardiens.

Vítek Vaněček pourrait être le 3e gardien, mais la réalité est que Dobeš pourrait créer la surprise.

La suite logique, c’est une transaction. Et ce n’est un secret pour personne que des clubs comme les Oilers d’Edmonton et les Hurricanes de la Caroline cherchent activement un gardien de but.

Edmonton vit une situation intenable avec Stuart Skinner et Calvin Pickard. Même les insiders locaux disent ouvertement qu’il est sur la corde raide.

Mais les Oilers n’ont pas leur choix de première ronde 2026, ce qui complique un retour potentiel pour le Canadien.

De son côté, la Caroline a encore son choix de première ronde, mais il s’agira fort probablement d’un choix entre les rangs 25 et 32, donc plus proche d’un choix de deuxième ronde sur le plan de la valeur réelle.

Il n’en demeure pas moins que Montembeault pourrait être inclus dans une transaction plus large, surtout si le Canadien continue de magasiner un deuxième centre. Avoir un 2e choix de 1ère ronde donne du capital pour une transaction.

Dans tout ça, l’émergence rapide de Jakub Dobeš précipite la chute inévitable de Montembeault. Il n’y aura pas de ménage à trois éternel dans le filet du CH. Kähkönen est là pour garder les buts à Laval. Jacob Fowler est le vrai projet de fond à moyen terme. Et Dobeš, lui, prend de l’avance à court terme. Il est à la fois le présent et le pont vers le futur.

Et pendant ce temps, Montembeault s’accroche. Il fait ce qu’il peut. Il garde les apparences. Il sourit en entrevue. Il dit les bonnes choses. Mais tout le monde voit qu’il n’est plus dans la dynamique centrale. Le club avance sans lui. La confiance se déplace. Et bientôt, une décision devra être prise.

Le match contre Nashville n’est pas un simple match de calendrier. C’est un point de rupture. Le moment où l’on a cessé de faire semblant. Le moment où le meilleur gardien a joué, même si ça ne faisait pas plaisir à tout le monde.

Et le moment où Montembeault a officiellement perdu son filet.