Samuel Montembeault a 29 ans aujourd'hui.
Un anniversaire cauchemardesque.
À 29 ans, Samuel Montembeault aurait dû célébrer aujourd’hui l’aboutissement d’un parcours atypique, un contrat sécurisé jusqu’en 2027 à 3,15 M$ par année, et une reconnaissance pleine et entière comme gardien numéro un de la plus grande équipe de l'histoire du hockey.
Au lieu de ça, il regarde le plafond, seul, sans filet, sans certitude, alors que deux jeunes monstres sont en train de l’éjecter de l’organisation à coup de statistiques, de constance et de promesses d’avenir.
Le timing est cruel, mais sans appel : Montembeault fête son anniversaire en ayant probablement disputé son dernier match en tant que numéro un du Canadien de Montréal.
Car pendant qu’il souffle ses bougies, c’est Jakub Dobeš qui brille sous les projecteurs de la LNH. Le gardien tchèque, lancé dans le feu de l’action à la suite des contre-performances de Montembeault, n’a jamais regardé derrière. Avec six victoires en autant de départs, un pourcentage d’arrêts de ,930, une moyenne de buts alloués sous les 2,00 (1,97), et une autorité tranquille dans son demi-cercle, Dobeš est tout simplement en train de voler la job.
Et bien plus que ça : selon plusieurs parieurs et analystes américains à Las Vegas, il serait déjà dans la discussion pour les trophées Calder et Vézina.
Oui, le cauchemar de Sam se rend jusqu'à la "Strip" de la ville des vices: le reflet parfait de la nouvelle hiérarchie devant le filet à Montréal.
Dobeš ne s’impose pas juste comme une alternative à court terme. Il s’impose comme la solution long terme. Et ce que ça implique, c’est que Samuel Montembeault, en ce 30 octobre, est devenu un surplus.
Le verdict ne repose pas uniquement sur la bonne forme de Dobeš. Ce qui rend le scénario encore plus brutal, c’est qu’un autre jeune gardien, Jacob Fowler, 20 ans, enchaîne les performances dominantes à Laval.
Fowler a récidivé mercredi contre les Phantoms de Lehigh Valley avec une performance parfaite de 17 arrêts. Une autre victoire de 3 à 0, son deuxième blanchissage de la saison et une autre démonstration de calme, de technique, de maturité.
Et surtout, un autre clou dans le cercueil de Montembeault. Car ce qui se dessine, c’est une transition inévitable : Dobeš-Fowler, le monstre à deux têtes, l’avenir du CH devant le filet, avec Montembeault pris entre les deux, coincé dans le passé.
Ce n’est pas que Montembeault est devenu un mauvais gardien du jour au lendemain. C’est que le Canadien, lui, a évolué. Il a changé de cycle. Il a accéléré sa transformation. Et il ne peut plus se permettre de traîner un gardien numéro deux payé 3,15 millions de dollars par saison, sous contrat jusqu’en 2027, qui n’a pas les chiffres ni la constance pour assumer le poste.
Avec une moyenne de buts alloués frôlant de 3,82, et un pourcentage d’arrêts historiquement honteux de 842, Montembeault est au fond du trou.
Pire encore, en carrière, il a une moyenne de buts alloués de 3,22 et un pourcentage d'effiacité de 898 en carrière, Montembeault n’a jamais vraiment convaincu. Il a été bon par séquence, notamment la saison dernière, mais jamais au point d’imposer le respect à travers la ligue. Et maintenant que le bassin de gardiens du CH déborde, sa présence devient encombrante.
D’autant plus que le marché commence à bouger. Plusieurs équipes de la LNH cherchent un gardien. Les Hurricanes de la Caroline sont les plus agressifs.
Edmonton, qui ne va aller nulle part avec Stuart Skinner et Calvin Pickard, explore aussi toutes les avenues. Enfin, les Flyers de Philadelphie veulent Montembeault depuis des lunes et Daniel Brière ne lâche pas le morceau.
Il faut que Kent Hughes agisse rapidement.
Car le temps ne joue plus en faveur de Montembeault. Plus Dobeš joue, plus sa valeur s’effondre sur le marché des transaction.
Plus Fowler enchaîne dans la AHL, plus l’organisation montre qu’elle est prête à tourner la page. Hughes, pour l’instant, reste discret.
Mais si le CH veut éviter une controverse médiatique prolongée avec les journalistes francophones pro-Montembeault, il devra offrir une porte de sortie à son gardien québécois.
Non pas pour lui faire plaisir. Mais pour maximiser ce qu’il reste de sa valeur avant que le reste de la LNH comprenne qu’il est devenu indésirab;e.
Il y a quelques mois, Montembeault était vu comme l’espoir local du filet. Le gardien québécois qui avait résisté à l’adversité, sauvé la mise pendant la reconstruction, et méritait sa chance. Il avait même été choisi pour représenter le Canada au Tournoi des 4 nations (en tant que 3e gardien).
Mais au sein du CH, les décideurs ont changé d’idée. Martin St-Louis, malgré ses discours protecteurs, ne l’a jamais considéré comme intouchable. Il l’a même exposé à la critique en lui donnant le filet lors des matchs difficiles, avant de le retirer du portrait dès que Dobeš a montré des signes de solidité.
Le problème, pour Montembeault, n’est pas seulement Dobeš ou Fowler. C’est le timing. Il aura bientôt 30 ans. Et dans la réalité cruelle de la LNH moderne, un gardien de 30 ans avec des chiffres moyens n’a plus la cote.
Encore moins dans un marché comme Montréal, qui rêve déjà à un tandem jeune, pas cher, et spectaculaire pour accompagner la reconstruction offensive du club. Demidov, Hutson, Slafkovský, Caufield, Suzuki… Le CH veut un gardien qui grandit avec eux. Pas un vétéran qui "choke".
Dans un monde idéal, Montembeault aurait pu s’accrocher. Mais il aurait fallu livrer la marchandise dès le début. Il aurait fallu voler des matchs. Il aurait fallu afficher un calme que Dobeš, lui, a démontré immédiatement.
À défaut d’avoir livré ces performances, Montembeault se retrouve aujourd’hui avec une seule option : espérer que Kent Hughes trouve preneur. Il y a quelques mois encore, le CH aurait probablement demandé un choix de premier tour pour ses services. Aujourd’hui, il pourrait s’en tirer avec un deuxième ou un troisième, ou un jeune espoir marginal.
C’est là tout le paradoxe : à 29 ans, Montembeault entre dans ses meilleures années sur papier, mais il est déjà perçu comme dépassé à Montréal.
Et pendant que la Caroline, Edmonton et Philadelphie magasinent un gardien, Montembeault voit passer les trains. S’il n’est pas échangé bientôt, il risque de passer le reste de la saison sur le banc.
Et s'il n'était pas Québécois, on l'aurait envoyé à Laval et rappelé Fowler dès cette saison.
Alors en ce 30 octobre, pendant que les partisans du CH célèbrent la montée en puissance du monstre Dobeš-Fowler, Samuel Montembeault, lui, vit un anniversaire amer, le plus lourd de sa carrière.
Lourd de regrets. Lourd d’injustice. Lourd, surtout, de la certitude qu’à Montréal, l’histoire est terminée.
