La décision de Martin St-Louis d’envoyer Samuel Montembeault devant le filet contre les Flyers de Philadelphie ce soir laisse une impression étrange, presque inconfortable.
Sur papier, l’idée semble logique : accorder un départ plus « facile » à un gardien en quête de confiance, face à une équipe à la portée du Canadien, tout en réservant Jakub Dobeš pour le test sérieux contre les Devils au New Jersey jeudi.
Mais à y regarder de plus près, on se rend compte que ce plan est bien plus révélateur des insécurités profondes qui rongent Montembeault depuis le début de la saison.
On le sait, le timing des départs chez les gardiens en dit souvent plus long que mille mots.
On ne veut pas envoyer Samuel Montembeault pour affronter les puissants Devils. Non. On lui offre plutôt cadeau de la semaine : les Flyers de Philadelphie. Une opposition tellement prenable.
C’est l’adversaire idéal pour se « refaire une santé ». Mais c’est justement là que réside le problème. Car envoyer Montembeault uniquement dans ce genre de match, c’est lui dire à demi-mot qu’il n’a plus la confiance de l’organisation pour les grands moments.
Et les fans le savent. Ce soir, les blagues vont fuser sur les réseaux sociaux. D’autres ironisent déjà sur le lien entre sa nouvelle poutine signée McDo et la mollesse de ses performances récentes.
Dans les commentaires, on anticipe le moment où il laissera passer un but faible et qu’on écrira :
« Monty aurait dû rester à la friteuse. » ou « Sam mange trop de poutine. »
Ou... Il faut aller chez Rona pour réparer le mur troué de Sam...
Blague à part, Montembeault joue ce soir pour survivre. Pas pour dominer.
La déclaration de Martin St-Louis après l’entraînement matinal a laissé perplexes plusieurs journalistes présents sur place.
« Nous avons seulement besoin que la position soit solide », a-t-il dit, comme s’il fallait encore sécuriser la cage alors que Jakub Dobeš vient littéralement d’être nommé troisième étoile du mois dans la LNH, avec une fiche parfaite en six matchs, dont trois victoires sur la route.
Dire que la position de gardien n’est pas encore solidifiée frôle l’absurde, et trahit plutôt la volonté évidente de Martin St-Louis de forcer le retour de Montembeault dans le rôle de numéro un, malgré les performances supérieures de Dobeš.
En répétant qu’il veut voir Montembeault « prendre son rythme », le coach montre qu’il se ferme volontairement les yeux sur les statistiques catastrophiques du gardien québécois (3,66 / .839), et sur le fait qu’il a été chanceux de sortir avec une victoire contre Ottawa.
La confusion était évidente dans la salle de presse à la suite de cette décision. L’explication de St-Louis n’a convaincu personne. Il tente de redorer la confiance d’un joueur en chute libre, en l’exposant dans un match-piège contre une équipe plus faible, pendant que tout le monde s’attend à des blagues sur son partenariat avec McDo et sa poutine au poulet ranch.
Le problème, c’est que ce genre de calcul psychologique peut se retourner contre l’équipe. Et si Montembeault s’effondre à domicile, pendant que Dobeš attend patiemment sa chance contre une puissance de la LNH, les critiques seront impitoyables.
Le mauvais timing de cette tentative de réhabilitation pourrait marquer un tournant définitif dans la hiérarchie des gardiens.
Le plus inquiétant dans tout ça, c’est que Samuel Montembeault joue désormais avec une pression artificielle qui vient non pas de ses adversaires… mais de lui-même.
Il le dit en entrevue : il pense à ses statistiques. Il avoue à demi-mot qu’il s’inquiète de son pourcentage d’arrêts. Il regarde son tableau de bord interne en temps réel, match après match, tir après tir.
Les propos de Stéphane Waite continue de circuler.
« En huit ans avec Carey Price, il ne m’a pas parlé une fois de ses statistiques », a-t-il lancé avec une pointe de mépris.
Et de poursuivre : « Je veux rien savoir de tes stats, Sam. Gagne des games! »
Ce genre de déclaration, venant d’un ancien mentor comme Waite, résonne fort. Elle expose une vérité brutale : Montembeault n’est plus en paix entre ses deux oreilles.
La situation est d’autant plus délicate que la pression n’émane pas seulement du vestiaire ou des analystes. Elle vient aussi de la profondeur même du système du Canadien.
Dobeš, nommé troisième étoile du mois dans la LNH, est en feu. Jacob Fowler, à Laval, empile les blanchissages.
Le filet se resserre autour de Montembeault, qui est le seul gardien de l’organisation à avoir… un contrat jusqu’en 2027, sans clause de non-échange. Et ça, il le sait, surtout que Fowler est déjà NHL-ready.
Ce soir, c’est donc un test. Un test d’orgueil, de contrôle mental et d’identité. Le CH l’envoie au front non pas parce qu’il est le #1 incontesté, mais parce qu’il faut bien justifier son contrat.
Parce qu’il faut tenter de ranimer un actif dévalué sur le marché des transactions. Car ne nous trompons pas : Montembeault est désormais perçu comme un gardien de transition. Un nom sur la feuille, pas un projet à long terme.
Ce match contre les Flyers, c’est peut-être son dernier véritable examen. S’il flanche, les réseaux sociaux ne seront pas tendres.
La direction non plus. Et Dobes n’attend qu’un faux pas pour s’installer pour de bon. Un de plus, et ce ne sont pas les statistiques de Montembeault qui le sauveront. Ce soir, il ne doit pas seulement gagner. Il doit convaincre. Pas les fans. Pas les médias. Mais lui-même.
