Propos controversés de Samuel Montembeault : Stéphane Waite perd patience

Propos controversés de Samuel Montembeault : Stéphane Waite perd patience

Par Nicolas Pérusse le 2025-11-03

Même dans la victoire, Samuel Montembeault réussit à agacer ses plus grands détracteurs.

Samedi soir, il a remporté un match émotif au Centre Bell contre les Sénateurs d’Ottawa, 4 à 3 en prolongation, mais a accordé trois buts sur seulement 17 tirs. Un rendement horrible, marqué par un pourcentage d’efficacité sur la saison de .839 et une moyenne de buts alloués de 3.66, qui ne passe plus sous silence, même en cas de gain.

Et lorsque Montembeault a osé parler de ses statistiques devant les journalistes, en disant : « je me sentais bien, mais c’est sûr que c’est pas bon pour mes stats », il a réveillé la colère froide de Stéphane Waite, ex-entraîneur légendaire de Carey Price.

Sur les ondes de Cogeco, Waite a été sans pitié :

« En huit ans avec Carey Price, il ne m’a pas parlé une fois de ses statistiques », a-t-il lancé, le ton sec.

« Je veux rien savoir de tes stats, Sam. Gagne des games ! Puis concentre-toi sur les bonnes affaires, les stats vont venir. »

Ce n’est pas la première fois que Stéphane Waite met Montembeault dans l’embarras. En janvier dernier, alors que Jakub Dobeš connaissait une séquence éclatante avec le CH, Waite avait remis en doute la capacité de Montembeault à livrer la marchandise sous pression à Montréal.

Il avait même suggéré que la meilleure chose qui pouvait arriver au CH, c’était de donner une vraie chance à Dobeš. Cette fois-ci, l’occasion est trop belle.

Montembeault a beau avoir arraché une victoire grâce à un but de Newhook en prolongation, sauvé en fin de match par un filet crucial d’Ivan Demidov, ses statistiques sont parmi les pires de toute la LNH. Et selon Waite, un gardien qui pense à ses stats dans une saison comme celle-ci n’a pas le bon focus.

Ce qui agace particulièrement Waite, c’est que Montembeault a craché sur l’approche qu’il valorise chez un gardien de but.

Avec Carey Price, rappelle-t-il, la discussion n’était jamais centrée sur les chiffres. Il s’agissait d’un état d’esprit. D’une mentalité. De la capacité à élever son jeu sans se réfugier dans les excuses ou les justifications techniques.

Or, Montembeault, en invoquant ses statistiques personnelles après une performance douteuse, a précisément donné l’image d’un gardien qui cherche à protéger son égo. Et ça, pour un ancien entraîneur de gardiens au CV comme Waite (champion de la Coupe Stanley à Chicago), c’est impardonnable.

Le plus fou dans tout ça, c’est que Montembeault aurait pourtant eu toutes les raisons du monde de se contenter d’un commentaire banal sur la victoire d’équipe.

Le CH menait 2-0, a laissé filer une avance pour se retrouver en déficit de 3-2, mais a tout de même trouvé le moyen de gagner. 

La vraie histoire du match, ce n’était pas Samuel Montembeault. C’était tout ce qu’il y avait autour de lui. Mais il a malgré tout ramené le focus sur ses propres chiffres. Et c’est là qu’il a perdu Waite.

Dans le contexte où la controverse des gardiens fait rage à Montréal, ces paroles résonnent avec encore plus de lourdeur.

Dobeš pousse. Fowler brille à Laval. Et pendant que Montembeault tente de garder la face, sa propre position publique publique fragilise sa crédibilité. 

L’opinion publique n’est plus aussi indulgente. Les statistiques qu’il évoque si candidement sont sans appel : une moyenne de 3.66 et un taux d’efficacité de .839. Ce sont des chiffres qui appartiennent à un gardien en fin de parcours, pas à un espoir en pleine ascension.

En refusant d’endosser la posture du guerrier qui gagne malgré les obstacles, Montembeault a trahi une faiblesse mentale que des gens comme Stéphane Waite détectent immédiatement.

Et la phrase assassine de Waite résume tout :

« Je veux rien savoir de tes stats, Sam. »

Un message clair, brut, sec. Un rappel que le hockey à Montréal n’est pas un concours de pourcentages. C’est une question de momentum, de caractère, et de capacité à tenir le fort même quand tout semble s'effondrer.

Ce soir-là, c’est Ivan Demidov et Alex Newhook qui ont sauvé les meubles. Pas Samuel Montembeault. Et s’il continue à regarder ses propres colonnes statistiques pendant que l’organisation regarde vers Dobeš et Fowler, il risque fort de ne plus être dans l’image lorsque viendra le temps de désigner le vrai numéro un.

La vérité, c’est que tout se passe maintenant dans la tête de Samuel Montembeault. On ne parle plus d’un gardien battu techniquement, ni même d’un athlète à court de confiance. On parle d’un joueur qui vit dans la peur.

Dans sa tête, il y a Jakub Dobeš. Dans sa tête, il y a Jacob Fowler. Dans sa tête, il y a les murmures constants de ceux qui le voient déjà ailleurs, ceux qui scrutent chaque statistique comme un verdict. ou une raison de le transiger.

Le problème, c’est qu’à force d’y penser, Montembeault ne joue plus librement. Chaque tir devient une menace, chaque but encaissé un rappel brutal que ses chiffres racontent une histoire qu’il voudrait effacer.

Même dans une victoire, il ne se sent pas soulagé. Il calcule. Il compte. Il fait des mathématiques. Et c’est précisément ce qui tue un gardien.

Car dans cette ligue, quand tu commences à jouer pour sauver tes statistiques plutôt que pour gagner des matchs, tu es déjà en train de glisser. Montembeault n’est pas dans un environnement qui pardonne ce genre de fragilité mentale.

Kent Hughes regarde vers le haut, pendant que Montembeault, lui, regarde dans son rétroviseur. Il sait que son contrat le protège jusqu’en 2027, mais il sait aussi qu’il ne contient aucune clause de non-échange.

C’est une sécurité pour son compte en banque. Mais pas pour son avenir. Kent Hughes peut le déplacer quand il veut, dès qu’une équipe comme Edmonton, Philadelphie ou la Caroline frappe à la porte.

Et ça, Montembeault le sait. Il le sent. C’est ce qui ronge ses nuits, ce qui pèse sur chaque entrevue, ce qui alimente ses maladresses verbales.

Le problème de Montembeault n’est plus dans ses jambes ni dans ses gants, il est dans sa tête. Il ne combat plus ses adversaires : il combat... ses chiffres horribles...

Le gardien qu’il veut redevenir est déjà remplacé dans la tête des dirigeants, des partisans et de ses propres coéquipiers.

C’est ce gouffre invisible, mental et inévitable, qui sépare les bons gardiens de ceux qui survivent. Et Montembeault, en 2025, ne survit que parce qu’il n’a pas encore été échangé.