Décision ratée de Martin St-Louis: Samuel Blais lui fait payer

Décision ratée de Martin St-Louis: Samuel Blais lui fait payer

Par David Garel le 2025-11-18

Décidément, Martin St-Louis n'a pas de break.

Il y a des décisions de hockey qui passent sous le radar… et il y a celles qui explosent au visage de toute une organisation.

Le cas Samuel Blais appartient à la deuxième catégorie. Ce n’est pas seulement une transaction manquée, ni un ballotage mal géré : c’est une erreur humaine, stratégique et identitaire, dont le Canadien de Montréal n’a pas fini d’entendre parler.

Et le coup fatal n’est pas venu d’un journaliste, d’un partisan ou d’un observateur externe : il est venu de Craig Berube lui-même, l’entraîneur qui connaît Blais mieux que quiconque dans la Ligue nationale.

Ce qui rend l’histoire encore plus tranchante, c’est qu’elle prend racine bien avant sa réclamation par Toronto. Tout commence au camp d’entraînement du Canadien.

À Québec, dans sa région, Blais avait invité une quarantaine de proches au Centre Vidéotron. Un moment qui aurait dû être simple, humain, logique : un Québécois qui joue devant les siens, dans un match préparatoire sans conséquence sportive.

Pourtant, Martin St-Louis a décidé de l’envoyer dans les gradins. Aucune explication claire, aucune gestion humaine. Un geste froid, qui a marqué autant Blais que ceux qui l’attendaient dans les gradins.

Tout le monde dans l’amphithéâtre a vu son visage fermé, sa posture résignée, son regard fuyant. Pas besoin d’un microphone pour comprendre que quelque chose avait cassé entre lui et St-Louis.

Il avait gagné tous ses duels physiques, livré exactement le style qu’on attend d’un treizième attaquant robuste, mais rien ne semblait suffire. Et quand il a été interrogé par les médias, son ton en disait long.

« J’ai fait la job… », disait-il. Mais personne ne croyait qu’il y avait encore un réel chemin pour lui.

Cette fracture est devenue un gouffre quelques jours plus tard : St-Louis l’a soumis au ballottage, un geste glacial qui confirmait ce que tout le monde avait compris. C’était fini. Le Canadien avait tourné la page.

Quand Guillaume Lefrançois l’a rencontré au Centre Vidéotron, Blais n’avait encore subi aucun filtre. Il venait de vivre ce qui ressemblait à une humiliation: être laissé de côté devant quarante proches, après avoir acheté ses billets lui-même.

Quelques jours plus tard, Renaud Lavoie rapporte une autre version complètement différente, donnée directement par Blais, cette fois après que le Canadien l’ait soumis au ballottage et qu’il ait été réclamé par les Maple Leafs.

Subitement, Blais « n’aurait jamais acheté 40 billets ».

Subitement, il « ne savait pas s’il allait jouer ».

Subitement, tout ce qui a été dit à Québec n’aurait jamais été dit.

Le problème?

Personne ne croit à cette deuxième version. Absolument personne.

Pas les journalistes.

Pas les partisans.

Pas les joueurs.

Et surtout pas ceux qui ont vu son état ce soir-là.

Pourquoi le revirement? Parce que c’est évident : l’organisation a fait pression

Un joueur est déçu, il parle trop franchement, il expose une situation qui met l’organisation dans l’embarras.

Dans les 48 heures qui suivent, les communications de l’équipe lui parlent.

Ils « clarifient ».

Ils « recadrent ».

Ils « conseillent ».

Mais au final, tout le monde a compris que le CH tentait de faire taire Samuel Blais.

Là où le dossier a pris une dimension spectaculaire, c’est lorsque les Maple Leafs de Toronto l’ont réclamé quelques heures plus tard. Il a regardé beaucoup de matchs des gradins (seulement 7 matchs joué pour 1 but et deux passes), mais il a prouvé qu'il pouvait avoir un impact immédiat. Blais, qu’on traitait comme un surplus à Montréal, devenait soudain une pièce utile dans la formation de Craig Berube.

Et c’est là que la bombe a sauté.

Devant les journalistes, après la victoire arrachée 3-2 en prolongation, où Blais a amassé une grosse passe sur le 2e but des Leafs, Berube n’a pas seulement louangé le Québécois : il lui a envoyé des fleurs.

« Sans Samuel Blais, on ne gagne pas la Coupe Stanley en 2019. Point. »

Quand un entraîneur champion de la Coupe Stanley balance une phrase comme celle-là, ce n’est plus une opinion : c’est un verdict. Berube a rappelé le hit monstrueux sur David Backes qui a changé la finale de la Coupe Stanley:

Il a aussi rappelé l’impact physiq et le courage de son joueur. Il a expliqué que le vestiaire des Blues s’était construit sur des gars comme lui, des soldats de playoff, des joueurs qui te font gagner en avril, pas en octobre.

Disons que la passe de Blais ce soir est de toute beauté:

Ce qui a surtout frappé : la façon dont Berube a opposé, sans même le nommer, sa vision à celle de Martin St-Louis. Là où St-Louis a vu un indésirable, Berube voit un guerrier. Là où St-Louis a privilégié le contrôle, Berube parle de confiance. Là où Montréal a vu un joueur qu’on peut rayer sans remords, Toronto voit une identité.

Mais l’élément le plus accablant pour le CH est venu dans une phrase simple, livrée sans détour :

« Je me pince encore. C’est surréaliste que Montréal l’ait laissé aller. »

Il exagère. Après tout, Blais à joué 6 minutes 37 secondes dans cette victoire en prolongation contre les Blues, alors que William Nylander a marqué un but de toute beauté.

Mais il est vrai qu'on aurait pris Blais mille fois avant Joe Veleno. Et c’est là que les choses deviennent gênantes pour le Canadien.

Parce qu’à Montréal, la ligne officielle est simple : on a choisi la vitesse, le talent, la jeunesse. C’est un argument qui tient quand tout va bien. Mais quand ton équipe se fait bousculer dans les coins, quand Anderson et Slafkovsky sont les seuls à distribuer des mises en échec, quand on regrette Heineman pour sa robustesse… l’absence de Samuel Blais devient criante.

Ce n’est pas qu’il aurait changé le destin du CH à lui seul, mais ce plombier incarnait le type de joueur que tu gardes dans une équipe qui veut gagner des matchs serrés, qui veut survivre aux batailles de l’Atlantique, qui veut exister en séries.

Si Blais devient l’ailier robuste de soutien efficace pour les Leafs, on va se dire que Martin St-Louis prend les mauvaises décisions.

Ce qui rend le tout encore plus douloureux, c’est que Blais voulait être ici. Il avait refusé d’autres offres. Il croyait à son rôle. Il croyait au chandail. Il croyait au discours de St-Louis. Et il s’est fait frapper de plein fouet par une réalité sans pitié : à Montréal, sa place n’existait pas. Pas dans la tête de l’entraîneur.

Montréal a choisi Joe Veleno... et s'est trompé...