Saga José Théodore: il sort de son silence

Saga José Théodore: il sort de son silence

Par David Garel le 2025-05-16

La tempête virale déclenchée la semaine dernière sur la toile québécoise n’a laissé personne indifférent.

Dans un épisode du balado La poire et le fromage, José Théodore, ancien gardien étoile du Canadien et analyste adoré du public, avait livré une prestation décoiffante : débit accéléré, agité, voire confus… et un Louis Morissette visiblement dépassé par la tornade verbale de son beau-frère.

Résultat? Les réseaux sociaux se sont enflammés. Une avalanche de commentaires s’est abattue sur YouTube, avec une question qui revenait sans cesse, formulée tantôt sur le ton de la blague, tantôt avec sérieux : “Est-ce que José Théodore était sur une substance?”

Mais cette semaine, les deux principaux intéressés ont décidé de remettre les pendules à l’heure. En début deu second épisode du balado avec Théo, Louis Morissette et José Théodore ont pris la parole pour clarifier la situation.

C’est Louis Morissette lui-même qui ouvre le bal, dès les premières minutes, avec un ton calme, mais ferme :

“Rectification. On l’a vu dans les commentaires. Je suis même allé écrire dans les commentaires. Les gens disaient: y'est ben crinqué, il a pris de quoi, il est sur la peanut. C'est drôle parce que je l'ai regardé avec Justin (son fils), avec Véro (sa femme) et la famille, belle unanimité. Les gens ne te connaissent pas bien José. Les gens savent pas. Ils ont la version formelle. ”

Ceux qui suivent savent que Morissette avait déjà tenté d’éteindre l’incendie quelques jours plus tôt, en répondant directement sous la vidéo originale sur YouTube :

“Guys!!!! :-) Clairement vous ne connaissez pas le vrai José. Ça c’est mon beau-frère depuis 24 ans. Intense, baveux et très bon raconteur. Y’a le Théo ‘média de masse’ pis y’a le Théo dans la vraie vie. Pis y’est de même à 9 heures le matin… pas besoin de poudre! :-)))”

Mais là, il fallait le dire de vive voix. Devant la caméra. Officiellement. Pour couper court à toutes les rumeurs.

Et José, pour sa part, entre en scène avec une énergie beaucoup plus… maîtrisée :

“Vous êtes très, très chanceux ce soir… j’ai une petite grippe, j’ai mal à la gorge. Je vais peut-être moins parler. Vous êtes chanceux.”

"Je me fais dire souvent par ma mère, par ma femme, calme-toi, tu es trop intense. Mais quand je m'emporte, je m'emporte".

Le ton est posé. Le débit est ralenti. La posture est sage. Il n’est plus question de coups de volant narratifs en plein virage.

“Je vais vous donner des réponses très boring et plates”, dit-il lui-même, dans un clin d’œil à peine voilé aux critiques de la semaine précédente.

Mais ce changement de ton n’est pas dû à une quelconque culpabilité ou prise de conscience. C’est simplement une réponse intelligente à une tempête injustifiée.

Rappelons les faits : la semaine dernière, José Théodore a livré une performance électrisante, certes chaotique, mais incroyablement divertissante. Et certains ont interprété ça comme… autre chose.

Ces commentaires, parfois drôles, parfois malveillants, ont dérapé. Parce que la vérité est simple : José Théodore est juste comme ça.

Louis Morissette l’a très bien résumé lors de cette rectification publique :

“Tout le monde me fait : ‘Mais c’est qui ce gars-là?’ Je réponds : c’est Théo. C’est lui. Ceux qui ne le reconnaissent pas, c’est parce qu’ils ont seulement vu la version ‘TVA Sports’ ou ‘média de masse’. Mais dans la vraie vie? Il est intense, il est allumé, il est sans filtre. C’est ça le vrai Théo.”

Et c’est là le cœur du problème. Le public québécois, habitué à un Théo poli, bien peigné, formaté, n’a pas su comment gérer le vrai José, celui des vestiaires, des soupers de famille, des partys de Noël.

Cela dit, il y a tout de même une responsabilité à partager. Et elle revient à Louis Morissette. Le problème n’était pas José Théodore. Le problème, c’était de le mettre dans un format aussi libre, sans filet, sans structure.

Un podcast, c’est une conversation. Un échange. Or, dans l’épisode précédent, c’était Théo tout seul dans sa bulle, avec Morissette qui peinait à le suivre. Il n’y avait plus d’animateur. Il n’y avait plus de cadre. Il n’y avait plus de filtre.

“La grande erreur, c’est que la proximité entre les deux beaux-frères a écrasé les frontières. On était dans une dynamique familiale, pas dans un format public structuré.

Résultat : le public s’est retrouvé spectateur d’un moment privé, qu’il n’a pas su comment interpréter.”

Mais peu importe le format, José Théodore ne mérite pas d’être sali comme il l’a été. Ce n’est pas parce qu’un homme est passionné, intense et volubile qu’il doit être accusé à la légère de consommer quoi que ce soit. Aucune preuve. Aucune logique. Juste une avalanche de perceptions.

Et pourtant, il a répondu avec élégance. Il n’a pas crié à l’injustice. Il ne s’est pas fâché. Il est revenu la semaine suivante, calmement, avec humour et humilité.

Ce balado est devenu malgré lui le miroir de notre époque. Une époque où les gens jugent vite, trop vite. Où l’intensité est suspecte. Où l’authenticité déroute.

Mais la leçon, elle est là : Théo est comme ça. Toujours été. Il est entier, passionné, allumé. Parfois trop pour la caméra. Mais jamais mal intentionné. Jamais autre chose que lui-même.

Et si le Québec a encore du mal à encaisser ce genre de personnalité brute, c’est peut-être qu’on est rendus trop habitués à la fadeur.

Alors merci, Théo, de rester fidèle à toi-même.

Même quand ça décoiffe. Même quand ça fait jaser. Même quand ça dérape.

Parce que dans ce Québec trop souvent aseptisé, tu es encore la tempête qu’on ne savait pas qu’on attendait.