Saga Jonathan Toews: Martin St-Louis a parlé à l'attaquant

Saga Jonathan Toews: Martin St-Louis a parlé à l'attaquant

Par Marc-André Dubois le 2025-06-04

Le nom de Jonathan Toews circule de plus en plus à Montréal, Toronto, Winnipeg, Anaheim et si on est honnête, un peu partout dans la LNH.

Son retour est sur toutes les lèvres, attisé par une déclaration qui a fait l’effet d’une bombe dans le monde du hockey: son entraîneur personnel, l’Ukrainien Boris Dorozhenko, a publiquement confirmé, en entrevue à TVA Sports, que Toews est revenu dans une forme optimale.

« Son coup de patin est parfait. Il a le coup de patin d’un gars qui a gagné trois Coupes Stanley. »

C’est dit. C’est lancé. Et le timing est parfait.

Parce que le Canadien de Montréal cherche toujours ce centre fiable, régulier, solide, capable de combler le vide entre l’éclosion d’Ivan Demidov et l’arrivée tant attendue de Michael Hage. Jonathan Toews, troisième centre francophone, mentor naturel, leader silencieux : il n’en fallait pas plus pour que Montréal s’enflamme.

Ce retour était pourtant impensable il y a encore quelques mois. Jonathan Toews était considéré comme un retraité non officiel. Invisible depuis le 13 avril 2023, où il avait marqué un dernier but symbolique contre les Flyers de Philadelphie.

Mais en coulisses, l’homme vivait l’enfer. Atteint du syndrome de réponse inflammatoire chronique, combiné à des symptômes de COVID longue, Toews était incapable de s’entraîner, de performer, même parfois de se lever du lit.

Il s’est éloigné. Du hockey. De la presse. De Chicago. Il s’est exilé au Costa Rica. Là-bas, il a surfé. Souffert. Respiré. Puis en Inde, il a médité. Cherché. Trouvé un semblant de paix. Un apaisement. Pas une retraite, non. Mais une mise sur pause.

« Tout le monde pensait que j’étais à la retraite. Moi, je ne le savais pas encore. J’avais besoin de temps », confiera-t-il plus tard.

Puis un jour, il a ressentit ce feu en lui. Pas celui de l’angoisse. Celui de la compétition. Celui de l’envie.

Mais ce n’est pas tout. Le plus impressionnant, c’est ce que dit Boris Dorozhenko. Pour comprendre l’ampleur de cette déclaration, il faut comprendre qui est cet homme.

Professeur de mathématiques né à Kyiv, il a fui l’Ukraine pour le Mexique après la chute de l’URSS. Il y a bâti de toutes pièces le programme de hockey national.

Puis, en Arizona, il a pris sous son aile un certain... Auston Matthews. Le jeune prodige était alors âgé de 6 ou 7 ans. Dorozhenko a emmené son éducation physique à un niveau presque militaire.

Aujourd’hui, c’est Toews qui le contacte, alors que Dorozhenko est au Japon :

« Peux-tu jeter un coup d’œil à mon coup de patin? »

Toews s’est installé à Scottsdale, en Arizona, à deux pas de l’entraîneur. Et sur la glace, il s’entraîne. Pas une fois par semaine. Tous les jours. Glace. Gym. Glace. Gym. Dorozhenko l’observe. Et il confirme :

« Il patine comme un gars qui n’a jamais arrêté. C’est impressionnant. »

« Ces gars-là ont une mentalité différente. »

Pour l’instant, Boris Dorozhenko parle d’un travail « préliminaire » avec Jonathan Toews. Il explique que les premières séances servent à évaluer ce que Toews est encore capable de faire. Il note que le joueur a conservé une mémoire musculaire impressionnante et qu’il n’a pratiquement rien perdu de ses fondamentaux.

Le plan, selon Dorozhenko, est de bâtir une série de séances très ciblées dans les prochaines semaines, centrées sur la fluidité, la stabilité et la précision du patinage. Il insiste : à ce niveau, on n’enseigne plus, on rappelle. On ajuste. Ce n’est pas un retour à zéro. C’est un retour à la forme. Et même si Toews ne joue pas encore de matchs, tout pointe vers un joueur en "GameShape", ou à un cheveu de l’être.

Et c’est là que Montréal entre en jeu. Parce que le timing est parfait. Christian Dvorak est en partance. Son nom circule de plus en plus à Chicago. Le destin fait bien les choses.

Dvorak avec l'ancienne équipe de Toews?

Toews, originaire du Manitoba, pourrait très bien combler son poste, le temps que Michael Hage devienne l’espoir qu’on espère. 

Toews parle français. Sa mère est originaire de Sainte-Marie en Beauce. Il comprend l’ADN du CH. Il comprend la pression. Il la cherche, même. Il ne veut plus être le capitaine à qui on demande de sauver une franchise. Il veut être utile. Présent. Inspirant.

Et surtout : il ne coûterait presque rien. Un contrat d’un an. Peu garanti. Avec bonis de performance. Le genre de signature qui fait lever un vestiaire et qui excite une foule.

Un homme transformé, pas fini.

« Je ne suis pas satisfait de la façon dont ça s’est terminé à Chicago. »

Ces mots, Toews les a dit avec douleur. Il a souffert de voir sa fin se dérouler dans la confusion, la fatigue, la lente dégringolade. Il veut finir sur ses termes. À sa façon. Et le feu brûle encore.

« Je suis excité de voir jusqu’où je peux aller. »

Et ce n’est pas un discours de finissant. C’est celui d’un homme qui s’entraîne comme un gladiateur. Dorozhenko le dit :

« On va bâtir un plan. Il est prêt. »

Les jambes reviennent. L’énergie est là. La joie aussi. Et les rumeurs de Winnipeg, Toronto ou Anaheim, bien qu’intenses, n’ont pas cette saveur qu’offre Montréal.

À Winnipeg, il serait l’ancien héros local. Un pion. Un symbole. (il est originaire du Manitoba). À Montréal, il serait l’artisan d’une relance.

Il y a ceux qui croient que Toews va choisir Toronto. Mais est-ce vraiment ce qu’il veut? Aller dans le marché le plus étouffant de la LNH, celui qui n’a pas gagné une seule Coupe Stanley depuis 1967, c’est accepter de porter le poids de toute une génération frustrée.

Et avec la situation incertaine de John Tavares, Toews ne serait pas simplement un joueur parmi d’autres : il serait appelé à combler le vide laissé par un capitaine. Autrement dit, il chausserait les plus gros souliers de la franchise. Pas sûr que ce soit ce qu’il recherche à ce stade-ci de sa carrière.

Anaheim, en revanche, offre autre chose : l’anonymat, le soleil, la tranquillité. Une jeune équipe en reconstruction, sans attentes immédiates, où il pourrait s’intégrer à son rythme. Surtout, il retrouverait l'entraîneur avec qui il a gagné trosi Coupes Stanley en Joel Quenneville. Mais Toews est un compétiteur. Et malgré tout ce que peut offrir la Californie, il n’y aura jamais là-bas la passion brute et l’énergie d’un Centre Bell plein à craquer. Il ne deviendra jamais une légende en patinant à Anaheim. À Montréal? Il peut marquer l’histoire, comme tant d’autres l’ont rêvé avant lui.

Le Canadien a déjà parlé à Toews. Kent Hughes aurait ouvert le dialogue dès l’ouverture de la fenêtre informelle de négociation avec Pat Brisson, mais c’est surtout Martin St-Louis qui aurait eu un appel téléphonique significatif avec le joueur.

Le ton aurait été personnel, direct, sans artifices. St-Louis lui aurait parlé de pression, oui, mais aussi de sens. De ce que ça veut dire jouer à Montréal. De l’impact qu’il pourrait avoir sur les jeunes. Et surtout, de ce qu’un défi comme celui-là peut réveiller chez un vrai compétiteur.

Et s’il y a un entraîneur dans la LNH capable d’accompagner un homme comme Toews dans cette renaissance, c’est bien Martin St-Louis.

Lui aussi a été un joueur sous-estimé, rejeté, puis transformé par sa propre volonté. Il sait ce que ça prend pour performer quand le doute s’installe et que le corps ne répond plus comme avant.

Avec son approche humaine, centrée sur le dialogue, la psychologie du joueur et l’autonomie sur la glace, il offrirait à Toews exactement ce dont il a besoin : un environnement sans pression excessive, mais structuré. Pas de rôle imposé, pas de statut à défendre. Juste du hockey. Et une occasion de finir en paix, avec dignité.

Jonathan Toews ne veut plus être le Toews du passé. Il veut être le Toews du présent. En paix. Puissant. Présent. Et Montréal peut lui offrir ce cadeau.

Dans un marché où le noms de Sidney Crosby se murmure comme un rêve, un seul est libre. Disponible. Motivé.

Et aujourd’hui, grâce à Boris Dorozhenko, on sait qu’il est prêt.

Le reste ne tient qu’à un appel de Kent Hughes. Et au courage d’offrir une dernière scène à un véritable monument du hockey.

Jonathan Toews n’a jamais eu peur des projecteurs. Le Centre Bell l’attend. Et les partisans aussi.