La reconstruction est annoncée à Nashville: le prix est dévoilé pour Kent Hughes

La reconstruction est annoncée à Nashville: le prix est dévoilé pour Kent Hughes

Par David Garel le 2025-11-13

La reconstruction est annoncée à Nashville.

Barry Trotz a cessé de prétendre que les Predators pouvaient encore être compétitifs. Après un début de saison catastrophique (fiche de 5-9-4, trois défaites consécutives, seulement deux victoires à leurs dix derniers matchs), le directeur général de Nashville a fini par admettre l’évidence : son équipe s’en va droit dans le mur, et la reconstruction n’est plus une option, mais une obligation.

C’est Mathias Brunet, dans La Presse, qui l’a écrit noir sur blanc : Trotz a promis une reconstruction complète si les choses ne se replacent pas à l’approche de l’hiver. Et à voir l’état de la formation, le grand ménage commence déjà à puer au nez.

Ce qui se passe à Nashville est un fiasco historique. Barry Trotz, qui avait pourtant bâti sa réputation sur la patience et la structure en tant que coach, a complètement raté son virage en tant que DG.

Plutôt que d’assumer une reconstruction l’été dernier, il a tenté de boucher les trous en empilant des vétérans finis et surpayés : Steven Stamkos, Jonathan Marchessault et Brady Skjei. Trois contrats lourds, trois paris risqués, trois échecs.

Ces acquisitions de l’été 2024 devaient transformer les Predators en club de transition, capable d’être compétitif tout en préparant la relève.

En réalité, elles ont plombé la flexibilité de l’organisation et figé le vestiaire dans une dynamique tellement toxique.

Les Predators battent de l’aile, coincés dans les bas-fonds de la conférence, à six points d’une place en séries, sans identité claire.

Et la conclusion de Brunet donne des nausées:

« Steven Stamkos ne rapportera rien. Il aura 36 ans en février, a amassé 4 points en 18 matchs, après une saison décevante l’an dernier, et touchera 8 millions lors des deux saisons suivantes. Il faudra vivre avec ou racheter son contrat. »

Voilà où en est Nashville : payer pour effacer ses erreurs.

Stamkos est fini, Marchessault ralentit, Skjei est un poids mort (49 millions sur sept ans pour un défenseur de troisième paire qui joue sur une première), et O’Reilly, le seul qui garde une valeur sur le marché, devient soudainement la clé de sortie.

Selon Brunet, le centre de 34 ans, encore efficace sur les mises en jeu et dans les missions défensives, pourrait rapporter un choix de premier tour, mais pas plus.

Pas de top espoir à la David Reinbacher. Et c’est là que Kent Hughes entre dans le décor.

Le directeur général du Canadien a effectivement pris le téléphone. Les conversations existent, mais Hughes n’est pas pressé.

Il sait que Trotz veut vendre, que Nashville se dirige vers une liquidation forcée. Et dans ce genre de contexte, celui qui attend obtient toujours le meilleur prix.

Pour l’instant, le Canadien hésite. Pas sur la qualité de Ryan O’Reilly. Après tout, le CH a besoin de ce joueur intelligent, complet et exemplaire, mais sur le moment.

Le CH joue au-dessus de ses attentes, mais Hughes, lucide, sait que la ligne est mince entre une équipe surprise et une équipe qui peut s'écrouler à tout moment.. Il veut voir où son club s’en va avant de sacrifier un choix de première ronde.

L’équation est simple : O’Reilly vaut un premier choix, ni plus ni moins. Mais quel premier choix ? Un choix de fin de ronde d’une équipe aspirante, ou un choix top-10 si le Canadien s’écroule d’ici février ?

Même avec une protection top-10, Kent Hughes n'est pas chaud à l'idée de sacrifier son choix.

Tant que le classement ne se stabilise pas, Hughes ne bougera pas. Il se méfie du piège classique du DG trop confiant. Il sait que Montréal, malgré ses progrès, n’est pas encore une équipe établie.

Il sait que la saison peut tourner vite, et qu’échanger un premier choix pour un joueur de 34 ans pourrait être un retour en arrière. 

Pendant ce temps, Nashville se prépare à faire exploser son noyau. Barry Trotz sait que pour rebâtir, il faut vendre fort.

Et il a des actifs à liquider. Filip Forsberg, 31 ans, productif comme jamais (94 et 76 points lors des deux dernières saisons), représente une valeur marchande majeure. Il lui reste quatre ans à 8,5 millions, un contrat lourd mais justifiable sur le marché des transactions.

Roman Josi, blessé mais toujours dominant, pourrait aussi rapporter un choix de premier tour, comme San Jose l’a fait avec Karlsson.

Même le gardien Juuse Saros, pourtant prolongé pour huit ans à 7,7 millions, n’est plus intouchable. Bref, Trotz veut transformer Nashville en un Chicago version 2022 : vendre tout ce qui bouge pour accumuler les choix et plonger volontairement au classement.

Le problème, c’est que ses trois pires contrats  (Stamkos, Marchessault, Skjei) sont indésirables.  

Tous possèdent des clauses de non-mouvement, tous coûtent trop cher, et aucun n’a de valeur réelle sur le marché.

Nashville n’a d’autre choix que d’espérer une hausse du plafond ou de trouver un preneur désespéré. Et c’est précisément dans cette confusion que le Canadien devient une cible de discussion : parce que Montréal, contrairement à d’autres clubs, aura de l’espace, des jeunes et des choix.

Les Predators le savent. Ils veulent un défenseur gaucher et un centre two-way pour commencer leur reconstruction. Les noms de Jaden Struble et Arber Xhekaj circulent, tout comme ceux de Owen Beck et Oliver Kapanen, deux centres intelligents, responsables, qui cadreraient dans leur vision.

Mais Hughes, lui, ne donne rien tant qu’il n’a pas une certitude sur la direction de sa saison. Il ne veut pas sacrifier des éléments d’avenir pour un joueur qui ne cadre pas avec le CH à long terme.

Beck est assurément disponible, mais pas Kapanen. Xhekaj est trop populaire chez les fans pour être échangé, alors que Struble est le chouchou de Martin St-Louis.

Du côté de Nashville, la priorité est de transiger Steven "princesse" Stamkos.

Elliotte Friedman l’a résumé avec justesse : Stamkos ne veut être échangé que si une équipe lui garantit un passeur de haut niveau.

Un caprice de vedette, mais révélateur du climat à Nashville. À Tampa, Stamkos avait déjà cette réputation de diva silencieuse, obsédée par son confort et son rôle offensif.

Aujourd’hui, il l’assume ouvertement. Il veut jouer avec un créateur. En d'autres mots, il veu jouer avec Ivan Demidov.

Qu'il oublie ça. Il est exactement le genre de joueur que Montréal ne veut plus gérer : un vétéran statique, dépendant de ses partenaires, incapable de créer par lui-même.

Kent Hughes a appris du passé. Il ne veut pas d’un Patrick Laine bis, un tireur fini à la corde qu’on doit alimenter à la cuillère pour qu’il produise.

Pendant que Nashville s’enfonce dans une tempête qu’elle a elle-même créée, Montréal reste calme.

La patience de Kent Hughes, dans une ligue de panique, vaut souvent plus qu’un échange précipité.

Nashville s’apprête à tout brûler. Montréal, lui, attend de voir d’où soufflera le vent...