Il faut sauver le soldat Ryan. Voilà ce qu'on s'est dit en voyant le pauvre Ryan O'Reilly après une autre défaite des Predators, un revers de 3 à 1 à domicile contre les Flyers de Philadelphie.
Ryan O’Reilly s’est littéralement effondré en conférence de presse. On peut voir à quel point il est atteint psychologiquement.
Devant les caméras, le vétéran de 34 ans s’est mis à douter de tout : de son jeu, de sa carrière, de son utilité. Et le tout, dans une franchise qui sombre lentement mais sûrement vers le fond du classement de l’Ouest.
« Je n’arrive même pas à réussir une passe de six pieds », a-t-il avoué, visiblement brisé.
« J’ai eu une seule bonne année dans ma carrière. Une seule. Et je n’ai aucune réponse. » Ces mots, lourds, sont devenus viraux.
L’image d’un champion de la Coupe Stanley, en 2019, gagnant du Conn Smythe, réduit à l’impuissance dans un marché en ruine.
Depuis le début de la saison, O’Reilly traîne une équipe qui ne veut pas être sauvée. Nashville affiche un dossier pathétique de 5 victoires, 7 défaites et 4 revers en prolongation.
La fiche d’un club perdu entre deux mondes. Entre la défaite et la reconstruction qui s'en vient inévitablement.
Barry Trotz tente de rester optimiste, mais sur la glace, rien ne marche. Les Predators jouent sans inspiration, sans structure. Et Ryan O’Reilly est au bord de la rupture.
Son langage corporel dit tout. Sur la glace, il gesticule, peste, frappe la bande de frustration. Dans les médias, il s’accuse :
« Si je joue de façon pathétique comme ça, on ne gagnera jamais. »
C’est un aveu terrible de la part d’un joueur reconnu pour son sang-froid et son sens du devoir. À ce stade, il ne s’agit plus seulement d’un passage à vide : c’est un cri d’alarme.
Le vestiaire implose, le coach Andrew Brunette est sur le bord d'être congédié et seul O'Reilly, pourtant le seul marqueur dans la défaite d'hier, fait face à la musique.
Le plus inquiétant, c’est le silence autour de lui. Les vétérans Roman Josi, Filip Forsberg, Steven Stamkos et Jonathan Marchessault semblent détachés.
On sent une fracture interne et surtout une catatsrophe collective. Andrew Brunette, l’entraîneur, peine à imposer son système. Il s’en remet à la résilience du groupe, mais il n’y a plus de groupe. Et quand O’Reilly, le dernier vrai leader, commence à avoir un "breakdown mental", c’est toute la structure qui s'écroule.
Son contrat 4,5 millions par saison jusqu'en 2027, une entente tellement raisonnable, fait en sorte que les rumeurs de transactuin explosent autour de lui.
Au Centre Bell, le téléphone de Kent Hughes doit vibrer. Parce que Kent Hughs sait lire les signaux. Et ce qui se passe à Nashville ressemble à un tremblement de terre.
Dans la LNH, tout le monde a vu la conférence de presse. Tout le monde a entendu le désespoir d’O’Reilly. Et tout le monde sait que ce type de joueur, fier, épuisé et désillusionné, va devenir le cœur d’une transaction.
Il faut rappeler que Danny Dubé avait déjà vu venir le scénario. À TVA Sports, il répétait depuis des semaines que le Canadien devait s’offrir un vrai vétéran au centre, un gaucher, un gagnant.
Et pour lui, le candidat parfait, c’est Ryan O’Reilly. « C’est un joueur de court terme, un champion, un gars qui va montrer à Demidov comment gagner », disait-il.
« Il est bâti pour Montréal. »
Et le moment ne pourrait pas être mieux choisi. À Montréal, le Canadien surperforme mais "shake" au centre. Kirby Dach revient à peine, Oliver Kapanen s’accroche, mais derrière Nick Suzuki, il manque un vrai 2e centre.
Le trio de Demidov, avec Newhook et Kapanen, ne fonctionne pas : 10 minutes de jeu hier pour le Russe, un naufrage complet à forces égales selon Martin St-Louis. On parle déjà d’un changement de centre imminent.
Ryan O’Reilly, avec sa responsabilité défensive et son instinct offensif, serait l’antidote. Il coche toutes les cases : expérience, leadership, fiabilité. Et surtout, il est accessible.
À 4,5 millions, son contrat ne fait pas exploser la masse salariale. Barry Trotz le sait. Et Kent Hughes le sait aussi.
À Nashville, la situation est explosive. Les partisans réclament des changements. Les médias locaux parlent ouvertement de reconstruction. Certains joueurs ont déjà la tête ailleurs.
L’effondrement contre Philadelphie a été la goutte de trop.
Et dans les gradins, on entendait les huées. Les Predators sont devenus la risée de la LNH. Filip Forsberg patine seul, Roman Josi tente de sauver les meubles mais n'est plus un capitaine capable de rallier le vestiaire. L'équipe n'a aucun espoir de renom à part Brady Martin, qui fait ses classes dans la OHL.
L’équipe ne marque plus, n’avance plus. À chaque match, la panique monte. Et au centre de ce chaos, un homme brisé répète : « Je ne suis plus capable. »
Il faut dire qu’O’Reilly n’a jamais su jouer la comédie. C’est un des derniers vrais professionnels, un gars qui dit ce qu’il pense.
Son aveu d’hier, aussi brutal soit-il, témoigne d’une lucidité rare.
« J’ai eu une seule bonne année », a-t-il dit en parlant de 2019, l’année de la Coupe à Saint-Louis. Ce n’est pas une provocation, c’est la réalité. Il a erré à Buffalo avant de gagner la Coupe. Et à 34 ans, il sent le poids du temps.
Ce qui rend son désespoir encore plus poignant, c’est qu’il veut encore gagner. Il ne demande pas un congé. Il demande une chance. Et Montréal pourrait la lui donner.
Son entrevue hier était clairement une demande de transaction.
Hughes ne fera pas de folie. Mais il sait qu’O’Reilly pourrait transformer l’équilibre de son équipe. Imaginez un instant : Suzuki en première ligne, O’Reilly en deuxième, Dach en troisième. Soudainement, le Canadien devient un cauchemar à affronter en séries.
Demidov aurait un guide sur la glace. Et St-Louis n'aurait plus aucune raison de le lui faire réchauffer le banc,
Pour l’obtenir, Nashville exigera sans doute un jeune défenseur gaucher, un espoir qui peut jouer au centre et un choix de 1ère ronde protégé.
Owen Beck plaît à Trotz. Jayden Struble ou Arber Xhekaj aussi. Hughes a déjà prouvé qu’il savait attendre le bon moment pour frapper. Et ce moment, c’est maintenant.
« Sauvez le soldat Ryan »
Le slogan a pris vie sur les réseaux sociaux. On voit des montages de O’Reilly, casque sur la tête, l’air perdu. Les partisans des Predators y voient une honte publique. Ceux de Montréal, une opportunité. Dans un vestiaire où Martin St-Louis réclame du leadership, O’Reilly serait la pièce manquante.
Il a encore du hockey dans le corps. Il a surtout du feu dans les yeux. Il faut simplement le sortir de l’enfer.
En une minute et demie, Ryan O’Reilly a dit ce que tout le monde pense tout bas : à Nashville, le projet est mort. Et dans une ligue où tout va vite, où les fenêtres s’ouvrent et se referment en un clin d’œil, il ne faut pas s’apitoyer. Il faut agir. Il faut reconstruire.
Kent Hughes a déjà prouvé qu’il pouvait profiter de la panique à Nashville en obtenant Alex Carrier pour Justin Barron.
Le DG du CH comprendra que la détresse d’O’Reilly n’est pas un problème. C’est une invitation.
Ça sent la transaction Montréal-Nashville à plein nez.
