Rupture à Québec: Pierre-Karl Péladeau ne pardonnera jamais à Luc Poirier

Rupture à Québec: Pierre-Karl Péladeau ne pardonnera jamais à Luc Poirier

Par David Garel le 2025-06-17

Luc Poirier n’a pas glissé une bombe. Il l’a déposée avec précision, sourire en coin, en direct à RDS.

Pendant que Frédéric Plante tentait de parler Formule 1, Poirier, lui, avait autre chose en tête : une exécution politique et médiatique.

L’homme d’affaires, fin stratège, savait exactement ce qu’il faisait. Ce n’était pas un lapsus. Ce n’était pas une improvisation. C’était une opération chirurgicale contre Pierre-Karl Péladeau, "en prime time".

@rds.ca Non mais pourquoi pas Luc Poirier? 🫰🏻⚜️ #hockey #nordiques #f1 #lnh #québec ♬ son original - RDS

Luc Poirier savait exactement ce qu’il faisait quand il a déclaré en direct sur les ondes de RDS qu’il préférerait ramener les Nordiques à Québec plutôt que de s’intéresser au sport automobile.

L’entrevue avec Frédéric Plante a surpris, mais pas Poirier. Il savait que ses propos allaient résonner jusque dans les bureaux de Quebecor.

"Je préférerais avoir une équipe, mettons, le retour des Nordiques à Québec par exemple, j'aimerais ça."

Cette phrase, anodine en surface, était en réalité une flèche téléguidé vers un vieil ennemi. Car Poirier ne veut pas ramener les Nordiques… avec Péladeau. Il veut les ramener malgré Péladeau. Et il veut surtout que le Québec comprenne que si cette équipe ne revient jamais, c’est à cause d’un seul homme : PKP.

Ce conflit entre Poirier et Péladeau est ancien. Les deux hommes ne s’invitent pas aux mêmes soirées. Littéralement. PKP a toujours vu Poirier comme un nouveau riche tape-à-l’œil, un promoteur sans raffinement, un gars de deals de terrain qui se pavane dans ses entrevues.

Dans l’entourage de Péladeau, on le surnomme même “le gars du trou”, en référence à son fameux projet de remblai de un milliard de dollars à La Prairie ou bien du fait qu'il a grandi dans un HLM avec sa mère qui vivait de l'aide sociale et ses deux frères.

Mais Poirier n’a pas la mémoire courte. Et il voit en Péladeau un Napoléon frustré, enfermé dans une tour d’ivoire, autoritaire, colérique, incapable de bâtir des alliances durables.

Pour lui, PKP est l’homme qui a tué les Nordiques deux fois : une première fois en alimentant l’illusion qu’il allait convaincre Bettman, et une seconde fois en devenant lui-même l’obstacle.

Poirier savait ce qu’il faisait.

Quand Luc Poirier s’est pointé à RDS, il savait que la caméra tournait. Il savait que la clip allait circuler. Il savait que dans le contexte du Grand Prix, parler des Nordiques serait un écho immense dans les médias. Et il savait surtout que PKP allait entendre ce message fort et sans pitié :

« Ce rêve t’échappe, et je vais m’assurer que tout le monde sache pourquoi. »

Rappelons qu'il est allé encore plus loin sur les ondes de Radio X :

« PKP étant PKP, ce n’est pas évident de faire des affaires avec lui. »

En d'autres mots, Poirier voulait nous dire que personne ne veut travailler avec ce gars-là. Et Péladeau ne lui pardonnera jamais cet affront public.

Ce que Poirier a compris, et que PKP refuse encore d’accepter, c’est que la Ligue nationale de hockey ne veut pas d’un investisseur instable. Bettman l’a dit. Daly l’a répété. Et les coulisses le confirment : tant que Québecor est associé au projet, le dossier des Nordiques ne passera jamais.

Poirier, lui, coche toutes les cases : fortune personnelle, crédibilité entrepreneuriale, calme, indépendance financière. Mais il refuse de se salir les mains dans une alliance avec un homme qui a brûlé tous les ponts à New York. Pour lui, ce serait suicidaire. Il ne veut pas sauver PKP. Il veut l'humilier.

Et le plus ironique dans tout ça? C’est que Péladeau, aujourd’hui, a besoin de Poirier pour exister dans ce projet. Il n’a plus les reins financiers seuls. TVA Sports est une coquille vide qui coule à vue d’œil.

Le Centre Vidéotron, sans équipe, est un gouffre municipal. Et Québecor, avec sa dette et ses échecs en diversification, ne peut plus porter ce rêve seul.

Mais Poirier ne tendra pas la main. Il ne veut pas sauver PKP, il veut le dénuder publiquement.

Ce que Poirier a fait à RDS, c’est le début de la fin pour Péladeau dans le dossier des Nordiques. Il l’a marginalisé, humilié, isolé. En une phrase, il a redéfini le narratif : PKP n’est plus le héros du projet, mais l’empêcheur de rêver.

Luc Poirier ne cherche plus à construire une équipe de hockey. Il veut reconstruire la vérité. Il veut rappeler au public que Péladeau a menti, pendant des années, en se faisant passer pour le héros du hockey québécois.

Il veut rappeler que PKP n’a jamais fait d’offre réelle. Que Bettman l’a publiquement contredit. Et qu’au final, l’homme fort de Québecor n’a été qu’un illusionniste médiatique.

Poirier, lui, n’essaie plus de sauver le rêve. Il veut exposer celui qui l’a enterré vivant. Et dans cette guerre à visage découvert, il a désormais l’opinion publique de son côté.

Le Québec devra choisir : le fantasme de PKP ou la franchise de Poirier. Mais pour ce dernier, le verdict est déjà tombé :

« Tant que Péladeau est là, il n’y aura jamais d’équipe à Québec. »

Et maintenant, tout le monde l’a entendu.

C’est une véritable rupture qui vient d’être officialisée à Québec. Pas une rupture amoureuse, mais bien celle de deux hommes d’affaires qui, ensemble, auraient pu changer le destin d’une ville.

Pour Poirier, Pierre-Karl Péladeau est un obstacle à toute initiative crédible en lien avec le retour d’une équipe de la LNH à Québec.

Il affirme que l'implication de Quebecor complique la faisabilité financière du projet, notamment en raison des droits de diffusion verrouillés par la LNH et de l'incertitude autour de TVA Sports, qui pourrait perdre les droits à l'expiration de son entente en 2026 et ensuite fermer aussitôt.

Poirier a aussi souligné que sans la gestion directe du Centre Vidéotron, il est presque impossible pour un investisseur d'assurer la rentabilité de l’opération. Il a affirmé :

"Ramener une équipe sans être en mesure de gérer l'amphithéâtre, c'est presque impossible."

En 2017, Poirier avait tenté d’acquérir les Coyotes de l’Arizona pour 380 millions de dollars US, avec l’objectif clair de les relocaliser à Québec. Il affirme aussi avoir offert jusqu'à 800 millions US pour une autre franchise, sans succès.

Dans ses apparitions médiatiques, Poirier insiste sur sa volonté de dire les choses comme elles sont. Il estime que son exposition publique n’est pas un calcul politique, mais plutôt une volonté d’inspirer les gens et de transmettre un message d’ambition.

Il déclare qu'il accepte les demandes des médias non pas pour flasher, mais parce qu'on le sollicite, citant en exemple sa participation à "Dans l'œil du dragon" et sa série documentaire sur Crave.

Luc Poirier est conscient que ses prises de parole publiques lui attirent des critiques. Il reconnaît que certains le voient comme un "parvenu" (il parle de Péladeau sans le nommer) et qu’il a toujours été perçu comme tel par une certaine élite financière du Québec.

Il voit dans ce parcours la preuve qu’il a un instinct pour les affaires, même s’il sait que cela ne lui a pas valu le respect des "grandes familles" d’Outremont ou de Westmount... ou de Péladeau...

Aujourd’hui, Poirier est au sommet du monde, ce qui enrage Péladeau.

Quant à son conflit avec PKP, il ne le nie pas. Il affirme avoir toujours eu une vision différente des affaires et des relations.

Si l'on veut un projet qui fonctionne avec la LNH, il croit qu'il faudra un nouveau visage. Et il ne fait aucun doute dans son esprit que ce visage ne peut pas être celui de Péladeau.

Luc Poirier et PKP avaient tout pour s’unir autour d’un rêve commun : ramener les Nordiques. Mais leur détestation mutuelle est plus forte que l’amour du hockey.

D’un côté, un promoteur baveux, flamboyant, qui revendique son passé dans un HLM et ses Ferrari. De l’autre, un héritier orgueilleux, autoritaire, méfiant, enfermé dans son empire médiatique.

Au lieu de s’asseoir à la même table, ils se tournent le dos. Et avec cette rupture, c’est tout un projet qui s’écroule. Québec n’a pas seulement perdu ses chances d’avoir une équipe : elle vient d’assister, impuissante, à l’explosion d’un partenariat qui n’aura jamais existé.