Revirement de situation dans la chambre: Arber Xhekaj lance un message à Martin St-Louis

Revirement de situation dans la chambre: Arber Xhekaj lance un message à Martin St-Louis

Par Marc-André Dubois le 2025-05-02

Il y avait dans la voix d’Arber Xhekaj une fermeté calme. Une gravité presque touchante. Le genre de ton qu’on adopte lorsqu’on veut rétablir une vérité qui nous ronge de l’intérieur.

Parce que depuis des semaines, voire des mois, Xhekaj entend tout. Qu’il serait échangé. Qu’il ne s’entend pas avec Martin St-Louis. Que les Flyers, les Ducks, les Blackhawks ou même les Penguins auraient manifesté leur intérêt.

Qu’il serait de trop, que son frère Florian allait lui survivre dans l’uniforme du CH. Qu’il ne cadrait plus dans la philosophie du club. Trop vieux jeu. Trop musclé. Pas assez raffiné.

Et pourtant, c’est tout le contraire qui transpire de son message, lancé droit au cœur du vestiaire du Canadien, mais surtout, droit au cœur de Martin St-Louis.

« C’est dur de changer un alignement quand tu gagnes », a lancé Xhekaj d’entrée de jeu.

« C’est compréhensible. Il y avait des gars qui jouaient très bien, et tu ne peux pas simplement sortir des joueurs comme ça. »

Aucun ressentiment. Aucune aigreur. Juste une reconnaissance. Celle d’un joueur qui comprend qu’il fait partie d’un tout, même s’il a été laissé de côté pendant trois semaines en avril. Pas une plainte. Pas une flèche.

Puis la bombe.

« Tout le monde dans ce vestiaire idolâtre Martin. »

Là, c’est sans détour. C’est une déclaration de support incroyable. Un rejet clair, sans pitié et sans appel des rumeurs.

Arber Xhekaj aime Martin St-Louis. Et Martin St-Louis, qui vient d’être nommé parmi les finalistes au trophée Jack Adams, le sait désormais mieux que jamais.

Ceux qui doutaient encore de l’état de leur relation viennent d’être choqués. Non, Xhekaj ne rumine pas en silence.

Non, il ne boude pas dans l’ombre. Il a simplement accepté le jeu de la LNH. Et mieux encore, il a compris son rôle dans l’ombre, prêt à réintégrer l’alignement dès qu’on l’appelait. Et c’est ce qui s’est produit.

Chaque fois que l’équipe perdait, St-Louis revenait à lui. Pas par défaut. Mais parce que Xhekaj, quand il est en forme, fait une différence.

C’est pourquoi ce message prend tout son sens aujourd’hui. Parce que St-Louis, malgré les critiques, a toujours gardé Xhekaj dans son plan.

Et aujourd’hui, ce plan a donné lieu à une nomination au Jack Adams. Ce n’est pas rien. C’est un vote de confiance de la LNH envers un entraîneur qui fait les choses à sa manière.

Et Xhekaj vient d’ajouter sa voix à ce chœur.

Pendant ce temps, les rumeurs continuent de circuler. Des journalistes de Philadelphie, des insiders d’Anaheim, des spéculateurs de Chicago. On évoque même son nom dans un échange impliquant Sidney Crosby. Rien que ça.

Mais Xhekaj a voulu tuer ces rumeurs une bonne fois pour toutes.

« Une fois que tu goûtes à ce que Montréal peut t’offrir, tu ne veux plus partir. »

Il aurait pu rester vague. Il aurait pu ne rien dire. Il aurait pu faire comme tant d’autres et répéter que « tout est possible dans le hockey moderne ». Mais non. Il a dit ce qu’il avait sur le cœur.

Il veut rester ici. Il veut gagner ici. Il veut pousser avec ce groupe, dans cette ville, avec ce coach.

Ce message vient couronner une semaine très émotive pour Martin St-Louis. Parce que cette nomination au Jack Adams, personne ne l’attendait vraiment. Pas dans une saison où le CH a certes fait les séries, mais a aussi traversé une tempête de blessures, de remises en question, de critiques parfois féroces dans les médias.

Et pourtant, le voilà. Finaliste au même titre que Scott Arniel des Jets et Spencer Carbery des Capitals. Deux entraîneurs à la tête de puissances établies.

Martin, lui, a fait 91 points avec une formation de jeunes loups, sans vrai deuxième centre, sans Dach, sans Price, sans tous les piliers qu’on croyait nécessaires pour faire les séries.

Et si le Canadien a tenu le coup, c’est aussi grâce à des soldats comme Arber Xhekaj, prêts à jouer leur rôle même dans l’ombre.

Le message de Xhekaj dépasse les murs du vestiaire. Il atteint la direction. Kent Hughes devra maintenant trancher : veut-il vraiment se départir d’un joueur aussi fidèle, aussi investi, aussi populaire auprès des partisans et de ses coéquipiers ?

Il ne faut pas sous-estimer ce genre de déclaration. C’est une lettre d’amour au club. Et ça compte.

Avec son frère Florian qui cogne à la porte, avec une base défensive en mutation, Xhekaj pourrait devenir une figure centrale du CH 3.0.

Pas seulement pour jeter les gants. Mais pour incarner ce mélange d’intensité, de loyauté et d’émotion direct qui fait vibrer le Centre Bell.

Martin St-Louis, de son côté, sait reconnaître ce genre de guerrier. Son propre parcours en tant que joueur lui a appris que l’émotion, bien canalisée, peut devenir un carburant puissant.

Et avec Xhekaj, il tient un pur sang prêt à se battre pour ses coéquipiers et à prendre son trou s'il le faut.

Ce message change tout.

Xhekaj aurait pu quitter cet été dans l’indifférence générale ou dans la colère, escorté par les rumeurs. Mais aujourd’hui, il vient de regagner le cœur de la base partisane. Il vient de regagner le respect du coach. Il vient d’envoyer un signal clair à la direction.

Et à travers lui, c’est toute la culture du CH qui en sort grandie.

Martin St-Louis, finaliste au Jack Adams, a construit ce groupe sur la base de l’honnêteté, de l’effort, et du respect.

Aujourd’hui, un de ses joueurs les plus polarisants vient de le remercier publiquement.

Et ça, ça vaut plus que tous les trophées.