Il y a des histoires qui semblent écrites pour les moments cruciaux.
Des récits de chute, de honte, de rédemption. Des trajectoires cabossées qui trouvent un second souffle, contre toute attente.
Et en ce matin où tout semble impossible pour le Canadien de Montréal, une lueur inattendue surgit du côté d’une figure québécoise autrefois foudroyée par la tempête médiatique : Maripier Morin.
Oui, Maripier est de retour. Et ce n’est pas une anecdote de plus dans l’actualité culturelle du Québec. C’est un symbole. Une métaphore parfaite pour ce que vit présentement le Tricolore.
Parce que si Maripier Morin a pu ravoir Buick, après avoir été écartée, humiliée, abandonnée par le système qui l’avait érigée en déesse… alors le Canadien, lui aussi, peut se relever de son 1-3 contre les Capitals de Washington.
Il y a cinq ans, personne n’aurait parié sur un retour de Maripier Morin dans une campagne publicitaire nationale. Encore moins avec Buick, cette même marque qui s’était dissociée d’elle de manière brutale, presque chirurgicale, à la suite des allégations d’inconduite. Le purgatoire semblait définitif. La porte était fermée. Le silence s’était installé.
Mais dans la vie, il y a ce que les gens disent… et ce que le temps finit par dire.
Et le temps, justement, a fait son œuvre. Maripier n’a jamais complètement disparu. Elle n’a pas fui. Elle a affronté ses démons, reconnu ses torts, travaillé sur elle-même. Elle a parlé ouvertement de sa dépendance. Elle s’est reconstruite. Lentement. Humblement.
Et voilà que Buick revient vers elle. Que Cossette la remet au centre d’une campagne. Que GM lui tend la main. Le message est clair : on croit aux deuxièmes chances.
Les partisans du Canadien se sentent humiliés. Écorchés. Ils voient leur équipe se faire brasser, dominer, moquer. Ils regardent les Capitals patiner dans leur zone comme s’ils étaient seuls sur la glace.
C’est violent. C’est injuste. Et ça fait mal.
Mais c’est exactement là que le parallèle avec Maripier Morin prend tout son sens.
Ce n’est jamais fini tant que ce n’est pas fini. Et ce n’est pas un slogan vide. C’est une réalité pour ceux qui ont le courage de s’accrocher. De se relever. De répondre.
Maripier Morin n’a pas effacé le passé. Elle a accepté de le porter. Mais elle a refusé d’y rester. Et si elle peut refaire la une pour les bonnes raisons aujourd’hui, c’est parce qu’elle n’a jamais cessé de croire que quelque chose de mieux était encore possible.
Le Canadien doit croire la même chose.
C’est l’Association des concessionnaires GM du Québec qui a amorcé les démarches pour ramener Maripier Morin comme visage de Buick.
La décision n’a pas été prise à la légère. Elle a dû recevoir l’aval du siège social de General Motors, après des consultations internes et externes, incluant des groupes de discussion.
L’agence Cossette a été chargée de piloter cette campagne, qui sera déclinée sur le web, à la radio et possiblement à la télévision jusqu’à la fin de l’année.
Maripier ne s’en cache pas : ce retour est profondément émotif. Buick, c’est la voiture de son grand-père, celle dans laquelle ses parents se sont mariés.
Et malgré le silence des dernières années, elle espérait en secret renouer ce lien. Quand elle a annoncé son retour sur les réseaux sociaux, elle a été inondée de messages positifs.
Aucun tollé. Aucun rejet public. Seulement un courant bien réel de gens prêts à lui tendre la main. Cette réponse chaleureuse a sans doute confirmé à Buick que leur pari n’était pas un risque… mais une démonstration de lucidité.
Quand Maripier dit que « les gens sont conscients du chemin parcouru depuis cinq ans », elle parle aussi d’une société prête à revoir ses jugements. C’est un choix collectif de regarder vers l’avant.
Le CH, aujourd’hui, peut sentir ce même vent de fierté. Il peut dire à ses partisans : on a été ridiculisé, bousculé, humilié oui. Mais on est encore debout. Et on a encore quelque chose à donner.
Comme Maripier, le Canadien doit tendre l’oreille. Écouter la douleur des critiques. Reconnaître les erreurs, les lacunes, la peur de certains joueurs.
Mais ensuite, il doit répondre. Avec force. Avec intensité. Avec l’urgence de ceux qui savent que la rédemption se gagne, elle ne s’implore pas.
Quand tout semble perdu, c’est là que tout commence
Il faut se rappeler que les ventes de Buick avaient explosé grâce à elle. Qu’elle incarnait une modernité québécoise, une assurance, une proximité. Elle ne faisait pas que vendre une voiture : elle vendait un sentiment d’appartenance.
Le Canadien aussi a ce pouvoir. Il ne vend pas seulement du hockey. Il vend de la mémoire. De la tradition. Du courage. Mais depuis deux matchs, il ne vend plus rien. Il laisse les autres l’écraser.
Il est temps de changer la perception. Et pour ça, il faut livrer le match de la dernière chance.
La réintégration de Maripier Morin dans la sphère publique québécoise est plus qu’un contrat publicitaire. C’est un signal.
Le signal que les récits brisés peuvent être recollés. Que les trajectoires brisées peuvent être réorientées. Que même ceux qui étaient devenus des indésirables peuvent retrouver leur place. Et même plus : qu’ils peuvent redevenir nécessaires.
Et si c’est vrai pour elle, c’est vrai pour le CH.
À condition de se battre comme elle. D’y croire comme elle. De ne pas lâcher.
Une série est une histoire. Et elle n’est pas terminée.
Rien n’est joué. Le CH peut revenir. Une victoire à la fois. Une période à la fois. Une mise en échec à la fois.
Mais il faut du feu. De l’urgence. De la volonté.
Maripier Morin a retrouvé Buick parce qu’elle s’est battue. Parce qu’elle a refusé d’être définie par le pire jour de sa vie.
Le Canadien, lui, refuse-t-il d’être défini comme une équipe soft qui a peur ?
Ce soir, ce n’est pas seulement un match de hockey. C’est peut-être un moment où tout change. Une déclaration d’orgueil. Une réponse. Ou un adieu.
À eux de choisir.