La rumeur a explosé comme une bombe dans le calme apparent du repêchage à Los Angeles.
Une phrase. Quelques mots. Et tout le Québec s’est mis à trembler. Georges Laraque, sans crier gare, a lancé la bombe que personne n’osait croire, mais que tout le monde voulait entendre :
« Il y a de fortes chances que Crosby joue ailleurs. »
Pas un murmure. Pas une rumeur inventée dans un sous-sol de banlieue. Une déclaration publique, assumée, venant d’un ancien joueur respecté, proche de l’organisation des Penguins. Un homme branché.
Et dans un Québec à l’affût, déjà en feu après la transaction Dobson, ces mots ont frappé comme la foudre. Une tempête parfaite.
Il n’aura fallu que quelques heures pour que la déclaration de Laraque déclenche un raz-de-marée. À Montréal, les réseaux ont explosé.
Les lignes ouvertes ont été envahies. Les partisans s’imaginaient déjà un Centre Bell en délire, un Crosby habillé en bleu-blanc-rouge, l'arrivée triomphale du héros,
À Denver, les forums de l’Avalanche vibraient d’excitation. À Vegas, on commençait à calculer la masse salariale, déjà prêts à sacrifier Tomas Hertl pour accueillir le Messie.
Et au cœur de cette hystérie, Kent Hughes restait silencieux.
Trop silencieux.
Mais dans toute saga, il faut un contre-coup. Et il est venu de celui qu’on n’attendait pas : Nathan MacKinnon. Le grand ami. Le frère d’armes. Le confident. Dans une sortie publique inhabituelle pour lui, MacKinnon a démoli la rumeur :
« Fake news. »
Net, brutal, tranchant.
Mais Georges Laraque ne s'est pas laissé intimidé.
Ce que MacKinnon n’a pas dit, c’est tout aussi important que ce qu’il a dit.
Il n’a jamais nié que Crosby pouvait vouloir gagner ailleurs. Il n’a jamais affirmé que Sid finirait sa carrière à Pittsburgh. Il n’a fait que nier la forme de la rumeur, pas son fond.
Parce qu’au fond, MacKinnon sait très bien ce qui se trame. Et sa réaction, aussi vive soit-elle, sentait la panique.
Loin de reculer, Laraque a reformulé. Il a nuancé. Mais il n’a pas reculé.
« Hier, j’ai entendu que vers la date limite, il y avait de bonnes chances que Crosby soit échangé. On entend parler de ça depuis un moment. Ça fait du sens : Crosby est un gagnant.
Après avoir remporté trois Coupes, est-ce qu’il veut vraiment finir sa carrière en manquant les séries quatre années de suite ?
Le meilleur du hockey, ce sont les séries ! Pourquoi pensez-vous qu’il a joué au Championnat mondial cette année ? Il aime le jeu, il aime la compétition ! »
Et il poursuit :
« En parlant avec quelqu’un de beaucoup plus proche de lui que moi, tout cela a pris du sens. Malheureusement, l’équipe mentionnée n’était pas Montréal. »
Le choc fut brutal. Glacial. En une seule ligne, Georges Laraque a brisé le cœur d’un peuple entier.
Partout au Québec, on s’était mis à rêver. Les partisans du CH avaient commencé à planifier leur été autour d’une seule obsession : voir Crosby débarquer au Centre Bell.
Et soudain, la bulle a éclaté.
Le visage des fans a changé. L’espoir s’est transformé en désillusion. Les médias québécois, qui s’étaient emballés, ont dû ravaler leur excitation. Le retour de Crosby “à la maison” semblait désormais aussi improbable qu’une quatrième Coupe à Pittsburgh.
Mais c’est là qu’un autre acteur majeur est entré en scène : Elliotte Friedman.
Avec son calme légendaire, le vétéran insider de Sportsnet est venu poser un baume sur la plaie ouverte. Dans son segment au balado 32 Thoughts, Friedman n’a pas nié l’idée d’un départ de Crosby.
Au contraire.
« Je pense que ce sera notre réalité tant que Pittsburgh poursuivra dans cette direction. Beaucoup de gens aimeraient voir Crosby rejoindre un club aspirant ou une équipe en ascension. Que ce soit une équipe comme le Colorado… ou Montréal. »
« On devra apprendre à vivre avec ces rumeurs. Avec l’état actuel des Penguins, ce serait naïf de croire que Crosby va passer toute la saison là-bas. »
Et tout le monde s’est rappelé un détail fondamental : Crosby a joué au Championnat mondial ce printemps. Un tournoi qu’il aurait pu ignorer. Mais il voulait encore compétitionner. Encore vaincre.
La flamme brûle encore en lui.
C’est à ce moment que Frank Seravalli est intervenu. La voix de la raison. Le journaliste bien informé. L’homme des coulisses.
Sa version? Crosby veut rester à Pittsburgh. Il veut honorer Malkin. Jouer à ses côtés une dernière saison. Terminer le cycle. Puis, et seulement ensuite, réfléchir à la suite.
« Il y a 3 ou 4 équipes qui surveillent le dossier, mais pour l’instant, il ne bougera pas. »
C’est là que Montréal, Vegas, Colorado, Los Angeles et Dallas ont compris : pas tout de suite.
Mais un an plus tard? Rien n’est exclu.
Et finalement, c’est Elliotte Friedman qui a remis de l’essence sur le feu hier soir.
« Je pense que ce sera notre réalité tant que Pittsburgh va dans cette direction. Beaucoup de gens aimeraient voir Crosby dans une équipe aspirante ou en ascension. Que ce soit une équipe comme le Colorado ou Montréal… »
Voilà. Montréal n’est pas un rêve. Montréal est une option. Une vraie. Un scénario plausible.
Friedman ne croit pas que Crosby passera toute la saison à Pittsburgh. Et il le dit sans détour : ça se joue entre l’Avalanche et le Canadien.
Pourquoi Montréal? Parce que c’est écrit dans l’histoire.
Le père de Crosby, Troy, a été repêché par le Canadien. Sid a grandi avec le logo du CH dans le cœur. Son passage à Rimouski l’a lié au Québec à jamais. À Montréal, il serait bien plus qu’un joueur : il serait un roi.
Et cette équipe, justement, est prête.
Suzuki. Slafkovsky. Caufield. Demidov. Hutson. Dobson. Guhle. Un noyau jeune, dynamique, affamé. Tout ce qu’il manque, c’est un guide. Un Crosby.
L’acquisition de Noah Dobson n’était pas qu’une opération hockey. C’était un signal. Un cri. Une promesse.
« On passe à la vitesse supérieure. »
Et Crosby l’a entendu.
Le CH a encore de la monnaie d’échange. Logan Mailloux. Owen Beck. Mike Matheson. Un premier choix 2026 ou 2027. Et surtout, une structure salariale capable d’absorber un contrat de 8,7 M$ sans sacrifier l’avenir.
Crosby a tous les leviers. Il choisira son destin. Il n’ira pas où on l’envoie : il ira où il veut.
Et Montréal, ce n’est pas un rêve impossible. C’est une destination naturelle.
Mais voilà : pour l'instant, Crosby reste à Pittsburgh. Par loyauté. Par principe. Par amitié envers Malkin.
Pas pour toujours.
Pour un an maximum.
Et dans cette attente, Kent Hughes a bien joué ses cartes. Il a transformé un rêve fragile, Crosby, en un actif solide... Noah Dobson.
Il a échangé l’émotion pour la raison. Et ironiquement, il s’est peut-être rapproché encore plus de Crosby en bâtissant une équipe gagnante sans lui.
Car l’an prochain, quand les Penguins seront à nouveau hors du portrait des séries à la date limite des transactions, quand Malkin prendra sa retraite, quand l’évidence frappera de plein fouet… la question reviendra.
Et cette fois, la réponse pourrait être différente.
Au fond, cette saga, c’était une déclaration d’amour collective. Le Québec a crié à Crosby qu’il l’attendait. Qu’il le voulait. Qu’il l’admirait toujours.
Crosby a entendu. Il a souri. Et il a dit : pas encore.
Mais un jour?
Un jour peut-être, ce rêve se réalisera.
Et ce jour-là, la rumeur ne viendra pas de Georges Laraque, de Seravalli ou de Friedman.
Elle viendra d’un tweet sec de l’équipe des Canadiens. D’une image. D’un chandail. D’un numéro 87 dans le vestiaire du Centre Bell.
Et là, tout s’enflammera pour de bon.