Revirement de situation à Montréal: Jayden Struble change tout

Revirement de situation à Montréal: Jayden Struble change tout

Par David Garel le 2025-09-28

Les projecteurs se braquent toujours sur les magiciens. Lane Hutson, hier soir à Toronto, a encore fait lever la foule avec ses feintes improbables, ses passes qui n’existent que dans sa tête et son tir qui est rendu dans les ligues majeures.

Les partisans en redemandaient. Martin St-Louis en souriait encore à son point de presse. Tout le monde ne parlait que de lui.

Et pendant ce temps, loin des caméras, dans les coins sombres de la patinoire, un autre défenseur écrivait sa propre histoire.

Jayden Struble n’a pas les mains de Hutson. Il n’a pas l’aura médiatique. Mais hier, il a imposé sa loi. Cinq mises en échec solides, une couverture défensive sans faille, une mobilité surprenante pour un gaillard de son gabarit. C’était un rappel brutal : le hockey ne se gagne pas qu’avec des feintes, mais aussi avec des coups d’épaule.

Cette soirée, pourtant anodine pour certains, a tout changé. Parce qu’avec cette performance, Struble a relancé sa valeur. Et surtout, il a remis en question toutes les certitudes qui planaient sur lui depuis le début de l’été.

C’est là que l’ancien recruteur du Canadien, Grant McCagg, a enflammé les réseaux. Sur son fil X, il a osé comparer Struble… à Kaiden Guhle. Oui, Guhle, le joyau défensif du CH, le défenseur en porcelaine qu’on considère comme l’avenir de la brigade montréalaise.

Pour McCagg, Struble a joué hier un match qui l’a placé dans la même conversation. Certains diront que c’est une folie. D’autres que c’est un sacrilège. Mais le simple fait qu’un ancien dépisteur ose écrire ces mots démontre une chose : Struble n’est plus perçu comme un simple « throw-in » dans un échange.

Selon lui, plusieurs amateurs sur YouTube ont jugé que Struble avait été nettement moins impressionnant que Lane Hutson, et il comprend cette perception si l’on accorde plus de valeur au « flash and dash » offensif qu’à la défense robuste.

Struble, rappelle McCagg, n’offrira jamais la créativité et l’explosion offensive d’Hutson. Mais, de l’autre côté, Hutson ne fermera jamais la porte aux adversaires comme Struble peut le faire.

En décortiquant les présences du défenseur américain, McCagg a mis en avant sa mobilité, son jeu un contre un, ses relances, son positionnement et surtout sa robustesse.

Pour lui, Struble est le genre de joueur qu’il faut observer loin de la rondelle pour saisir son véritable impact. C’est précisément pour cette raison qu’il le considère comme un défenseur largement sous-estimé, et qu’il rappelle que son efficacité défensive est capitale dans un alignement qui ne peut pas miser uniquement sur le spectacle offensif.

Son nom, déjà évoqué tout l’été dans le fameux package proposé aux Bruins avec Joshua Roy et Oliver Kapanen pour Pavel Zacha, vient de prendre une valeur nouvelle.

Boston, qui a refusé ce trio, pourrait bien s’en mordre les doigts. Car maintenant, si Kent Hughes décide de remettre Struble sur la table, le prix a changé.

Il faut aussi parler de la réalité interne. Struble n’est pas seulement en compétition avec Hutson ou Guhle. Son véritable duel, c’est avec Arber Xhekaj. Les deux offrent un profil similaire : robustesse, intimidation, fiabilité défensive limitée, mais un impact physique indéniable.

Le problème, c’est que Xhekaj est un produit marketing. Le « Shérif », le chouchou des partisans, celui qui vend des chandails et qui incarne la nouvelle identité « tough » du CH. Struble, lui, ne fait pas vibrer le guichet automatique de la boutique officielle.

Et c’est précisément cette réalité qui l’a placé dans les rumeurs de transactions. Facile à sacrifier, facile à inclure dans un package. Mais hier, Struble a changé le narratif. Ses cinq mises en échec, son contrôle des espaces, sa mobilité en transition : tout cela a montré qu’il peut être plus qu’un simple pion à sacrifier.

S’il est une équipe qui doit suivre cette évolution avec intérêt, c’est bien Nashville. Les Predators ont un trou béant du côté gauche. Adam Wilsby, 25 ans, n’a joué que 23 matchs dans la LNH et demeure un défenseur de la Ligue américaine. Derrière lui, c’est le néant.

À court terme, Nashville a besoin d’un défenseur gaucher robuste capable de stabiliser son top-6. Et les dirigeants des Predators lorgnent aussi du côté du Canadien pour un centre two-way.

Owen Beck est déjà dans leur mire depuis plusieurs semaines, et la combinaison Beck + Struble pourrait parfaitement correspondre à ce que Nashville recherche pour rebâtir une équipe compétitive autour de Juuse Saros et Filip Forsberg.

Si jamais le début de saison tourne mal, attendez-vous à voir Ryan O’Reilly revenir dans toutes les rumeurs à Montréal. Le CH a besoin d’un centre d’expérience, Nashville pourrait vouloir des jeunes prêts à contribuer. Struble et Beck sont des cibles naturelles.

Mais le dossier Struble n’est pas seulement une affaire de Nashville. Les Bruins de Boston continuent de tourner autour. On le sait : ils adorent son profil. Son nom figurait déjà dans le package avec Roy et Kapanen.

Mais la donne a changé. Boston vient d’informer les 32 équipes que Pavel Zacha pourrait être disponible avant l’Action de grâce américainesi l’offre est bonne.

Les mots de Frank Seravalli ont résonné comme une bombe :

Si quelqu’un monte au front avec une bonne offre, Zacha est prenable.

Le CH a déjà cogné à cette porte. Mais avec la valeur de Struble en hausse, avec Owen Beck qui flambe au camp, et avec les besoins criants des Bruins au centre, il y a fort à parier que les discussions reprennent de plus belle.

Et puis, il y a Sidney Crosby. Les Penguins ont envoyé deux dépisteurs à Montréal pour observer les matchs préparatoires. Ce n’est pas une coïncidence. Tout le monde sait que le dossier Crosby reste ouvert. Le capitaine refuse le tanking. Pat Brisson, son agent, a déjà ouvert la porte à un départ si Pittsburgh sombre.

Le CH sait qu’il doit se préparer. Dach est sur la table, mais les noms de Struble, Beck, Kapanen et Roy circulent aussi.

Dans ce contexte, chaque performance comme celle d’hier gonfle la valeur des actifs montréalais. Struble n’est plus une pièce secondaire. Il peut devenir un atout central dans un package.

Ce qui frappe dans toute cette histoire, c’est le paradoxe. Struble est à la fois :

Un joueur sacrifiable, car il ne possède pas l’aura marketing de Xhekaj ni le flash de Hutson ;

mais aussi un joueur indispensable, car sa robustesse et sa mobilité en font un profil rare dans la LNH actuelle.

Ce double statut le rend fascinant. Chaque mise en échec qu’il distribue augmente son prix. Chaque séquence défensive solide renforce son dossier. Et chaque rumeur de transaction qui fuit nourrit son aura de pièce convoitée.

Dans les prochains jours, tout va se jouer. Les Bruins continuent d’évaluer leurs options. Nashville surveille son début de saison avec inquiétude. Pittsburgh observe, prêt à réagir si Crosby claque la porte. Et Montréal jongle avec ses actifs, sachant que la congestion à gauche ne peut pas durer éternellement.

Si Struble maintient ce rythme, il y a deux options :

Il gagne sa place de régulier à Montréal et force Hughes à revoir son plan.

Il devient la pièce maîtresse d’un échange majeur, que ce soit pour Zacha, O’Reilly ou même Crosby.

Dans les deux cas, sa soirée d’hier aura marqué un tournant.

Dans tout cette saga, il ne faut pas perdre de vue l’ombre immense de Sidney Crosby. Parce qu’aussi fascinant que soit le duel interne entre Struble, Xhekaj et Hutson, aussi excitantes que soient les spéculations autour de Boston ou Nashville, le vrai dossier demeure Crosby.

Et si Struble continue de multiplier les performances de ce calibre, il pourrait bien devenir l’une des clés qui permettra au CH de réaliser le plus grand coup de son histoire récente : amener Sidney Crosby à Montréal.

Il faudra rajouter la lune avec lui pour convaincre les Penguins...