Quand Tyler Toffoli a débarqué à San Jose cet été, plusieurs ont salué le geste comme un ajout de vétéran capable de produire malgré l’environnement toxique d’un club en pleine reconstruction.
Mais voilà que quelques semaines à peine après le début de la saison, des doutes profonds s’installent. Et ils ne viennent pas de la Californie.
Ils viennent d’ici, du Québec, et ils ont traversé le continent. Parce que les propos de Renaud Lavoie à BPM Sports n’ont pas simplement marqué les auditeurs locaux : ils ont trouvé écho jusque dans le vestiaire des Sharks.
« Toffoli n’aidait pas du tout Dominique Ducharme quand il était entraîneur. En fait, il lui nuisait plus qu’autre chose », a lancé Renaud Lavoie, sans détour.
Des mots lourds de conséquences, surtout pour une organisation comme San Jose, qui cherche désespérément à rebâtir une culture de travail, de respect et d’exemplarité autour de ses jeunes espoirs.
Or, l’arrivée d’un vétéran comme Toffoli, qui traîne maintenant la réputation d’un joueur au je-m’en-foutisme légendaire, pourrait sérieusement compromettre cet effort de redressement.
Toujours selon Lavoie, le principal problème de Toffoli à Montréal n’était pas son talent, personne ne remet en question son tir, sa vision du jeu ou sa capacité à marquer. Le problème, c’était son attitude.
« Il attendait juste que le match finisse. Il ne voulait rien savoir de jouer pour le Canadien », a-t-il affirmé, en soulignant que ce genre de comportement était non seulement inacceptable, mais carrément nuisible pour un entraîneur en difficulté comme Ducharme.
Toffoli, qui formait un duo inséparable avec Jake Evans, était vu à l’époque comme un joueur aimé dans le vestiaire. Mais les apparences sont parfois trompeuses.
Ce n’est pas sa personnalité qui est remise en cause aujourd’hui, on dit de lui qu’il est un bon gars, mais plutôt son manque total de professionnalisme lorsque la pente s’est accentuée à Montréal.
Et c’est là que la situation devient inquiétante pour San Jose.
Toffoli n’est pas allé à San Jose pour gagner. Il est allé là parce que c’était l’un des rares clubs prêts à lui offrir un contrat à court terme dans un rôle de premier plan.
Le hic, c’est que les Sharks n’ont pas besoin d’un passager de luxe. Ils ont besoin d’un électrochoc, d’un leader, d’un professionnel. Et quand Lavoie affirme qu’il n’a jamais vu un joueur de la LNH « s’en foutre autant », on comprend pourquoi l’onde de choc est palpable en Californie.
La honte, c’est que Toffoli a été jumelé dès le départ à William Eklund et Macklin Celebrini, et que certains se demandent déjà si ce n’est pas une mauvaise idée. Il ne faut pas sous-estimer l’influence d’un vétéran sur un jeune noyau. Et si Toffoli ramène son attitude toxique à San Jose, la reconstruction pourrait en souffrir gravement.
Même les partisans commencent à se poser des questions. Pourquoi ajouter un joueur qui s’est déjà comporté comme une pomme pourrie dans un vestiaire vulnérable? Est-ce qu’il est là pour encadrer Celebrini et Eklund?
Une pomme pourrie avec deux prodiges... mauvais cocktail..
La déclaration de Lavoie n’est pas tombée dans l’oubli. À San Jose, on l’a entendue. Et dans certains cercles de la LNH, on commence à se demander pourquoi Mike Grier a voulu prendre ce risque.
Après tout, l’idée d’importer un vétéran qui « nuisait plus qu’autre chose » à son dernier entraîneur n’a rien de rassurant. Et encore moins dans un marché qui cherche désespérément à redorer son image.
Dans les coulisses, plusieurs agents s’interrogent. Pourquoi Toffoli, pourquoi maintenant, pourquoi dans ce marché? Il n’est pas exclu que Grier ait voulu gagner du temps en amenant un marqueur naturel, mais à quel prix?
Il est aussi pertinent de rappeler l’attachement profond entre Toffoli et Jake Evans. Lors de son passage à Montréal, Toffoli ne cachait pas son affection pour le jeune centre, au point où certaines voix dans l’organisation trouvaient leur duo un peu trop fusionnel.
Une relation qui semblait inoffensive à première vue, mais qui a aussi alimenté un esprit de clique dans un vestiaire fragilisé.
Le tweet viral de 2022 résume bien cette dynamique :
« Trouvez-vous un ami qui vous aime autant que Tyler Toffoli aime Jake Evans. »
Certains, dans le monde du hockey, voient ce genre de proximité comme un atout. D’autres y voient une distraction. Dans un contexte de reconstruction, la discipline collective est primordiale.
Ce n’est pas un hasard si Renaud Lavoie a comparé Toffoli à Mike Hoffman dans son segment. Ces deux joueurs partagent une réputation : celle d’être talentueux, mais toxiques dans leur engagement.
À Montréal, Hoffman était perçu comme une force négative dès son arrivée. Il n’était là que pour encaisser son chèque de 6 M$ par année sur 4 ans, marquer quelques buts en avantage numérique, puis disparaître dans l’indifférence.
Toffoli, avec ses 37 buts et 70 points en 89 matchs, a eu une meilleure feuille de route. Mais il semble avoir quitté le club avec le même désintérêt que Hoffman a toujours affiché.
Et à San Jose, cette comparaison dérange. Parce que les Sharks veulent éviter à tout prix de reproduire les erreurs des Canadiens. Ils ne veulent pas d’un joueur qui, au premier signe d’adversité, baisse les bras et abandonne son entraîneur.
Une autre erreur d’un club en chute libre?
La décision d’ajouter Toffoli à cette équipe en détresse soulève donc une question simple mais cruciale : pourquoi?
Pourquoi faire entrer un joueur associé à une attitude nonchalante et à une influence négative, dans un vestiaire où le moral est déjà au plancher?
La réponse se trouve peut-être dans la réalité cruel des Sharks : ils n’ont pas d’autre choix. Le marché est restreint. Peu de joueurs veulent jouer à San Jose. Encore moins dans un rôle de mentorat. Alors on prend ce qu’on peut.
Mais dans une ligue où les dynamiques d’équipe sont aussi fragiles qu’importantes, ce genre de pari peut coûter très cher.
Au final, c’est Tyler Toffoli qui détient les clés de ce chapitre. S’il change son approche, s’il s’implique réellement, s’il se donne la peine d’encadrer les jeunes plutôt que de les influencer négativement, il peut renverser le narratif.
Mais s’il retombe dans ses vieilles habitudes, s’il continue à jouer comme s’il attendait simplement que le match finisse, alors San Jose pourrait bien devenir sa dernière adresse sérieuse dans la LNH.
Et cette fois, il ne pourra plus blâmer la reconstruction, l’entraîneur ou le vestiaire. Cette fois, ce sera sur lui.