Retour des Nordiques: Pierre-Karl Péladeau tassé par Luc Poirier

Retour des Nordiques: Pierre-Karl Péladeau tassé par Luc Poirier

Par David Garel le 2025-07-08

Il a suffi de quelques mots. En entrevue sur le plateau du Pat McAfee Show sur les ondes d'ESPN, Gary Bettman a glissé une phrase qui a résonné comme une détonation au Québec :

« On entend parler de Québec ».

Une simple mention, mais dans une province où les espoirs de revoir les Nordiques étaient enterrés sous des années de déceptions, cette phrase a rallumé une flamme.

En quelques heures, les lignes ouvertes de radio, les réseaux sociaux et les groupes de partisans se sont enflammés.

Bettman, l’homme qu’on a passé des années à accuser d’être l’ennemi juré du Québec, venait de remettre la Vieille Capitale dans la discussion.

Mais au-delà de l’émotion, une question fondamentale se pose : qui pourrait porter ce projet? Et la réponse évite soigneusement le nom de Pierre-Karl Péladeau.

Depuis des années, PKP était perçu comme le seul capable de ramener une équipe à Québec. Il possède TVA Sports, il a le Centre Vidéotron, et il a répété publiquement que ce projet lui tenait à coeur. Mais aujourd’hui, il est ailleurs. Son obsession s’appelle Air Transat.

Depuis plus d’un an, Péladeau a tenté de mettre la main sur Transat A.T., multipliant les offres d’achat, les lettres officielles, les sorties médiatiques, et même une poursuite en Cour supérieure.

C’était devenu sa priorité numéro un. Son rêve était de créer une compagnie aérienne nationale, sous contrôle québécois, qui concurrencerait les grands transporteurs canadiens.

Mais ce rêve vient de s’effondrer.

Transat, lourdement endettée, a préféré une entente avec la Corporation de financement d’urgence d’entreprises du Canada (CFUEC), qui coupe sa dette en deux et donne au gouvernement fédéral jusqu’à 20 % des actions.

Péladeau a tout fait pour bloquer l’entente. Il a déposé une injonction. Il a hurlé à la dilution. Il a affirmé que Transat était en faillite virtuelle. Mais la Cour supérieure l’a débouté, estimant que son argumentation n’était pas sérieuse.

Pire encore : le jour même où l’entente avec la CFUEC a été annoncée, le titre de Transat a bondi de 62 %. L’action que PKP voulait acheter à 80 cents valait maintenant plus de 2,60 $. Le projet de prise de contrôle à bon prix était mort. Et Ottawa devenait l’actionnaire dominant.

C’est un échec total, publiquement exposé. Après avoir interpellé Transat à sept reprises, présenté cinq offres de rachat, accepté une clause de 2 millions d’indemnité pour rupture, et relancé en douce une nouvelle offre aussitôt le chèque encaissé, Péladeau a vu son plan s’effondrer devant tout le monde.

Le rêve d’Air Transat est mort. Et avec lui, la légende de PKP le stratège.

Pendant ce temps, à Québec, un homme rit dans sa barbe : Luc Poirier. Lui aussi a un rêve, et il ne l’a jamais abandonné.

Ramener les Nordiques. Il en a parlé à RDS. Il en a parlé à Radio X. Il en parle dans ses documentaires. Il dit les choses franchement : il veut une équipe de hockey, pas une guerre de médias. Et surtout, il veut le faire sans PKP.

Lorsqu’on lui demande s’il pourrait s’associer à Péladeau, il répond froidement : « PKP étant PKP, ce n’est pas évident de faire des affaires avec lui. »

Luc Poirier, c’est l’anti-PKP. Il ne vient pas des cercles fermés de l’élite médiatique. Il a grandi dans un HLM. Il a fait sa première petite fortune en vendant des cartes de hockey entre le Québec et l’Ontario. Il s’est fait traiter de “parvenu” toute sa vie. Il a été un outsider. Et maintenant, c’est lui qui est à deux doigts de se retrouver au centre d’un projet historique.

La plus grande revanche possible? Devenir l’homme qui a ramené les Nordiques, pendant que PKP échoue publiquement dans son propre rêve d’avion.

Luc Poirier a toujours dit qu’il ne faisait pas ça pour l’argent. Il a les moyens. Il est en train de transformer un vieux cratère industriel à La Prairie en un projet immobilier de près d’un milliard de dollars. Il pourrait arrêter de travailler demain matin. Mais ce qu’il aime, c’est les projets. Et celui des Nordiques est le plus symbolique de tous.

Aujourd’hui, il est crédible. Il est libre. Il est stratégique. Et s’il se rend jusqu’à Bettman avec un vrai dossier, sans médias, sans tensions, sans politique, il peut gagner.

Péladeau, lui, est maintenant disqualifié. La LNH ne veut rien savoir. Le gouvernement du Québec se méfie. Et les investisseurs ne le suivent plus. Il a perdu Transat. Il a perdu la LNH. Et il a perdu le narratif.

Luc Poirier a tout entre les mains. Il ne reste qu’à foncer. Et si jamais les Nordiques reviennent, tout le monde saura ce que cela signifie : la fin du règne de PKP.

Et l’avènement de Luc le milliardaire.

Et s’il fallait une preuve ultime que la page est tournée pour de bon, il suffit d’observer le silence gêné de Pierre Karl Péladeau depuis l’échec de sa tentative de rachat de Transat.

Lui qui, il n’y a pas si longtemps, convoquait les médias pour parler de « souveraineté économique » en martelant que Transat devait rester québécoise, s’est évaporé du dossier public. Plus d’allocutions, plus de lettres ouvertes. Rien. Comme s’il avait compris que, cette fois, c’était fini. Qu’il avait tout misé… et tout perdu.

Pendant ce temps, Luc Poirier multiplie les sorties. Il parle ouvertement de son rêve. Il ne cache plus rien. Il veut ramener les Nordiques, et il veut surtout le faire seul. Il refuse catégoriquement de se mêler à ce qu’il qualifie à demi-mot de « fouillis médiatico-politique ».

Poirier ne veut pas de TVA Sports, ne veut pas de comité fantôme, ne veut pas de mise en scène. Il veut un projet sérieux, clair, transparent. Et il veut que les gens de Québec sachent exactement à quoi s’attendre.

Poirier incarne une nouvelle ère. Celle des bâtisseurs modernes. Moins d’apparat, plus d’efficacité. Moins de symboles nationalistes, plus de résultats tangibles.

En coulisses, plusieurs sources affirment que Poirier aurait même déjà entamé des discussions discrètes avec d’autres partenaires financiers canadiens, des noms crédibles, solides, respectés dans le monde des affaires. Exactement le profil que recherche la LNH pour son futur plan d’expansion.

Et ce n’est pas une coïncidence si Gary Bettman a cité Québec à ESPN. Ce n’est pas un lapsus. Ce n’est pas une charité culturelle. C’est parce que quelqu’un a manifesté un intérêt. Quelqu’un de sérieux. Quelqu’un qui n’est pas Pierre Karl Péladeau.

Tout indique que ce quelqu’un, c’est Luc Poirier.

Et c’est là que la vengeance prend des allures de triomphe personnel. Imaginez la scène : une conférence de presse au Centre Vidéotron, avec un chandail bleu poudre dévoilé sous les applaudissements, et Luc Poirier au micro, la voix tremblante d’émotion.

Pendant ce temps, PKP, dans sa tour de Quebecor, regarde la télé en silence. Un projet qu’il avait juré de concrétiser, repris, réalisé, célébré… par son plus grand rival.

Ce ne serait pas seulement une victoire entrepreneuriale. Ce serait un basculement historique. Une réappropriation du rêve, par celui qu’on ne voulait pas dans le club fermé des décideurs. Une claque magistrale à ceux qui l’ont traité de trop flamboyant, trop bruyant, trop télé-réalité pour être crédible.

Luc Poirier a fait ses preuves. Il n’a pas besoin de demander la permission. Il a l’argent. Il a le réseau. Il a l’écoute de la LNH. Et surtout, il a la confiance du public. Parce qu’à travers ses Ferrari et ses vestons de marque, ce qu’on voit désormais, c’est un gars vrai. Un gars qui n’a pas oublié d’où il vient. Un gars qui veut redonner.

Et le Québec aime ça. Le Québec s’identifie à ça. Plus que jamais.

Alors qu’est-ce qui manque? Rien. Absolument rien. Sauf peut-être un dernier geste : que Luc Poirier lève la main officiellement, et dise haut et fort ce que tout le monde murmure déjà.

Que c’est lui, maintenant, le véritable héritier des Nordiques.