C’est une vague. Un raz-de-marée émotionnel qui, depuis quelques jours, déferle sur les réseaux sociaux québécois. Un hashtag revient, obsessionnel : #DanaultÀMontréal. Et pour cause.
Il y a dans l’air, depuis l’arrivée d’Ivan Demidov et celle attendue de Zachary Bolduc, un sentiment d’échec sur le marché des transactions.
Celui que le Canadien de Montréal, malgré tous ses efforts pour bâtir vers l’avant, n’a toujours pas trouvé ce centre capable de protéger les jeunes stars avec constance, rigueur et responsabilité défensive. Et dans les yeux de milliers de partisans, un seul nom peut remplir ce rôle à la perfection : Phillip Danault.
Oui, Danault. Le même que Marc Bergevin avait laissé partir comme un indésirable incapable de marquer.
Le même qui s’est exilé en Californie pour devenir un joueur offensif, un homme important dans une équipe aspirante.
Mais aujourd’hui, les vents ont tourné. Et Danault, relégué au troisième trio chez les Kings, éclipsé par la montée fulgurante de Quinton Byfield alors qu'Anze Kopitar est toujours le centre numéro un, pourrait être tenté de revenir là où il aurait toujours voulu rester.
Car ne nous y trompons pas : Phil n’a jamais voulu quitter Montréal.
En 2021, la fin du règne de Bergevin est marquée par un immense malentendu. Le DG de l’époque refusait de donner à Danault ce qu’il demandait : un rôle offensif, un salaire de top 6.
Il voyait en lui un centre défensif, un plombier de luxe, pas un moteur de production. Danault, blessé dans son orgueil, avait alors plié bagage vers Los Angeles pour 6 ans à 5,5 M$ la saison.
À ses débuts en Californie, Danault brille. Il obtient enfin le temps de glace sur l’avantage numérique. Il marque. Il passe. Il prouve qu’il peut faire plus qu’éteindre les meilleurs trios adverses. Il est utilisé à toutes les sauces. Il devient même un leader respecté.
Mais la lune de miel n’a pas duré. Depuis l’éclosion de Byfield et l’éternel règne de Kopitar, Danault se voit tranquillement glisser vers l’arrière-plan.
Son rôle s’effondre. Son temps de glace chute. Et ses présences sur la 2e unité d'avantage numérique deviennent rarissimes.
Il est redevenu ce que Bergevin voulait qu’il soit : un centre de troisième trio. Et aujourd’hui, il le sait. Ce n’est pas pour ça qu’il a quitté Montréal.
Et comme si ça ne suffisait pas, la réalité californienne est devenue cauchemar. Les incendies qui ont ravagé la région de Los Angeles ont affecté Danault bien plus qu’on ne l’imagine. Dans une entrevue donnée il y a quelques jours, on le sentait bouleversé, fragilisé.
« C’est difficile de partir sur la route alors que ta famille reste là-bas, à respirer la cendre. On essaie de rester positif, mais honnêtement, c’est stressant », avait-il confié aux journalistes.
Sa femme et ses deux enfants habitent à South Bay, à quelques kilomètres seulement des zones rouges. Des amis ont perdu leurs maisons. Des voisins ont tout laissé derrière eux.
Ce contexte anxiogène, mêlé à une diminution de son rôle chez les Kings et à une organisation qui envisage sérieusement de libérer son contrat, fait que les astres semblent enfin s’aligner. Pas pour le chaos, mais pour une rédemption.
Le Canadien de Montréal a changé. Et Danault aussi.
Ce qui empêche les rumeurs de mourir, c’est l’évidence que le retour de Danault ferait aujourd’hui du sens… pour les deux camps.
Montréal a tourné la page sur l’ère Bergevin. Kent Hughes et Jeff Gorton n’ont aucun passé trouble avec Danault. Martin St-Louis, lui, a toujours respecté les joueurs « fiables défensivement qui pensent le jeu ».
Et puis, regardons l’alignement du CH. Michael Hage est encore trop jeune. Kirby Dach est une énigme physique et mentale. Owen Beck est un projet indésirable vu qu'on l'a proposé aux Islanders et que Mathieu Darche voulait vraiment Emil Heineman.
Jake Evans, bien que vaillant, n’a pas la même influence qu’un Danault. Ce qui manque, c’est un centre capable d’encadrer Ivan Demidov, capable d’absorber les minutes défensives, capable d’enlever de la pression à Nick Suzuki.
Zachary Bolduc, lui, rêve d’un mentor québécois. Mais dans les faits, c’est à un centre défensif comme Danault qu’il pourrait le mieux se coller. Un Bolduc-Danualt Demidov serait un trio équilibré, responsable, et électrisant.
Il est à vendre. Et Matheson est la monnaie d’échange.
Selon le journaliste Chris Johnston, Ken Holland veut libérer 5,5 M$ pour faire place à un défenseur gaucher. Et Danault est ciblé.
Or, que cherche Holland en retour? Un défenseur gaucher, mais surtout mobile, capable de relancer l’attaque et de jouer en avantage numérique.
Mike Matheson est l’homme de la situation. Avec un contrat à 4,875 M$ pour une seule année, il coûte moins cher que Danault. Il est en fin de contrat. Et il répond à un besoin criant des Kings.
L’échange est possible. Il est même logique. Pour Kent Hughes, ce serait vendre Matheson avant que sa valeur ne chute. Et pour Holland, ce serait combler un besoin immédiat tout en se débarrassant d’un contrat devenu encombrant.
Une histoire digne d’Hollywood… à Montréal.
Ce retour aurait des allures de film. Le rejeté devenu leader. L’exilé devenu sauveur. Le fils prodige qui revient, non pas pour finir sa carrière comme un vétéran vidé, mais pour reprendre ce qu’on lui a arraché trop tôt.
Danault n’a jamais critiqué Montréal. Il n’a jamais fermé la porte. Et aujourd’hui, c’est la foule elle-même qui la rouvre pour lui.
Les réseaux sociaux sont inondés de messages. Les partisans rêvent de le revoir avec le « A » sur le chandail, prêt à protéger les jeunes, à bloquer des lancers, à faire le sale boulot qu’aucun autre joueur n’aime faire.
Et ce rêve est nourri par le chaos des derniers mois. Les feux. L’incertitude à Los Angeles. Le changement d’agent. L’offre des Kings pour Marner. Le besoin du CH. Tout s’aligne.
Mais attention : il ne faut pas se brûler.
Si Phil Danault revient à Montréal, ce ne sera pas comme bouche-trou. Il devra jouer gros. Et pour 5,5 M$, on attendra de lui du rendement.
Est-ce qu’il peut redevenir un joueur de 45-50 points par saison à Montréal alors qu'il en a amassé 43-47-54-51 lors des 4 dernières années à Los Angeles?
Est-ce que son jeu défensif est toujours élite alors qu'il n'était même pas toujours confronté à Connor McDavid lors de la dernière ronde éliminatoire?
On pense sincèrement que la motivation de revenir au Québec et de jouer sur un trio avec Ivan Demidov et Zachary Bolduc pourrait faire de Danault un monstre défensif.
Dans tous les cas, une chose est claire comme de l'eau de roche : ce retour serait profondément humain. Une réparation. Un pardon. Un geste qui transcende les chiffres et la logique de cap salarial.
Parce que parfois, une équipe doit aussi guérir ses cicatrices. Et Phil Danault à Montréal, c’est une cicatrice mal refermée.