La tension entre Patrik Laine et Martin St-Louis n’est plus un simple bruit de fond. Elle est désormais visible, évidente, presque électrique.
Ce qui, au départ, n’était qu’un ajustement tactique s’est transformé en véritable bras de fer entre un entraîneur à bout de patience et une vedette déclassée qui refuse d’accepter sa nouvelle réalité.
Jour après jour, les signes s’accumulent. Les discussions sur la glace, les regards évités dans le vestiaire, les choix d’alignement, la frustration grandissante : tout indique que la relation entre les deux hommes est au bord de la rupture.
Tout a commencé à Brossard, lors de cette fameuse séance d’entraînement où Patrik Laine, seul sur une autre patinoire que ses coéquipiers, patinait en silence avant que Martin St-Louis ne s’avance vers lui pour une discussion tendue.
Devant les caméras, les deux hommes ont échangé longuement. Les mots étaient mesurés, les visages fermés. Ce n’était pas une conversation anodine. C’était l’image d’une relation qui craque.
Plusieurs témoins présents ont noté que la tension était telle qu’on aurait pu couper l’air au couteau. Depuis ce jour, les interactions entre Laine et St-Louis se sont raréfiées. Selon plusieurs sources autour de l’équipe, ils ne s’adresseraient pratiquement plus la parole en dehors de ces échanges forcés sur la glace.
Martin St-Louis a tout essayé. Des essais avec Demidov et Dach pour stimuler Laine offensivement. Des trios plus équilibrés pour tenter de le cacher défensivement. Des conversations individuelles. Des réponses évasives en point de presse pour éviter d’alimenter la polémique.
Mais la vérité est simple : il ne sait plus quoi faire avec cette patate chaude. Laine est lent, inefficace à cinq contre cinq, inconstant, frustré. Et surtout, il est inéchangeable. Avec son contrat, ses antécédents à Winnipeg et Columbus, et son incapacité à s’adapter au rythme moderne, aucun directeur général n’est prêt à prendre ce risque.
Richard Labbé de La Presse l’a dit clairement à :
« Je pense que ça va arriver qu’il soit écarté de la formation. Si ça arrive, il ne doit pas se surprendre. C’est lui qui a la réponse entre les mains. »
De son côté, Guillaume Lafrançois a répété que Laine est désormais « dans les jambes » de cette équipe, qu’il ne correspond plus du tout à l’identité offensive que Kent Hughes et St-Louis veulent imposer.
« La stabilité autour de Kapanen laisse croire que le Canadien aime ce qu’il voit et qu’on veut lui donner la chance de développer quelque chose avec Newhook et Demidov. Patrik Laine commence à se promener beaucoup. On dirait presque qu’ils ne savent pas quoi faire avec lui.»
Le sondage mené par La Presse auprès de plus de 10 000 lecteurs n’a fait que confirmer la tendance. 31,6 % des partisans voient Patrik Laine comme la déception de la saison à venir, le plaçant au même niveau que Kirby Dach.
Près de 15 % estiment même qu’il sera le premier joueur échangé. Autrement dit, la base de partisans n’y croit plus. Le Finlandais, autrefois perçu comme une arme fatale en avantage numérique, n’est plus qu’un nom qui encombre la formation.
Et le terrain parle encore plus fort que les sondages. Aujourd’hui, Laine évolue sur le quatrième trio, aux côtés de Jake Evans et Josh Anderson.
Hier encore, il était sur le cinquième trio. À chaque entraînement, il descend un peu plus dans la hiérarchie. Ce n’est plus lui qu’on insère dans le top-9 quand une place se libère. Ce n’est plus lui qu’on teste avec les jeunes créatifs. Il n’est plus qu’un pion de rotation, une option par défaut.
Selon plusieurs observateurs proches de l’équipe, Patrik Laine serait furieux contre Martin St-Louis. Il estime qu’on lui a vendu une vision à son arrivée à Montréal : un rôle offensif important, des partenaires de talent, une vraie chance de relancer sa carrière dans un marché passionné.
À ses yeux, cette promesse n’a pas été tenue. Dans les faits, c’est son incapacité à s’imposer qui l’a condamné, mais le Finlandais ne le voit pas ainsi. Pour lui, St-Louis l’a abandonné trop vite.
Dans le vestiaire, son langage corporel est éloquent : isolement, regard vide, gestes brusques. Sur la glace, il ne célèbre plus, il s’agace.
Et lorsque St-Louis est interrogé sur son cas en conférence de presse, il répond de plus en plus sèchement, comme un homme fatigué de répéter les mêmes choses. Cette lassitude transparaît même dans ses choix. Chaque nouveau trio qui exclut Laine est une petite bombe silencieuse.
Laine n’est pas seulement un problème sportif. Il est un problème administratif. Son salaire, combiné à ses contre-performances, en fait un joueur presque impossible à échanger.
Et comme le rétrogradrer à Laval serait un scandale sa précédent (il ne serait probablement pas réclamé au ballottage, la seule issue réelle serait une entente entre les deux parties pour qu’il rentre chez lui. La convention collective le permet : on peut lui demander de quitter l’équipe en échange d’un paiement, ou d’une mise à l’écart négociée.
Ce scénario, jadis impensable, commence à circuler dans les coulisses. Certains journalistes ont même commencé à en parler ouvertement. Stéphane Waite a été l’un des premiers à dire publiquement :
« Je pense qu’il pourrait sauter son tour. » Et il n’est pas le seul.
Dans un marché comme Montréal, le jugement populaire est impitoyable. Les partisans, qui rêvaient de voir Laine retrouver son lustre aux côtés de Caufield et Suzuki, ont déjà tourné la page. Sur les réseaux sociaux, les commentaires sont sans équivoque : Laine est « fini », « trop lent », « un boulet ».
Certains réclament qu’on donne sa place à Zachary Bolduc ou à des jeunes affamés du Rocket. D’autres parlent carrément de le laisser à la maison pour ne pas nuire à la dynamique d’équipe.
Le sondage de La Presse en dit long : dans l’esprit du public, il n’est plus une solution, il est un problème à régler.
Pour Martin St-Louis, la situation devient explosive. Continuer à le faire jouer par respect pour son statut ou pour des considérations contractuelles minerait sa crédibilité auprès du groupe.
Le rétrograder encore, voire l’exclure complètement de la formation, créerait une commotion sans précédent à Montréal. Mais l’immobilisme est encore pire : cela donne l’image d’une équipe qui ne sait pas quoi faire de l’un de ses éléments majeurs.
Et St-Louis, déjà sous pression après un camp où les médias trouvent son ton de plus en plus agacé, n’a pas besoin d’une bombe à retardement dans son vestiaire.
La tension entre lui et Laine est devenue le dossier le plus délicat de cette fin de camp. Elle prouve les frustrations, les attentes déçues et les limites d’un joueur dont la carrière prend une tournure tragique.
Patrik Laine n’est plus un facteur à Montréal. Il est devenu un fardeau tactique, un poids contractuel et une source de tension interne. Martin St-Louis, lui, ne veut plus ménager cette situation. Kent Hughes, le sait aussi : il faudra s’en débarrasser d’une manière ou d’une autre.
Et pendant que Laine glisse sur le quatrième trio, que les partisans l’abandonnent et que son entraîneur évite désormais de prononcer son nom autrement qu’avec lassitude, une seule issue se dessine réellement : la fin de l’aventure montréalaise. Peut-être pas demain matin. Mais inévitablement.