Rebondissement Montréal-Chicago: Kent Hughes tente le tout pour le tout

Rebondissement Montréal-Chicago: Kent Hughes tente le tout pour le tout

Par David Garel le 2025-09-27

Le Canadien de Montréal se retrouve dans une situation qu’il n’avait jamais envisagée aussi tôt : une vulnérabilité criante sur le côté droit de sa défensive.

Le scénario est digne d’un mauvais rêve pour Kent Hughes et Martin St-Louis, qui croyaient avoir sécurisé cette position, au point de sacrifier Logan Mailloux pour Zachary Bolduc. Mais les blessures, les mauvaises surprises et le manque de profondeur ont transformé ce pari en véritable casse-tête.

Tout a commencé avec la blessure de Noah Dobson à l’aine lors d’un match préparatoire. On respire un peu : ce n’est pas grave, mais c’est suffisant pour rappeler à quel point la marge de manœuvre est mince à droite.

Derrière lui, la situation est encore plus inquiétante : David Reinbacher, qui avait déjà déçu en camp d’entraînement, est maintenant sur la touche pour un mois avec une fracture à la main.

En clair, le seul droitier valide et fiable reste Alex Carrier. C’est mince, trop mince, pour une équipe qui veut progresser et bâtir de la stabilité.

On s’apprête donc à aligner des duos déséquilibrés comme Matheson-Dobson (deux défenseurs offensifs soft) et Guhle aussi légèrement blessé à l'aine)-Hutson, deux gauchers. Un aveu de faiblesse dans une LNH où chaque détail coûte cher.

Pendant ce temps, à Chicago, les Blackhawks cherchent désespérément à se débarrasser de Connor Murphy. Le vétéran défenseur droitier de 32 ans, lourdement blessé au fil des saisons, n’entre plus dans les plans d’une organisation tournée vers Levshunov, Vlasic, Korchinski et Rinzel à la ligne bleue. 

Son contrat de 4,4 millions pour une dernière année est un fardeau qu’on tente de liquider depuis des mois.

Les Hawks avaient déjà tenté de l’inclure dans les discussions autour du contrat de Carey Price, mais Kent Hughes avait claqué la porte.

Pas question d’échanger un boulet contre un autre. Hughes a eu raison puisqu'il a trouvé preneur à San Jose gratuitement.

Mais ça, c’était avant que Reinbacher s’effondre et que Dobson inquiète. Aujourd’hui, l’urgence de la situation change la donne. Montréal n’a pas le luxe de fermer les yeux sur un vétéran droitier disponible.

Murphy n’est pas une solution miracle. Son style défensif pur et son expérience pourraient colmater une brèche à court terme, mais son historique de blessures et sa mobilité limitée font de lui un risque.

Ajouter son contrat, même pour quelques mois, viendrait congestionner une masse salariale déjà fragile. Mais quand une équipe aspire à être compétitive, surtout dans une division aussi féroce, parfois la panique l’emporte sur l’idéalisme.

L’idée d’un « stopgap » prend de la valeur : amener Murphy comme solution temporaire, quitte à le « flipper » à la date limite si un jeune perce plus tôt que prévu. C’est exactement le genre de manœuvre qu’Hughes a déjà maîtrisée.

Tout ce dossier met en lumière l’erreur originelle : avoir échangé Logan Mailloux. Qu’on l’aime ou non, le défenseur représentait exactement ce qui manque aujourd’hui à l’organisation : un droitier robuste, avec l'un des meilleurs tirs au monde, capable de jouer du volume et de manger des minutes. À vouloir équilibrer son attaque avec Bolduc, Hughes a créé une faille béante dans sa défensive.

Et comme souvent dans le hockey, ce sont les blessures qui exposent les faiblesses structurelles. Aujourd’hui, Montréal paie ce choix, et doit envisager des solutions qui semblaient inacceptables il y a quelques semaines.

Chicago le sait. Les Hawks flairent l’opportunité. Ils ont compris que Montréal ne peut pas se contenter d’un alignement où Carrier est le seul droitier solide après Dobson.

C’est pourquoi le nom de Connor Murphy recommence à circuler à grande vitesse. Dans les coulisses, les agents, les recruteurs et les DG savent que Hughes, pour la première fois, écoute vraiment.

Reste à savoir si Hughes sera capable de négocier Murphy à son prix, c’est-à-dire comme une police d’assurance à court terme, sans hypothéquer l’avenir ni se retrouver piégé par un vétéran usé.

Mais une chose est claire comme de l'eau de roche : le Canadien, pour combler ses trous, doit soudainement envisager des avenues qu’il rejetait encore hier.

Ce qui s’est produit au camp d'entraînement dépasse le simple cadre d’un match préparatoire. C’est un symbole, un rappel brutal de la fragilité des choix de direction.

Car chaque fois que Logan Mailloux livre une performance qui enflamme St-Louis, c’est le nom de Kent Hughes qui revient sur toutes les lèvres à Montréal.

Les partisans n’ont pas oublié le prix payé : sacrifier un droitier rare, puissant et talentueux, pour Zachary Bolduc, un attaquant québécois qu’on a déjà placé à une troisième ligne sans réel impact.

C’est cruel, mais c’est la loi du hockey : la mémoire des partisans est sélective et cruelle. Ils se souviennent du joueur qu’on a laissé filer, pas du projet qu’on tente de développer. Et chaque passe de Mailloux, chaque présence massive, chaque compliment public d’un entraîneur adverse agit comme une gifle directe dans le visage de la haute direction du CH.

Plus encore, c’est un rappel de la pénurie actuelle à droite de la défensive montréalaise. Dobson blessé à l’aine, Reinbacher déjà sur la touche, Carrier seul contre tous...

Dans ce contexte, voir Mailloux s’imposer comme un pilier potentiel chez les Blues, c’est comme regarder son voisin profiter de la piscine que tu as toi-même vendue à rabais.

Et puis, il y a l’ombre de l’avenir. Car si Mailloux explose à Saint-Louis, l’erreur ne se mesurera pas seulement en performances individuelles.

Espérons que Hughes n'a pas échangé le futur Alex Pietrangelo de Saint-Louis pour un attaquant de soutien. On dira, surtout, qu’il a choisi le mauvais cheval dans un carrousel où les erreurs ne pardonnent pas.

Logan Mailloux a envoyé un message clair hier soir. À la LNH, à ses détracteurs, mais surtout au Canadien de Montréal : il est prêt à faire mentir ceux qui l’ont enterré trop vite. Sa première apparition en présaison sous le maillot des Blues n’est peut-être qu’un aperçu, mais il a frappé fort, au point de marquer les esprits dès le départ.

À Montréal, Zachary Bolduc n’a pas encore eu sa chance de briller. Il aura l’opportunité de se faire un nom, peut-être même sur le powerplay, mais l’ombre de Mailloux plane déjà.

Les comparaisons seront inévitables, semaine après semaine, comme un duel à distance. Chaque point de Bolduc sera analysé. Chaque présence de Mailloux sera scrutée. Et le premier qui trébuchera offrira à l’autre le rôle du « vol historique ».

Le hockey est cruel, et les partisans de Montréal le sont encore plus. S’ils sentent que l’organisation a sacrifié un joyau défensif pour un pari bancal, la colère pourrait se transformer en rancune durable. Kent Hughes a voulu jouer au poker avec son alignement : il a misé gros, et il pourrait bien se retrouver avec le pire scénario possible: perdre à la fois le joueur et la face.

Car si Logan Mailloux réussit son ascension à Saint-Louis, ce ne sera pas seulement sa victoire. Ce sera la revanche ultime.

Une revanche qui hantera Montréal, qui hantera Kent Hughes, et qui rappellera que parfois, dans la LNH, une seule transaction peut marquer une organisation… à vie.