Pauvre Jakub Dobeš.
Il est devenu la risée de l'Antichambre.
Chaque mouvement qu’il fait devient une caricature de lui-même. Et dimanche soir, Jakub Dobeš a vécu exactement ce type de cauchemar. Un match où le moindre déplacement devenait lourd, où chaque arrêt ressemblait à une acrobatie désespérée, où l’on sentait qu’il n’était plus dans le match mais dans la survie.
Mais le pire n’est pas venu de la glace.
Le pire est venu de l’Antichambre.
À peine le générique de fin du match lancé, Maxime Talbot s’est avancé en studio comme un chirurgien prêt à découper un dossier qu’il n’aime pas.
Et ce qui a suivi a été d’une dureté rarement vue envers un jeune gardien encore fragile dans sa construction professionnelle.
Talbot n’a pas seulement dit que Dobeš était hors position.
Il l’a mimé.
Devant les caméras. Devant le Québec au complet. Devant un public déjà nerveux autour du ménage à trois.
Il s’est levé, a étendu ses bras, et a fait le mouvement des enfants qui font des anges dans la neige.
« On dirait un kid qui fait un ange dans la neige. Toujours couché. Toujours en panique. Toujours à se lancer n’importe comment. »
Cinglant. Humiliant. Et, pour être honnête, amplifié par un troisième but encaissé qui restera longtemps dans les archives des malaises.
Un but où Dobeš, complètement renversé sur le côté, a glissé comme une luge, à genoux jusqu’à l’autre poteau, laissant son côté gauche tellement ouvert que même un joueur de Midget AAA ne manquerait pas:
Les réseaux sociaux n’ont pas été plus tendres.
« Sa technique est déficiante. »
« Il n’a aucun contrôle. »
« Impossible de le garder en haut. »
« On dirait qu’il n’a jamais eu de coaching. »
Le pauvre Dobeš était frappé droit au coeur.
Et le plus cruel dans tout ça, c’est qu’en observant la comparaison directe avec Jacob Fowler, le contraste devient presque gênant.
Fowler est carré, compact, calme. Il ne gaspille pas d’énergie. Il n’a pas besoin de se jeter partout pour exister dans son filet. Sa lecture est fluide. Sa position est propre. Il inspire la maîtrise, la stabilité, la maturité.
Dobeš, lui, ressemble encore à un gardien qui joue contre le courant de sa propre technique.
Fowler attend le jeu.
Dobeš subit le jeu.
Et dimanche soir, sous le microscope de RDS, cette différence est devenue impossible à ignorer.
Un malaise qui tombe au pire moment car Dobeš est exempté du ballottage.
Et c’est là que la situation devient franchement dangereuse pour le jeune Tchèque.
Tout le monde le sait :
Quand Samuel Montembeault reviendra le 28 décembre ou dans les jours qui suivent, le Canadien n’aura plus le luxe de garder trois gardiens.
Quelqu’un devra partir.
Et comme Montembeault n'est pas échangeable, mais que Kent Hughes ne veut pas le perdre pour rien au ballottage, va-t-il choisir d'envoyer Dobes à Laval car il n'a pas à passer par le ballottage?
Jacob Fowler aussi est exempté de ballottage, mais comme le prodige est devenu le vrai numéro un de cette équipe, il faudra choisir l'option facile (renvoyer Dobes à Laval sans stress) ou soumettre Montembeault au ballottage.
Montembeault a un contrat garanti de 3,15 M$.
La logique financière et administrative joue en sa faveur.
Dimanche, ce n’est pas seulement un mauvais match que Dobeš a joué.
C’est un match qui a redéfini la perception que l’organisation, les médias et les partisans ont de lui.
C’est un match où il a semblé petit devant le filet, malgré son énirme gabarit de 6 pieds 4 et 215 livres.
C’est un match où la technique s’est effondrée. Certains le surnomment "le Dominik Hasek des pauvres" tellement il se jette partout comme un poulet sans tête.
Hasek le faisait magistralement comme une araignée qui arrêtait tout. Dobeš le fait maladroitement... au point de faire pitié tellement il ne semble pas être un gardien possédant une technique de la LNH.
Il était tout croche...
Et quand tu es exempté de ballottage, un match comme celui-là devient une sentence.
Fowler est devenu la référence, et Dobeš semble dépassé
Il y a une semaine, on pouvait encore les mettre dans la même catégorie : deux jeunes gardiens en apprentissage, deux gars qui tentaient de trouver leur place dans un ménage à trois mal ficelé.
Mais aujourd’hui ?
Fowler est un phénomène.
Dobeš est devenu le clown de RDS.
L’un inspire.
L’autre inquiète.
L’un donne l’impression d’être un vrai gardien de la LNH.
L’autre donne l’impression de chercher son équilibre à chaque tir.
Et c’est cruel, mais dans un marché comme Montréal, la perception devient la vérité.
Les comparaisons deviennent les jugements. Et les jugements deviennent les décisions de personnel.
Qu’arrivera-t-il quand Montembeault reviendra ?
C’est la question qui hante tout le monde.
Fowler n’ira nulle part.
Impossible.
Le public l’a adopté.
Montembeault, malgré son effondrement, son malaise public, sa méforme physique rapportée à Laval, reste un actif contractuel impossible à effacer d’un claquement de doigts.
Alors il reste Dobeš.
Le jeune homme qui, hier soir, au lieu de solidifier sa place, a offert son pire moment sous les projecteurs.
Et la vérité brutale, c’est que si Martin St-Louis et Kent Hughes décident de ramener Montembeault, Dobeš devient automatiquement le candidat au renvoi à Laval.
Talbot l’a dit d’une manière cruelle.
Mais il n’a pas menti.
Si Dobeš continue de “faire l’ange dans la neige”… il ne restera pas longtemps dans la LNH.
