Ça chauffe à Brossard. Le genre de matin où un simple match intra-équipe devient une répétition générale pour les gros titres de la saison.
Au complexe d’entraînement CN, les groupes A et C du Canadien de Montréal ont livré un spectacle sans merci, dans une ambiance électrique, alimentée par la rage de certains et l’ascension d’autres. Et à travers cette mêlée, deux noms sont sortis du lot : Joshua Roy… et Oliver Kapanen, mais pas pour les mêmes raisons.
Le top 6 est connu :
Suzuki–Slafkovsky–Caulfield
Demidov–Dach–Laine,
Avant même que la rondelle ne tombe, un constat s’imposait : Martin St-Louis ne cache plus ses cartes. En séparant ses meilleurs attaquants dans deux groupes distincts, il a essentiellement officialisé le top 6 du Canadien.
Le trio Demidov–Dach–Laine est intact. Kirby Dach, revenu en pleine forme, semble avoir gagné le respect de l’état-major qui veut lui donner un véritable « runway » pour s’installer comme centre #2.
À ses côtés, Patrik Laine et Ivan Demidov enflamment la glace à chaque présence, combinant finesse, vitesse et menace constante.
Dans l’autre groupe, Nick Suzuki, Cole Caufield et Juraj Slafkovsky forment une première ligne qui ressemble à une déclaration de guerre offensive. Slafkovsky est un homme transformé : fort physiquement, précis dans ses lectures, et surtout dominateur dans les batailles à un contre un. Il en impose.
Mais voilà : lors du scrimmage, Kirby Dach n’était pas en uniforme, lui qui a été transféré dans le group B pour être jumelé avec Alex Newhook et Zachary Bolduc. Le centre de remplacement? Oliver Kapanen. Et là, c’est le drame.
Autant Demidov et Laine ont montré une chimie indéniable, multipliant les occasions dangereuses, autant Kapanen a semblé complètement dépassé par le rythme.
Lent à réagir, incapable de suivre les permutations dynamiques du duo russe-finlandais, il est apparu comme une véritable ancre freinant les élans de deux superstars offensives.
Les observateurs l’ont remarqué immédiatement : chaque fois que Kapanen touchait à la rondelle, l’intensité chutait d’un cran. Il n’est tout simplement pas prêt pour ce type de rôle. Et c’est là que la réalité frappe : ce même Oliver Kapanen a été inséré dans plusieurs packages d’échange, notamment pour Pavel Zacha ou Sidney Crosby. Les recruteurs des autres équipes n’ont sûrement pas aimé ce qu’ils ont vu.
À l’opposé, Joshua Roy a vécu une matinée de feu. Deux buts, une passe, une intensité hallucinante à chaque présence. Il jouait comme s’il avait quelque chose à prouver… parce qu’il a quelque chose à prouver.
On le sait, Roy est officiellement sur le marché. Le Canadien tente de l’inclure dans toutes les propositions récentes : aux Bruins pour Zacha, aux Penguins pour Crosby, et même dans des offres visant à obtenir Jared McCann à Seattle.
Son trio avec Vincent Rohrer et Alex Belzile était une machine de guerre. Rohrer, l’Autrichien flamboyant, a bien complété Roy, et ensemble, ils ont épaté la galerie.
Mais il y avait plus que du talent dans le jeu de Roy aujourd’hui. Il y avait de la rage.
Rage d’être toujours le laissé-pour-compte, alors qu’Owen Beck, Samuel Blais, Owen Beck, Oliver Kapanen et même Florian Xhekaj lui passent devant dans la hiérarchie.
Rage d’être encore une fois désigné pour retourner à Laval, sans véritable chance de se battre pour un poste à Montréal. Rage aussi, peut-être, d’avoir été l’auteur malgré lui du geste qui a envoyé Brendan Gallagher au banc en sang hier.
Oui, cet incident-là continue de faire jaser.
Lors du scrimmage d'hier, alors que l’intensité montait, Joshua Roy a décoché un violent coup d’épaule à la tête de Brendan Gallagher dans le coin. Gallagher ne s’y attendait pas. Il s’approchait de Roy sans réelle intention de le frapper, dans ce qu’on appelle un duel simulé.
Mais Roy, dans un geste impulsif et brutal, l’a frappé en pleine tête, causant une coupure visible. Gallagher, le casque arraché, saignant, a quitté vers le banc furieux, lançant un regard noir à Roy, horquant la tête de dégoût.
Cette scène a secoué Brossard.
Parce qu’on ne frappe pas un vétéran comme ça. Pas au camp. Pas sans raison.
Mais Roy, lui, semblait avoir atteint sa limite mentale. Ce coup, c’était un cri.
Un cri de joueur oublié. De joueur sacrifié.
Lors du point de presse suivant, Martin St-Louis n’a pas voulu jeter de l’huile sur le feu. Mais son visage disait tout. Il sait que Roy est en train d’exploser, positivement et négativement, et que son statut d’exclu l’alimente.
Le coach du Canadien veut probablement apaiser les tensions. Mais il n’ignore pas que Joshua Roy est devenu une bombe émotionnelle prête à exploser. Et c’est peut-être exactement ce que les recruteurs adverses veulent voir : un joueur capable de tout détruire… ou de tout perdre.
Autre fait marquant : Zachary Bolduc, hier invisible dans un trio avec Owen Beck et Alex Newhook, n’a pas joué aujourd’hui. Il était dans le groupe B, qui ne participait pas au scrimmage.
Ce qu’on a vu? Un Bolduc à bout de souffle, peinant à suivre les exercices, les mains sur les hanches, les yeux éteints. Martin St-Louis lui a passé un savon, visible et direct. Le genre de réprimande qui ne passe pas inaperçue.
À lui de se réveiller.
Ce scrimmage a permis de confirmer une chose : le top 6 du CH est gravé dans le marbre. Mais derrière? C’est le chaos.
Ce matin, le Centre d’entraînement de Brossard s’est transformé en volcan. Joshua Roy a tout incendié. Il veut partir. Il veut jouer. Il veut qu’on parle de lui.
Et aujourd’hui, on ne parle que de lui.
C’est exactement ce que le Canadien voulait. Pour mieux l’échanger?
Peut-être.
Mais une chose est sûre : Joshua Roy vient de relancer le marché, et Oliver Kapanen vient peut-être de s’en exclure.
Et pendant que tout ça se passe, Ivan Demidov et Patrik Laine continuent de se chercher un vrai centre.
À suivre...