Rafaël Harvey-Pinard s'effondre à Pittsburgh

Rafaël Harvey-Pinard s'effondre à Pittsburgh

Par David Garel le 2025-07-25

C’est un ciel lourd, noir et menaçant qui s’abat aujourd’hui sur Raphaël Harvey-Pinard.

Celui qu’on surnommait autrefois le Brendan Gallagher 2.0, le petit guerrier au grand cœur, l’exemple de détermination québécoise, est désormais une simple ligne invisible sur la carte des alignements de la LNH.

De Montréal à Pittsburgh, en passant par Laval, la trajectoire de Harvey-Pinard est devenue celle d’un joueur sacrifié, broyé par le système, oublié par ses dirigeants… et désormais prisonnier d’un rêve devenu cauchemar.

Quand le Canadien de Montréal et le Rocket de Laval lui a montré la porte de sortie, tout le monde a compris.

C’était terminé. Car lorsqu’un club parle d’évaluation approfondie pour un joueur fragile qui n’a plus de place dans l’organigramme, c’est que le pronostic est sombre. Très sombre. Et la suite a confirmé les pires craintes : Harvey-Pinard n’est même plus dans les projections d’alignement pour 2025-2026, que ce soit à Montréal… ou à Pittsburgh.

Il y a moins de deux ans, Harvey-Pinard marquait 14 buts en 34 matchs avec le CH. Il était le chouchou du public. Le genre de joueur que la foule adore : petit, combatif, résilient, local.

Mais en un claquement de doigts, tout a basculé. Une fracture à la jambe dans une partie de balle molle. Une saison en dents de scie à Laval. Cinq petits buts, 19 points, en 40 matchs. Des performances invisibles. Une énième blessure, cette fois à l’épaule, après une collision avec Chris Terry.

Et puis, le silence. Le club qui ne le mentionne plus. Martin St-Louis qui l’ignore complètement. Kent Hughes qui bégaie quand on lui parle de lui. Et une décision sans appel : aucune offre qualificative. Zéro dollar. Zéro engagement. Le Canadien, son club de cœur, ne veut plus rien savoir de lui.

Harvey-Pinard signe donc à Pittsburgh. Un contrat d’un an, à deux volets. 775 000 $ dans la LNH. Mais surtout, 450 000 $ dans la Ligue américaine.

Ce n’est pas un contrat sportif. C'est seulement de l'argent garanti en masse (450 000 dollars), mais une claque monumentale quand même.

Car à 26 ans, après avoir touché 2,2 millions garantis à Montréal, Harvey-Pinard se retrouve à gratter les miettes d’un marché sans pitié.

Et la vérité est brutale : il ne sera pas dans l’alignement des Penguins. Il est déjà exclu des projections de DailyFaceoff. Il ne figure pas dans le bottom 6. Et il devra se battre, littéralement, pour un poste à Wilkes-Barre. Pas à Pittsburgh. Wilkes-Barre.

Pourquoi Pittsburgh? Pourquoi cet exil humiliant dans une équipe dysfonctionnelle où les Québécois déchus s’accumulent?

La réponse tient en deux mots : Kyle Dubas. Le DG des Penguins ne reconstruit pas. Il recycle. Il collectionne les projets avortés, les espoirs éteints, les vétérans rejetés.

Anthony Mantha. Raphaël Harvey-Pinard. Deux noms, deux trajectoires opposées… mais un même destin : servir d’écran de fumée à une stratégie de démolition lente, orchestrée par Dubas pour forcer la main de Sidney Crosby.

Mantha touche 2,5 M$, avec 2 M$ en bonus. Harvey-Pinard ? 450 000 $ en AHL. Deux Québécois. Deux humiliations. Deux pions dans un plan machiavélique pour pousser Crosby vers la sortie.

Le but est clair. Dubas veut que Crosby parte. Il le pousse au bout. Il sabote l’alignemen. Il signe des joueurs sans avenir. Il bloque les jeunes. Il transforme Pittsburgh en cirque. Et Crosby, qui voulait un dernier sprint vers la Coupe Stanley, reçoit… Raphaël Harvey-Pinard et Anthony Mantha.

C’est presque une insulte.

Et selon plusieurs sources, Pat Brisson, l’agent de Crosby, est déjà en mouvement. Les trois destinations possibles sont connues : Montréal, Los Angeles, Colorado. Et le CH, discrètement, est prêt.

Pas question de donner Michael Hage. Pas question non plus de céder le choix de première ronde 2026. Mais les espoirs sont là. Joshua Roy. Owen Beck. Un ou deux choix conditionnels. Et surtout, l’élément clé : le feu vert de Crosby lui-même. Car le jour où Sid choisit Montréal, sa valeur sera au plus bas sur le marché des transactions.

Revenons à Harvey-Pinard. Pourquoi n’est-il pas allé en Europe? Il aurait pu toucher plus. En Suisse, un joueur comme lui aurait gagné 250 000 $ net, logement et voiture inclus, dans un environnement respectueux, avec moins de contacts, moins de pression, et plus de longévité.

Mais il a refusé. Parce qu’il croyait encore au rêve de la LNH. Parce qu’il pensait qu’un contrat à Pittsburgh valait plus qu’un contrat à Genève. Parce qu’il se raccroche, comme un naufragé à une planche de bois, à ses 14 buts de 2023.

Et pourtant, ce choix pourrait être celui qui met fin à sa carrière.

Certains diront qu’il a touché 2,2 M$ à Montréal. Mais ce montant, une fois amputé par les impôts québécois (près de 50 %), les commissions d’agent (5 %), les dépenses de santé, les entraîneurs privés, la nutrition, les assurances, le coût de la vie, l’hypothèque à Laval… il ne reste plus grand-chose.

Et maintenant, à 450 000 $ dans la AHL, il vivra une réalité beaucoup plus crue. Moins de revenus. Pas d’exemption fiscale. Un avenir incertain. Pas de place garantie. Et surtout, aucune perspective à long terme.

Car il faut aussi se souvenir que Harvey-Pinard n’a pas qu’un problème de production. Il a un corps brisé. Fracture à la jambe. Problèmes à l’épaule. Et maintenant, un doute persistant sur sa capacité à encaisser les coups.

Ce n’est pas seulement une question de talent. C’est une question de santé. Et dans le monde cruel du hockey professionnel, un joueur petit, blessé, sans production offensive… ne survit pas.

Et que dire du Canadien? Même pas un mot. Pas de remerciement. Pas de communiqué. Pas de « merci pour les services rendus ». Rien. Le silence total. Comme si RHP n’avait jamais existé. Comme s’il n’avait jamais porté le chandail bleu-blanc-rouge.

C’est le plus cruel dans tout ça. Le CH l’a utilisé. Puis l’a jeté. Comme un vulgaire contrat d’entrée. Comme un pion sans valeur.

Harvey-Pinard est maintenant un nom sur une liste de profondeur. Il devra se battre pour un poste… dans la AHL. Pas en LNH. Et s’il ne produit pas rapidement à Wilkes-Barre, ce sera terminé.

Et à ce moment-là, peut-être répondra-t-il enfin aux offres européennes.

La Finlande ? Pas payant. La Suède ? Plus payant, mais plus difficile. La Suisse ? Très payant. La Russie? Le plus payant. L’Allemagne ? Dans les mêmes eaux que la Finlande.

Et la France? La moins payante.

S'il débarque dans la ligue Magnus (France), à 27 ans, ce sera probablement entre 50 000 et 80 000 euros par année maximum.

Un appartement, une voiture… mais une carrière terminée dans l’ombre.

Ce joueur qui représentait l’espoir d’une génération locale s’éteint lentement. Dans l’indifférence. Dans la douleur. Dans l’anonymat.

Harvey-Pinard ne mérite pas une telle fin. Mais le hockey professionnel est impitoyable. Et l’histoire retiendra que son dernier contrat, à 450 000 $, signé dans un club en ruine, aura été le symbole ultime de l’humiliation orchestrée par Kyle Dubas… et de la fin d’un rêve qu’il n’a jamais su lâcher.

Sidney Crosby regarde. Il voit Harvey-Pinard, Mantha... et les autres bouches-trous.

Il comprend que Dubas le pousse dehors.

Il comprend que Montréal l’attend.

Et pendant que le rêve de Harvey-Pinard s'effondre, un autre pourrait renaître : celui de voir Crosby terminer sa carrière au Québec, là où le hockey est encore une religion.

Mais Harvey-Pinard, lui, ne sera pas sur la glace ce jour-là. Il sera en Europe. Ou à la retraite.

Et tout ce qu’il lui restera… ce sera ce contrat à 450 000 $, ce silence du CH… et cette leçon amère : croire, c’est admirable.

Mais s’acharner, parfois, c’est fatal.