Propos horribles de Geneviève Brouillette: Geoff Molson doit réagir

Propos horribles de Geneviève Brouillette: Geoff Molson doit réagir

Par David Garel le 2025-12-25

Jusqu’où le Canadien de Montréal peut-il s’associer à une radio qui banalise l’appel à la mort?

Il y a des dérapages qui dépassent le cadre d’une simple controverse médiatique. Ce qui s’est produit hier chez Cogeco, sur les ondes du 98,5 FM, en fait partie.

Parce qu’au-delà de la politique, au-delà des opinions, au-delà même de la provocation, il existe une ligne que l’on ne franchit pas sans conséquences : banaliser le souhait de la mort d’un être humain, en riant, à la veille de Noël, sur une tribune grand public.

Quand une actrice connue comme Geneviève Brouillette affirme à la radio que si Donald Trump venait à mourir, elle irait klaxonner dans les rues comme à la Saint-Jean, ce n’est plus de la satire, ce n’est plus de l’humour noir, ce n’est plus de la maladresse.

C’est un fantasme de mort exprimé sans filtre, accueilli dans un environnement où l’on rit, où l’on laisse passer, où l’on normalise.

Voici l'extrait audio qui donne froid dans le dos:

Et c’est là que le malaise devient sportif.

Parce que le 98,5 FM, ce n’est pas n’importe quelle station. C’est le diffuseur officiel et exclusif des matchs radio du Canadien de Montréal, un contrat renouvelé en 2023, qui court jusqu’à l’été 2026.

Autrement dit : le CH est directement associé à cette antenne, à son ton, à sa culture, à ce qu’elle tolère… et à ce qu’elle choisit de ne pas dénoncer.

Le Canadien de Montréal n’est pas une station de radio. C’est une institution sportive, une marque internationale, un symbole qui transcende les générations, les cultures et les opinions politiques. Le CH vend du rassemblement, pas de la haine. Du respect, pas du mépris. De la passion sportive, pas la banalisation de la mort.

Alors la question se pose, brutalement : comment le Canadien peut-il continuer à s’associer à une station qui offre une tribune où l’on rit de la mort souhaitée d’un individu?

Peu importe qu’on aime ou qu’on déteste Donald Trump. Peu importe le vote, le pays, l’idéologie. Ce qui choque ici, ce n’est pas la politique. C’est l’absence totale de limite morale.

Souhaiter le décès d'un père, d'un grand-père, d'un mari... d'un être humain...est horrible.

Dans n’importe quel autre contexte, ce genre de propos aurait déclenché une tempête. Mais ici, non. Pourquoi? Parce que le 98,5 FM s’est installé dans un environnement où l’indignation est à sens unique, où certains propos sont jugés inacceptables… et d’autres excusés, tant qu’ils viennent du “bon côté”.

Le hockey n’est pas à l’abri.

Ce malaise dépasse la radio parlée. Il touche directement le département des sports de Cogeco. Quand une station entre dans une zone de controverse éthique, ce sont toutes ses marques associées qui encaissent les éclaboussures.

Le sport n’est jamais isolé du reste de la programmation. Les annonceurs le savent. Les partenaires le savent. Et les équipes aussi.

Croyez-vous vraiment que le Canadien de Montréal, organisation ultra-prudente, obsédée par son image, ses commanditaires et son rayonnement international, souhaite être lié à une station qui laisse passer ce genre de dérapage sans encadrement clair?

La question est d’autant plus pertinente que Cogeco Média traverse déjà une période extrêmement fragile. Selon nos informations, le groupe se dirige vers des pertes d’environ 5 millions de dollars en 2025.

Le 98,5 FM se fait manger tout rond dans les cotes d’écoute par QUB Radio, Mario Dumont a dépassé Patrick Lagacé, et Benoît Dutrizac se permet maintenant de ridiculiser publiquement la station rivale en parlant de « fessée » en ondes.

@qub_radio On est en train de torcher le 98,5 ! 🎙️💙 #radio #QUB #cogeco #FM #radiocanada #guerredesondes #actualité #benoitdutrizac #imbullshitable #public #discussion #pourtoi #tiktokquébec #tiktokquebec #tiktokqc ♬ son original - qub_radio

Dans ce contexte, chaque controverse compte. Chaque faux pas fragilise encore davantage une relation d’affaires déjà coûteuse pour le diffuseur… et potentiellement embarrassante pour le CH.

Le contrat entre Cogeco et le Canadien de Montréal arrive à échéance à l’été 2026. Ce n’est plus une abstraction lointaine. C’est demain, dans le monde des droits sportifs. Et ce genre d’épisode alimente une réflexion inévitable : est-ce que le Canadien veut vraiment prolonger cette association?

On parle ici d’une équipe qui soigne chaque détail de son image. Qui évite les controverses. Qui se tient loin des débats idéologiques. Qui prône l’inclusion, le respect, la retenue.

Le CH ne prend pas position politiquement. Il ne le fait jamais. Et c’est précisément pour cette raison qu’il ne peut pas se permettre d’être associé, même indirectement, à une tribune où le souhait de la mort devient matière à rires.

D’autant plus que le paysage médiatique change. QUB Radio monte. Les plateformes numériques explosent. Les options se multiplient. Le Canadien n’est plus captif d’un seul joueur radio comme il l’était il y a dix ans.

Il est difficile d’imaginer Geoff Molson accepter, sans broncher, que la marque du Canadien soit liée à un environnement médiatique perçu de plus en plus comme radicalisé, moralisateur et complaisant envers la violence verbale et physique , tant qu’elle vise les “bons” ennemis.

Le hockey est un sport d’émotions, oui. Mais aussi de valeurs. Le CH ne peut pas se permettre d’être aspiré dans une spirale où l’on confond liberté d’expression et absence totale de responsabilité.

Ce qui s’est passé hier chez Cogeco Média n’est pas un simple malaise radiophonique. C’est un signal d’alarme. Pour les annonceurs. Pour les partenaires. Et pour le Canadien de Montréal.

Parce qu’à un moment donné, il faut poser la question que tout le monde murmure déjà : jusqu’où peut-on aller avant que l’association devienne intenable?

Et surtout : le hockey doit-il payer pour les dérives d’une radio qui a perdu le sens de la limite?

Le compteur est enclenché. 2026 arrive vite. Et ce genre d’épisode ne s’oublie pas.