Il ne faut pas s’étonner de la scène électrique qui a éclaté sur la glace de Brossard. Tyler Thorpe et Florian Xhekaj, deux géants au gabarit intimidant, ont fait plus que s’échanger des coups : ils ont exposé au grand jour une rivalité qui pourrait définir leur avenir dans l’organisation du Canadien de Montréal.
La conclusion est brutale et sans pitié : dans un futur proche, il n’y aura probablement de la place que pour un seul joueur de ce profil dans l’alignement du CH. Et Thorpe comme Xhekaj le savent très bien. Leurs routes sont déjà en collision, et la prise de bec d’hier en est la première démonstration concrète.
Florian Xhekaj, petit frère d’Arber, est arrivé au camp gonflé à bloc, affichant une nouvelle carrure de 220 livres après avoir ajouté 25 livres à son gabarit.
De l’autre côté, Tyler Thorpe, sélectionné au 5e tour par le CH en 2024, est encore plus massif : 6’5, 230 livres, avec un ajout de 20 livres depuis le dernier camp. Deux mastodontes qui ne reculent pas.
Tout est parti d’un duel en coin de patinoire. Thorpe accroche Xhekaj, ce dernier chute lourdement, se relève furieux et pousse Thorpe dans le dos.
Le géant de 230 livres perd l’équilibre et s’écrase à son tour sur la glace. Les regards se croisent, les gants n’ont pas volé, mais la tension était évidente. Ce n’était plus un simple exercice : c’était une déclaration de guerre.
Le cas de Thorpe intrigue. L’organisation l’a repêché pour une raison claire : sa taille, son agilité et sa capacité à marquer.
Ses 50 buts cumulés en deux saisons avec les Giants de Vancouver dans la WHL prouvent qu’il ne se limite pas au rôle de policier. TVA Sports et Anthony Martineau l’ont décrit comme un « monstre » capable de combiner robustesse et mobilité, un profil rare que les dirigeants adorent développer.
Florian Xhekaj. lui, est en feu. Plus costaud, plus robuste, il n’hésite pas à se frotter à tout le monde sur la glace. Ses tests physiques à Brossard l’ont confirmé : il est transformé.
Travaillant aux côtés de son frère Arber durant l’été, Florian a peaufiné sa vitesse, ses sprints et sa puissance, et ça se voit dans son jeu.
Hier, il n’a pas reculé devant Thorpe, un géant de 230 livres, et a démontré qu’il ne compte pas se laisser intimider. Sa progression est flagrante et ses entraîneurs le remarquent : il joue avec confiance, intensité et l’envie de prouver qu’il est prêt maintenant.
Et voilà qu’il se retrouve en confrontation directe avec un joueur plus jeune, plus discipliné, et probablement mieux vu par la direction.
Ce qui s’est passé à Brossard dépasse le simple accrochage. C’est l’illustration d’une lutte interne pour la survie. Thorpe et Xhekaj savent qu’ils incarnent le même profil : gros, physiques, intimidants. Mais dans la LNH moderne, il n’y a plus de place pour deux. L’un réussira, l’autre sera relégué aux oubliettes.
La scène a mis tout le monde en alerte. Les journalistes présents ont vu plus qu’un simple incident : ils ont vu un présage. Le CH va devoir trancher, tôt ou tard. Miser sur le projet Thorpe, le géant discipliné et productif? Ou donner une ultime chance au petit frère Xhekaj, culotté et baveux?
Dans une attaque déjà congestionnée, la marge d’erreur est minime. Et à ce jeu, chaque accrochage, chaque regard noir, chaque duel compte.
Aujourd'hui, Florian Xhekaj a rappelé à tout le monde qu’il n’est pas seulement le « petit frère d’Arber » : il est un espoir qui refuse de mourir. Son duel musclé avec Tyler Thorpe marque peut-être un point tournant.
« Je suis là, et je ne vais pas me laisser marcher dessus. »
Tel est le message du "petit shérif".
Si Florian Xhekaj peut aujourd’hui respirer un peu mieux, c’est parce qu’un obstacle majeur a disparu de son horizon : Mathieu Olivier. Le Québécois a choisi de signer à long terme avec les Blue Jackets de Columbus, mettant fin aux spéculations qui l’envoyaient à Montréal.
Pour Florian, c’est un soulagement énorme. Olivier, à 28 ans, avait tout ce que le Canadien recherche : robuste, respecté, discipliné et Québécois.
Sa venue aurait enterré pour de bon les espoirs de Xhekaj. Avec son contrat de 6 ans en poche à Columbus, Olivier ne viendra pas voler ce rôle. Florian sait que désormais, son plus gros rival se nomme… Tyler Thorpe.
Son nouvel ennemi le dit lui-même aux médias :
« Je me sens plus fort qu’avant. Dans les coins, c’est plus difficile de m’enlever la rondelle. Et j’ai travaillé pour être plus rapide. »
Xhekaj, lui, veut devenir ce joueur hybride : capable de jeter les gants pour protéger ses coéquipiers, mais aussi d’apporter une contribution offensive crédible. Dans une ligue où les goons purs disparaissent, ce profil est précieux.
Mais rien n’est gagné. Florian fait face à un autre obstacle majeur : la philosophie de Martin St-Louis. Le coach valorise un hockey est-ouest, basé sur la possession et la finesse.
Son défi est donc immense : prouver qu’il peut s’adapter sans renier son identité. S’il réussit, il aura une chance. S’il échoue, il sera rapidement écarté.
Pour survivre, Florian devra enchaîner. Ce n’est pas du chamaillage de camp de recrus qui va impressionner St-Louis : c’est la constance. Il devra montrer match après match qu’il peut être plus qu’un goon, plus qu’un « petit frère », plus qu’un joueur de passage.
La vérité est simple : le Canadien n’aura pas de place pour tout le monde. Les attaquants se bousculent, les rôles sont définis, et les profils semblables se cannibalisent. Dans ce contexte, Florian doit se battre pour exister, et Thorpe représente son rival ultime.
Ce qui est certain, c’est que la prise de bec de Brossard n’était pas une anecdote. C’était un avant-goût d’une guerre interne qui pourrait décider de l’avenir de deux jeunes colosses… et du rôle d’homme fort à Montréal.