Prières pour Elizabeth Rancourt: l'animatrice dans tous ses états

Prières pour Elizabeth Rancourt: l'animatrice dans tous ses états

Par David Garel le 2025-04-20

Elizabeth Rancourt n'a peut-être jamais ressenti autant de pression qu'en ce moment.

Alors que les projecteurs s'allument pour les séries éliminatoires de la LNH, la cheffe d'antenne de TVA Sports se retrouve dans une position délicate, voire intenable.

Ce qui devait être un moment de triomphe pour elle et pour la chaîne sportive de Québecor se transforme en un test de feu, une épreuve publique où la moindre erreur sera scrutée, analysée, et partagée dans chaque coin du web. Toute la pression du Québec est sur ses épaules. Et elle le sait.

TVA Sports vit ses derniers instants. Après des années de déficits accumulés, d'hésitations stratégiques, de départs mal gérés et d'une perte progressive de son public, la chaîne a finalement reçu le clou de son cercueil : elle ne renouvellera pas son contrat exclusif avec la LNH en 2026.

Autrement dit, ces séries éliminatoires représentent le dernier souffle de TVA Sports, son ultime chance de briller, de se faire aimer, de prouver qu'elle avait encore une raison d'exister. Pour les employés, pour les téléspectateurs fidèles, et surtout, pour les détracteurs.

Dans cette atmosphère désespérée, c'est à Elizabeth Rancourt qu'on demande d'être le visage de la relance. Le visage du miracle.

Elle n'a pas choisi cette charge. Elle n'a pas construit les problèmes de TVA Sports. Elle n'a pas provoqué la dégringolade des cotes d'écoute. Mais aujourd'hui, c'est elle qui représente tout ça aux yeux du public. Et c'est à elle de réparer. À elle de convaincre. À elle de redonner espoir.

Il faut aussi dire les choses crûment : Élizabeth Rancourt n’a jamais pu remplacer Louis Jean. Non pas parce qu’elle ne s’est pas investie, non pas parce qu’elle n’a pas eu sa chance, mais parce que Louis Jean était aimé. Profondément. 

Le public québécois s’était attaché à son charme, son calme, son autorité naturelle à l’antenne. Le jour où il est parti, sous fond de controverse interne, une fracture s’est ouverte entre TVA Sports et ses téléspectateurs.

Et quand Rancourt est arrivée dans ce fauteuil, elle a hérité non pas d’un mandat, mais d’un deuil collectif que personne ne voulait traverser. Depuis ce jour, elle porte ce fardeau invisible. Et aujourd’hui, il pèse plus que jamais.

Sauf que le passé ne pardonne pas. Rancourt traîne encore comme une enclume sa tristement célèbre entrevue avec Justin Trudeau.

Ce qui devait être un moment de prestige pour TVA Sports s'est transformé en véritable malaise télévisuel. Les gestes nerveux de Trudeau, son tutoiement inattendu, l'absence de questions réelles, et surtout, l'impression d'une animatrice sous le charme, ont gêné.

Le public a détruit cette entrevue en ligne, à coups de commentaires cinglants.

"Flirt politique", "TVA se ridiculise", "On se croirait dans une parodie du Bye Bye" : les critiques ont plu. Et ce, dans une saison où Rancourt devait justement redorer son image.

Ce n'est pas tout. Comment oublier ses propos controversés sur Carey Price? Le gardien le plus aimé du Québec, peut-être même de son histoire récente, attaqué en direct par celle qui le présentait comme désintéressé par le hockey, motivé uniquement par l'argent.

Un discours d'une sévérité brutale, mal calibré, qui n'a jamais été digéré par le public. Ou encore ses remarques sur Marc Denis, qu'elle accusait d'être trop parfait, trop bien parlé, pas assez "vrai".

En s'attaquant aux figures les plus respectées du hockey québécois, Rancourt s'est fermé la porte de l'amour populaire.

Ajoutez à cela le placement de produits malaisants, comme les fameuses pizzas Salvatore au beau milieu d'un segment sportif. Un moment d'une absurdité télévisuelle rare, qui a même inspiré un sketch du Bye Bye.

Dans cette satire devenue virale, on y voyait une parodie d'Elizabeth Rancourt en train de supplier les téléspectateurs de manger de la pizza pour sauver la chaîne. Triste résumé de l'état du réseau.

Et malgré tout ça, aujourd'hui, c'est à elle qu'on tend le micro. C'est elle qui doit être calme, compétente, inspirante, pertinente.

C'est à elle qu'on demande de porter la voix d'une chaîne mourante pendant ce sprint ultime que représentent les séries de la LNH.

Les patrons de TVA Sports n'ont plus rien à perdre. Leurs rêves sont derrière eux. Mais pour Elizabeth Rancourt, tout se joue maintenant. Sa crédibilité, sa réputation, sa carrière. Elle n'a pas droit à l'erreur.

La beauté du sport, c'est que chaque match donne une nouvelle chance. Et cette fois, c'est sa série à elle. La véritable série d'Elizabeth Rancourt commence maintenant.

Le premier match, c'est son premier segment en ouverture des séries. Le deuxième, c'est la première entrevue qu'elle fera avec un joueur ou un entraîneur.

Chaque soir est une prolongation. Chaque jour est une mise au jeu. Chaque bulletin est une victoire à arracher.

Peut-elle renverser la vapeur? Peut-elle faire oublier le passé, retrouver la confiance du public, devenir enfin la voix légitime d'une chaîne de sport?

Rien n'est impossible. Elle est articulée, elle est présente, elle a le sens du direct. Mais pour ça, elle devra mettre de côté l'image qu'on a d'elle.

Elle devra se montrer humble, passionnée, sincère. Elle devra aimer le hockey comme les amateurs l'aiment. Elle devra parler comme eux. Vivre le match comme eux. Ressentir l'urgence comme eux.

Le Québec est un public impitoyable, mais il sait reconnaître l'effort. Il sait récompenser l'authenticité. Il sait applaudir la métamorphose.

Le moment est venu pour Elizabeth Rancourt de nous surprendre. De nous démontrer qu'elle n'était pas qu'une remplaçante, pas qu'un choix de circonstance, mais bien une animatrice qui mérite sa place dans l'histoire sportive télévisuelle du Québec.

Elle n'aura pas de deuxième chance. Pas cette fois. Mais si elle y parvient, si elle crée l'émotion, si elle s'impose, alors ce printemps ne sera pas juste la fin de TVA Sports.

Ce sera peut-être le début d'autre chose. D'une nouvelle histoire. D'un rêve né d'un cauchemar.

La rondelle est dans son camp.

À elle de jouer.