Pression de Laval: Samuel Montembeault en eaux troubles

Pression de Laval: Samuel Montembeault en eaux troubles

Par David Garel le 2025-10-18

Le Rocket de Laval a remporté son match d’ouverture à domicile avec autorité.

Un gain de 3 à 0 contre les champions en titre de la Coupe Calder, les Canucks d’Abbotsford, dans un match dominé autant sur le plan émotif que stratégique.

Mais au-delà du score, au-delà même des performances offensives de Filip Mesar, Xavier Simoneau ou Jared Davidson, c’est le calme absolu de Jacob Fowler devant le filet qui a tout changé. 

Le jeune gardien américain a obtenu son premier blanchissage en carrière dans la Ligue américaine de hockey. 16 arrêts, dont plusieurs en fin de match, sur des séquences chaotiques, sans jamais donner l’impression de paniquer.

Fowler a joué comme un homme de 30. Il n’a pas célébré comme un héros. Il n’a pas crié à la foule. Il a simplement levé le poing, salué ses coéquipiers, puis a rejoint le vestiaire. Comme si c’était normal. Comme si c’était ce qu’on attendait de lui.

Et c’est justement ça qui est troublant.

Parce que dans cette organisation, il y a un gardien qui peine à s’imposer comme numéro un depuis maintenant deux saisons.

Un gardien qui, malgré deux victoires en trois départs cette saison, affiche des chiffres désastreux : une moyenne de buts alloués de 2.97 et un pourcentage d’efficacité de .870.

On parle bien sûr de Samuel Montembeault, celui qui devait s’installer confortablement dans le rôle de gardien titulaire à Montréal.

Mais tout, dans la gestion récente du personnel de gardiens par Martin St-Louis, indique que ce plan a été mis sur pause. Sinon abandonné.

Le blanchissage de Fowler aurait dû faire les manchettes partout au Québec. Premier match d’ouverture à Laval, victoire contre les tenants du titre, performance clinique devant le filet.

Mais non. Ce dont tout le monde a parlé, c’est du coup salaud porté à Josiah Didier. Le vétéran défenseur du Rocket a été violemment frappé au visage alors qu’il était déjà à terre, à la suite d’un combat contre Chase Stillman.

Le choc a été tel que Luke Tuch a immédiatement appelé les soigneurs. Didier, le visage en sang, a quitté la glace sans revenir.

Cette scène a éclipsé le reste. À juste titre, d’un point de vue humain. Mais sur le plan sportif, c’est profondément injuste.

Parce que Jacob Fowler, lui, est en train de tranquillement redéfinir la hiérarchie dans l’organisation. Après deux matchs, il affiche une moyenne de buts alloués de 2.00 et un pourcentage d’efficacité de .920.

Mais plus encore, il joue avec une sérénité rare. On le compare déjà à Carey Price, et ce n’est pas qu’une figure de style. Son positionnement, sa lecture du jeu, sa façon de ralentir le tempo lorsqu’il touche à la rondelle… tout respire l’intelligence.

Et pendant ce temps, à Montréal, Martin St-Louis a décidé d’envoyer Samuel Montembeault devant le filet contre les Rangers de New York.

Une décision qui a surpris, choqué même, plusieurs observateurs. Parce que le match précédent, c’est Jakub Dobeš qui l’a gagné. À Nashville, il a sauvé les siens en prolongation.

Et pas seulement gagné : il a brillé. Deux matchs, une moyenne de 1.46, un pourcentage de .940. Si ce n’est pas un début de numéro un, alors qu’est-ce que c’est?

Mais voilà. St-Louis, comme toujours, évite les controverses. Il respecte ses vétérans. Il donne du lest à ses joueurs en difficulté. Il espère que Montembeault rebondira, qu’il retrouvera ses repères.

Le problème, c’est que le public, lui, n’a plus la patience. Tout le monde sait lire une fiche. Tout le monde sait voir la réalité en face. Et tout le monde voit que Montembeault ne livre pas.

En refusant de donner un deuxième départ consécutif à Dobeš, alors qu’il n’y avait aucun match en deux soirs, aucune raison de le ménager, St-Louis envoie un message clair : la hiérarchie prévaut.

Mais ce message, en coulisses, est interprété à l’envers. Ce que les joueurs comprennent, ce que les agents comprennent, ce que le monde du hockey comprend, c’est que St-Louis a peur de ce qui pourrait arriver si Montembeault est rétrogradé publiquement.

Ce qu’on comprend, c’est qu’on marche sur des œufs pour ne pas briser le moral d’un joueur dont l’avenir à Montréal est déjà compromis.

Il ne faut pas se faire d’illusions. Samuel Montembeault ne terminera pas son contrat à Montréal. Il est signé jusqu’en 2027, à 3,15 millions par année, un contrat que Kent Hughes n’a jamais voulu pousser plus haut.

Et on comprend pourquoi. À 28 ans, Montembeault n’a jamais connu une saison complète au-dessus de la barre du .910 d’efficacité.

Sa moyenne de buts alloués en carrière? 3.21. Son pourcentage? .899. C’est clair. Net. Documenté. On ne parle pas d’un gardien de premier plan.

L’argument qu’il est Québécois, qu’il est populaire dans le vestiaire, qu’il parle français… tout ça, c’est sympathique. Mais ça ne gagne pas de matchs.

Et dans une organisation où deux jeunes gardiens, Dobeš et Fowler, performent et frappent à la porte avec des statistiques solides, le sort de Montembeault est déjà réglé.

S’il veut participer aux Jeux olympiques, il devra changer de club. Et vite. Parce qu’en ce moment, il est derrière dans la hiérarchie. Et d’ici la fin de la saison, il pourrait même être au troisième rang, si Fowler continue à performer.

Ce soir, contre les Rangers, c’est probablement le match le plus important de la saison pour Montembeault. Et on est seulement en octobre.

Il n’a pas le droit à l’erreur. Pas le droit de laisser passer quatre buts sur 22 tirs, comme contre Chicago. Pas le droit de faire douter Martin St-Louis une fois de plus.

Parce que dans l’ombre, dans les gradins, dans les soupirs de l’état-major, dans les coulisses de Laval, il y a un gardien américain au sang-froid, et un Tchèque au mental d’acier, qui sont prêts. Et ils ne demandent pas la place. Ils la prennent.