Pensées pour Patrick Laine et son amoureuse: une histoire sombre

Pensées pour Patrick Laine et son amoureuse: une histoire sombre

Par David Garel le 2025-05-16

Patrik Laine est l’homme le plus seul du Québec. Et ironiquement, c’est peut-être aussi celui qui aime le plus cette ville.

Car alors que tout le monde veut le voir partir, lui veut rester. Alors que les journalistes de RDS, de TVA Sports, de BPM Sports, de Cogeco et de toutes les plateformes traditionnelles l’acharnent lui montrent la porte de sortie, Laine, lui, reste ici cet été. Il s’entraîne ici. Il aime Montréal. Il veut vivre ici.

Mais Montréal ne veut pas de lui.

La saga Laine est en train de devenir la tragédie humaine la plus honteuse de l’histoire moderne du Canadien de Montréal. Un homme, revenu de la dépression, qui croyait pouvoir renaître dans un nouveau marché.

Un homme qui avait annoncé son retour en force avec huit buts en neuf matchs. Et qui, lentement, mais sûrement, a été démoli. Pièce par pièce. Jusqu’à ce qu’il ne reste que les cendres d’un joueur isolé, rejeté, ignoré.

Commençons par les faits : à sa fête, selon les informations du balado Stanley25, aucun joueur majeur du Canadien n’était présent. Rien. Silence. Sauf Jake Evans, Emil Heineman et Brendan Gallagher.

Depuis ce jour-là, le vestiaire lui a lancé un message sans pitié.

Même à l’entraînement, les journalistes l’ont remarqué. Martin McGuire, choqué, a décrit une scène d’horreur. Laine seul. Les bras croisés. La tête baissée. Évité comme la peste. 

« Comme si les stores étaient fermés », a dit McGuire.

Une métaphore parfaite. Un joueur coupé du monde. Invisible. Inexistant.

Si encore il n’y avait que le vestiaire. Mais non. TVA Sports, RDS, BPM Sports… ils l’ont tous cloué publiquement.

Antoine Roussel : « Ça pue au nez. Ce qu’on voit, c’est terrible. Il ne montre pas le bon exemple. »

Maxime Lapierre : « J’ai fini de le défendre. Ce qu’il fait, ça n’a aucun sens. Je n’ai jamais vu un gars ne pas faire d’enjambées avec la rondelle. »

Gaston Therrien et Norman Flynn l’ont traité comme un imposteur, un problème à rayer de la carte.

Et pourtant, pas un seul de ces commentateurs ne s’est excusé quand on a su que Laine jouait avec une fracture du doigt. Pas un mot. Pas un mea culpa. Rien.

Ils l’ont envoyé sous l’autobus, et quand on a su qu’il était blessé : silence. Indifférence. Comme si sa douleur physique n’excusait rien. Comme si sa douleur psychologique n’existait pas.

Il faut se rappeler d’où Laine vient. C’est un joueur qui a avoué publiquement, dans le podcast Spittin’ Chiclets, qu’il avait déjà perdu le goût de vivre. 

Qu’il était resté des jours entiers enfermé dans sa chambre. Qu’il avait développé une addiction aux jeux vidéo pour oublier sa souffrance.

Et Montréal devait être la renaissance. Il l’a dit. Il l’a répété. Il s’est fiancé ici, avec Jordan Leigh. Il a décidé de passer l’été ici, malgré les critiques. Il va au Grand Prix. Il va aux festivals. Il veut faire partie de cette ville.

Mais Montréal, elle, ne veut plus de lui. Et ça, c’est encore plus cruel.

Maxime Talbot a été le dernier à le dire : « Je ne veux même pas le voir au camp d’entraînement. » Il l’a dit à l’Antichambre, avec une froideur hallucinante. 

« La culture à tout prix. Il ne fait pas partie de la culture. »

Et Georges Laraque, encore plus brutal : « Ils vont le racheter. C’est tout. On ne parle plus. »

Le Canadien savait ce qu’il faisait en allant chercher Patrik Laine. Il savait qu’il s’agissait d’un joueur fragile. D’un joueur en convalescence mentale. D’un joueur à manipuler avec soin.

Mais au lieu de le protéger, on l’a exposé. Au lieu de l’entourer, on l’a isolé. Et maintenant qu’il ne correspond plus à l’image de la culture qu’on veut projeter… on le jette.

Il y a quelque chose de profondément hypocrite dans cette gestion. On dit vouloir protéger la santé mentale des joueurs. Mais Laine, lui, on le pousse jusqu’au bout de la falaise.

Et maintenant, on parle de le racheter.

Patrik Laine a encore un an de contrat. 8,7 millions de dollars à payer. Si le Canadien le rachète, ça coûtera 4,3 millions en 2025-2026 et 2,3 millions en 2026-2027.

Pas une catastrophe financière. Mais un aveu d’échec.

Et peut-être que ce serait la solution la plus propre. Car le vestiaire n’en veut plus. Les journalistes n’en veulent plus. Le coach ne le fait plus jouer.

Mais ce sera un désaveu terrible pour une organisation qui, en juillet dernier, l’avait vendu comme un pari audacieux.

Aujourd’hui, ce pari est devenu un drame humain.

La vérité, c’est que Laine n’est pas un méchant gars. Il est juste différent. Il est européen, il est introverti, il est mélancolique. Il ne joue pas aux cartes dans l’avion. Il ne rit pas dans le vestiaire. Il regarde par le hublot. Il rêve. Il pense.

Mais dans une culture de hockey nord-américaine, ça ne passe pas. Ici, il faut être bruyant, engagé, bro culture, tape dans le dos.

Et lui, il est tout sauf ça. Alors, on le rejette. Comme si être silencieux était une faute morale.

Même son mariage à venir en Floride en juin risque d’être un moment amer. Qui va y aller? Quand on sait que seuls Jake Evans, Brendan Gallagher et Emil Heineman avaient participé à son anniversaire.

Il y a des histoires de hockey qui se terminent en beauté. D’autres en laideur. Celle de Patrik Laine à Montréal est un chef-d’œuvre de cruauté.

Un gars qui voulait se relever. Une ville qui voulait rêver. Et à la fin? Un silence glacial. 

Mais ce que Montréal oublie, c’est ceci : sans ses buts en avantage numérique, le Canadien ne fait même pas les séries.

Sans lui, tout ce cirque n’aurait même pas existé.

Et pourtant, on l’envoie à la poubelle comme un vulgaire sac percé.

Alors, la prochaine fois qu’on parlera de santé mentale, de résilience, d’humanité dans le sport… pensons à Patrik Laine. Car à Montréal, on ne l’a jamais vraiment accueilli. On l’a toléré. Et ensuite, on l’a crucifié.

Et pourtant, malgré ce rejet violent, malgré les murmures dans les corridors du Centre Bell, malgré l’hostilité du vestiaire et le silence de ses coéquipiers à son anniversaire, Patrik Laine a choisi de rester.

Oui, rester à Montréal. Et pas seul. Avec Jordan Leigh, sa fiancée, son pilier, celle qui l’a sauvé de la noirceur.

« J’adore ça ici », a-t-il lancé au Journal de Montréal, le sourire encore sincère, malgré tout ce qu’on lui fait vivre.

« Nous avons entendu tellement de belles choses au sujet de Montréal l’été, alors nous avons décidé de demeurer dans le coin. Et je continuerai de m’entraîner. »

Sa voix n’avait rien d’amère. Rien de résignée. Seulement de la bonne foi.

Jordan Leigh, elle aussi, voulait voir la lumière dans ce chaos.

« On nous a dit que c’était une ville différente durant la saison chaude. Nous sommes fébriles, l’ayant déjà adorée l’hiver! » a-t-elle confié, pleine d’espoir.

Ils ont même prévu de rester après leur mariage en Floride pour vivre pleinement l’été montréalais, assister aux festivals, aux spectacles, aux terrasses.

« Il y a tellement de choses à voir à Montréal. Nous allons explorer et découvrir ce que cette ville a à offrir. Jordan, c’est la reine des organisatrices, je lui fais confiance. Nous aurons du bon temps! » a ajouté Laine, presque naïvement, comme un homme qui refuse de croire qu’il est déjà rejeté.

Et pourtant, le verdict est déjà tombé. On ne veut pas de lui au camp. Ni Maxime Talbot, ni RDS, ni TVA Sports, ni le vestiaire, ni même Martin St-Louis.

Il n’y aura pas de deuxième chance. Pas de rédemption. Pas de retour en grâce. Et pendant que Nick Suzuki prépare un mariage où tout le vestiaire sera réuni, pendant que Josh Anderson a reçu l’amour de tous en Italie l,été dernier, Patrik Laine et Jordan se marieront dans l’intimité, peut-être sans un seul coéquipier du CH à leurs côtés.

Voilà où on en est.

Ils aiment Montréal. Montréal ne les aime pas en retour.

Et c’est peut-être ça, le plus cruel. Ce n’est pas juste une fin de carrière. C’est une désillusion amoureuse, une rupture avec une ville qu’ils avaient choisie de tout cœur.

Et aujourd’hui, même s’ils sourient, même s’ils participent, même s’ils veulent croire encore que Montréal est leur maison, on sait déjà comment cette histoire va se terminer : par un départ. Un rachat. Ou un exil discret.

Et une cicatrice qui, elle, ne partira jamais.