Jonathan Drouin a tout donné au Colorado. Tout. Son talent, sa loyauté, sa santé mentale, sa réputation.
Et pourtant, au moment où il espérait la récompense , enfin un contrat à long terme, enfin la paix, on lui a brutalement fermé la porte au nez.
Une trahison d’autant plus cruelle qu’elle est survenue après des mois de sacrifices, d’efforts et de gestes de bonne foi. Drouin n’avait jamais été aussi vulnérable. Et c’est à ce moment précis que l’organisation de l’Avalanche a choisi de le laisser tomber.
Le journaliste Maxime Truman, bien branché dans les coulisses de la LNH, a lancé une bombe : non seulement les chances de revoir Drouin au Colorado étaient faibles, mais elles sont désormais quasiment nulles.
Et le pire? Cela faisait un bon moment que l’équipe le savait. Il y aurait même eu des discussions internes pour explorer d’autres options dès la fin du calendrier régulier. Pendant que Jonathan continuait de se battre, encore et encore, pour montrer qu’il méritait sa place.
Tout ça alors qu’il avait accepté un contrat à rabais, deux années consécutives. 2,5 millions l’an dernier, après avoir refusé des offres à 4 ou 5 millions sur plusieurs saisons.
Lors de sa première année de rédemption au Colorado, Jonathan Drouin avait accepté un contrat modeste de 825 000 $, une bouchée de pain pour un joueur de son talent. Ce geste de bonne foi démontrait toute sa volonté de reconstruire sa carrière, sans ego ni exigence financière.
Il avait mis la loyauté au-dessus des chiffres. Il voulait rester auprès de son frère de cœur, Nathan MacKinnon, celui avec qui il avait toujours rêvé de gagner. Il voulait offrir à sa femme et à ses enfants une stabilité, loin du cauchemar de Montréal, loin de la pression, loin des soupçons, loin de l’anxiété.
Car le traumatisme de Montréal, Drouin le portait encore dans son âme. Ce n’était pas que du hockey. Ce n’était pas que Martin St-Louis qui l’avait laissé sur le banc pendant un match entier pour quelques minutes de retard à un meeting.
Ce n’était pas que les journalistes qui le traitaient de flop. C’était aussi les rumeurs infâmes sur sa vie privée, sa femme, son ennemi intime Tomas Tatar, les rumeurs publiques, les regards dans la rue, l’oppression constante. En signant au Colorado, il voulait se reconstruire. Et il l’a fait.
Mais voilà que tout s’effondre.
Il a connu une bonne saison régulière : 37 points en 43 matchs. Il était sur le premier trio, première vague d’avantage numérique. Puis, sans avertissement, dès le début des séries, on le tasse. Plus de top-6. Bye bye l’avantage numérique. Bonjour Charlie Cole, bonjour Joel Kiviranta, deux plombiers avec qui il n'avait aucune chimie.
Il termine les séries avec trois maigres passes en sept matchs. Invisible. Déconstruit. Sur le banc, il a l’air ailleurs, absent. Le cœur et la tête ailleurs. Et derrière ce regard vide : une immense déception. Une peur.
Car il le savait déjà. Il savait que la suite n’allait pas bien se passer. Et il avait raison.
Aujourd’hui, la famille Drouin est à la croisée des chemins. Lui voudrait encore croire au miracle Colorado. Il veut rester dans l’Ouest. Mais ses proches, sa femme, ses agents, lui disent que ça suffit. Qu’il doit penser à lui. À son futur. Qu’il ne peut pas se faire avoir encore une fois.
Qu’à 30 ans, ce contrat-là, c’est peut-être le dernier qui peut le sécuriser pour de bon. Et qu’à force de signer des contrats à rabais, c’est sa dignité qu’il finit par affecter.
Ironie du sort, selon Maxime Truman, les Stars de Dallas, les mêmes qui l’ont éliminé, auraient un réel intérêt pour ses services. Eux, au moins, l’ont vu jouer toute la série. Eux, au moins, l’ont vu peiner, mais aussi distribuer trois passes sans soutien. Ce serait une forme de revanche poétique.
Mais plus que les millions perdus, c’est la douleur morale qui marque Jonathan Drouin. Lui qui avait enfin trouvé un équilibre, un foyer, une paix intérieure, voit tout s’effondrer. Encore. À nouveau.
Et cette fois, ce n’est pas la faute d’un coach, ni d’un journaliste. C’est une organisation qu’il avait choisie, qu’il aimait, et qui, aujourd’hui, l’abandonne.
On dit souvent que le hockey est un business. Drouin vient d’en faire l’amère expérience. Mais il faut espérer qu’il reste une équipe, quelque part, qui comprenne que derrière les statistiques et les contrats, il y a un homme. Un père. Un mari. Un joueur de talent qui a tout donné à une équipe qui l’a laissé tomber au moment le plus crucial.
C’est Nathan MacKinnon lui-même qui avait tendu la main. C’est lui qui avait insisté auprès de la direction de l’Avalanche pour qu’on donne une chance à Jonathan Drouin.
C’est lui qui avait joué au DG de l’été, qui avait juré à son ami qu’il serait entre bonnes mains à Denver. Que cette fois, ce ne serait pas comme à Montréal. Que le vestiaire serait une vraie famille. Que l’organisation allait lui redonner confiance.
Et Drouin, meurtri, brisé par ses années dans le cirque montréalais, avait accepté.
Mais voilà que deux ans plus tard, c’est le même Jonathan Drouin qui est laissé en plan. Le même Jonathan qui a le cœur brisé, trahi par ceux qu’il considérait comme sa deuxième famille.
Le plus tragique dans tout ça? C’est que MacKinnon n’a rien pu faire. L’échange de Mikko Rantanen aurait bouleversé toute la dynamique interne de l’Avalanche, reléguant MacKinnon à un simple rôle de capitaine silencieux, incapable de convaincre son DG de garder celui qu’il avait lui-même amené.
Drouin, qui s’était ouvert publiquement sur ses souffrances à Montréal, sur son anxiété, ses blessures, sa descente aux enfers, croyait enfin avoir trouvé refuge. Et voilà qu’on l’abandonne à nouveau.
Ce n’est pas seulement une rupture professionnelle. C’est une trahison intime. Ceux qui se plaisent à ressasser les rumeurs malsaines de Montréal, trouveront ironique de voir Drouin être trahi une nouvelle fois, mais cette fois-ci par sa propre famille professionnelle.
Le vestiaire de l’Avalanche, qui semblait être un havre de paix, se révèle être une illusion. Le même schéma se répète. Le même film, une autre ville.
Trahi. Oui, trahi. Mais pas détruit. Car si le cœur de Drouin saigne aujourd’hui, il n’a pas encore dit son dernier mot.