C’est un duel rare, presque inconcevable dans le paysage médiatique du hockey. D’un côté, Pierre LeBrun, l’homme dont chaque phrase peut faire bouger les lignes à travers la LNH.
De l’autre, Nicolas Cloutier, journaliste respecté du Journal de Montréal et voix de plus en plus influente à TVA Sports. Entre eux, un nom : Pavel Zacha.
Et deux visions qui s’affrontent.
Pour LeBrun, c’est terminé : « Les Bruins n’ont aucune intention de se départir de Zacha. Ils le considèrent comme une pierre angulaire de leur transition. »
Une phrase qui a fait l’effet d’une bombe à Montréal et à Vancouver, deux équipes qui espéraient encore une ouverture.
Mais voilà que le Journal de Montréal vient bousculer le narratif. Selon les informations de Cloutier, Kent Hughes n’a jamais renoncé à Zacha, et pour cause : il le connaît personnellement, l’a représenté lorsqu’il était agent chez Quartexx, et garde un lien direct avec le joueur et son entourage.
Et selon Cloutier, le nom de Montréal revient de plus en plus souvent dans les conversations internes à Boston. Pas parce qu’un échange est imminent, mais parce que le respect mutuel entre Hughes et Don Sweeney maintient la ligne ouverte.
C’est ce qu’on appelle un revirement.
À vrai dire, tout a changé en deux semaines.
Les Bruins, qu’on croyait au fond du trou, ont redressé la barre : trois victoires de suite, retour à .500, et une dynamique d’équipe qui donne enfin espoir.
Dans un tel contexte, plus question de vendre.
Pavel Zacha, qui traverse sa meilleure séquence depuis son arrivée à Boston, symbolise ce regain. Douze points en 14 matchs, une chimie retrouvée avec David Pastrnak, et un rôle de plus en plus central dans la structure offensive.
Ce n’est pas un joueur de passage : c’est un maillon essentiel d’un club qui veut encore croire à une qualification printanière.
Et c’est là que le constat de LeBrun devient logique : si Boston croit encore aux séries, Zacha ne bougera pas.
D’autant plus qu’il est l’un des meilleurs amis de Pastrnak, un duo tchèque inséparable sur et hors glace. Le toucher à ce moment-ci serait perçu comme une trahison interne.
Mais c’est justement ce qui rend le dossier fascinant.
Ce lien personnel entre Kent Hughes et Pavel Zacha ne relève pas de la rumeur. Hughes l’a représenté durant des années chez Quartexx, l’agence qu’il n’a quittée qu’après une longue réflexion avant d’accepter le poste de directeur général du Canadien.
À l’époque, Zacha sortait de sa période d’instabilité au New Jersey. Hughes l’avait aidé à redéfinir sa carrière : le convaincre d’accepter un rôle plus complet, de devenir un joueur fiable défensivement, de jouer sur les 200 pieds.
Ce n’est pas un simple détail : l’actuel profil de Zacha à Boston porte l’empreinte de Hughes lui-même.
Selon Cloutier, ce lien est resté fort.
Et dans un contexte où le Canadien cherche un centre de deuxième trio, un joueur capable d’aider Ivan Demidov à se développer à forces égales, le nom de Zacha revient naturellement.
C’est Marco D’Amico, à BPM Sports, qui a résumé le mieux la vision du Canadien :
Montréal ne cherche pas une star, mais un stopgap.
Un joueur capable de tenir le fort jusqu’à ce que Michael Hage, le jeune espoir du club, soit prêt à prendre le relais. Sans oublier que le prodige russe, Alexander Zharovsky, joue aussi au centre dans la KHL au moment où l'on se parle.
Dans cette optique, Pavel Zacha représentait l’équilibre parfait.
Pas trop vieux (28 ans), encore sous contrat (4,75 M$ par saison jusqu’en 2027), polyvalent, capable de jouer à l’aile ou au centre, et doté d’une maturité rare pour un joueur de sa génération.
Le Canadien voyait en lui le stabilisateur idéal, ni un pari risqué comme Nazem Kadri à 7 M$ par année jusqu'en 2029, ni une nostalgie comme Phillip Danault, un joueur de plus en plus fini et aucunement offensif.
Mais les victoires récentes de Boston ont tout compliqué.
Boston refuse de se voir comme un vendeur
Don Sweeney, le directeur général des Bruins, l’a répété à son entourage :
« Nous ne sommes pas une équipe en reconstruction. Nous sommes en transition. »
La nuance est capitale.
Une équipe en transition ne vend pas ses meilleurs éléments. Elle reconfigure, ajuste, compense. Et dans cette logique, Zacha est l’ADN même du retool à la Boston : un joueur d’expérience, encore jeune, fiable sur les deux sens de la patinoire, et aimé de ses coéquipiers.
LeBrun croit même que Boston pourrait prolonger Zacha dès l’été prochain, un an avant la fin de son contrat. Une décision qui confirmerait son rôle dans le noyau futur, aux côtés de Pastrnak, McAvoy et Swayman.
En d’autres mots : Zacha n’est plus un actif échangeable, c’est un pilier du retool.
Mais là où le dossier devient explosif, c’est dans le contre-discours du Journal de Montréal.
Dans sa chronique, Nicolas Cloutier soutient que le CH est toujours dans le portrait et que les discussions exploratoires de l’été n’ont jamais été fermées.
Rappelons que le CH avait offert Jayden Struble, Oliver Kapanen et Joshua Roy pour Zacha cet été, offre qui a refusée sur-le-champ par les Bruins.
Cloutier rappelle que Hughes connaît Zacha « mieux que n’importe quel autre directeur général de la ligue » et que les relations entre Montréal et Boston se sont réchauffées depuis que Hughes, originaire de Beaconsfield mais qui a vécu la majeure partie de sa vie adulte dans la région de Boston, a repris contact avec les acteurs derrière les Bruins.
Cloutier va même plus loin : selon ses sources, Zacha ne refuserait pas d’être échangé à Montréal. Et mieux encore, certains joueurs tchèques de la LNH rêveraient de jouer pour le Canadien.
On peut confirmer que Montréal ne fait pas partie de la liste "no-trade" de Zacha.
C’est un détail, mais un détail lourd de sens.
Car si Boston devait éventuellement revoir sa stratégie, en cas de blessure, d’effondrement ou de série de défaites, le Canadien serait la première équipe à appeler. Mais il faudra offrir davantage que Struble, Kapanen et Roy.
Ce n’est donc pas fini.
LeBrun dit vrai sur la situation immédiate : Zacha ne bougera pas maintenant.
Mais Cloutier a raison sur le fond : Hughes garde la porte entrouverte.
Le directeur général du Canadien, fin stratège et patient, sait qu’un marché évolue vite.
Aujourd’hui, Boston est de retour à .500 et rêve encore aux séries.
Mais si, en janvier, les Bruins replongent et que Zacha devient soudainement un luxe, Hughes sera prêt.
Et contrairement à d’autres équipes, il possède les relations et le savoir-faire pour négocier directement avec Don
Pour l’instant, cependant, il faut se rendre à l’évidence.
Les Bruins ont retrouvé leur élan, et Pavel Zacha fait partie de leur cœur de relance.
Le joueur est heureux, la direction est satisfaite, et David Pastrnak s’est publiquement dit « fier » de sa chimie avec lui.
Le marché est donc fermé, pour le moment. Et les amateurs montréalais devront ranger leurs fantasmes d’un Zacha en bleu-blanc-rouge.
Mais si l’histoire du Canadien nous apprend quelque chose, c’est que les dossiers enterrés ne le sont jamais pour longtemps.
Kent Hughes est patient, rusé, et il sait que la valeur d’un joueur change vite.
Zacha n’est peut-être pas disponible aujourd’hui, mais dans la LNH, il n’existe pas de “jamais”.
