Pauvre Samuel Montembeault: Jakub Dobeš lui donne une leçon

Pauvre Samuel Montembeault: Jakub Dobeš lui donne une leçon

Par David Garel le 2025-11-12

Jakub Dobeš a peut-être perdu un match, mais il vient de gagner le cœur des partisans. Et, surtout, il vient de donner une leçon publique de leadership à Samuel Montembeault.

Une leçon d’émotivité, de responsabilité, de fierté. Tout ce que le gardien québécois semble incapable d’incarner depuis le début de la saison. Car oui, Dobeš a pleuré devant les caméras. Mais ensuite, il s’est présenté. Il a parlé. Il a assumé.

« Ne vous inquiétez pas pour moi, a-t-il lancé au terme de l’entraînement de mercredi, à Brossard. Une fois rendu dans l’avion, j’étais correct. »

« Je retire une grande fierté et je mets tout mon cœur chaque fois que je joue pour cette organisation. Je suis peut-être juste plus émotif que les autres. D’ailleurs, les gars ont eu bien du fun avec ça », a-t-il poursuivi, cette fois, avec le sourire fendu jusqu’aux oreilles.

On l’oublie trop souvent, mais le jeune gardien tchèque s’était juré de vaincre les Devils du New Jersey. Ce sont eux qui, la saison dernière, avaient stoppé sa première séquence victorieuse en LNH. C’est encore eux qui, jeudi dernier, l’ont battu en prolongation.

« Il y a des matchs qui ont une signification particulière et celui-là en était un. J’en ai vraiment fait une affaire personnelle, a-t-il indiqué. Les Devils m’ont battu l’an dernier et je m’étais juré que ça n’arriverait pas encore. »

« Malheureusement, on a perdu. Ça arrive, c’est du hockey, a-t-il poursuivi. J’aurais peut-être dû prendre un peu plus de temps pour décanter. »

Ce n’est pas une question d’être perfectionniste. C’est une question de respect. Respect pour l’équipe. Respect pour les partisans. Respect pour lui-même.

« Tous les matchs que je joue, je veux les gagner. Je veux les gagner pour l’équipe, pour les partisans et pour moi-même. »

« Je serai toujours moi-même. Je vais toujours me battre pour l’organisation et pour la ville. Je n’écouterai personne d’autre que mes entraîneurs, mes coéquipiers et ma famille, a-t-il martelé. Je ne changerai pas qui je suis parce que c’est ça qui m’a mené loin. »

Et voilà. Tout est dit.

Pendant ce temps, Samuel Montembeault évitait encore les caméras. Refusait de s’adresser aux médias. Semblait totalement absent de la conversation.

Pire, pendant l’entraîneur, les journalistes présents au Centre Bell ont rapporté une tension évidente. À chaque fois que Montembeault touchait à la rondelle, un murmure se faisait entendre. Et quand il ratait un déplacement, la caméra se tournait aussitôt vers Dobeš.

Pierre LeBrun, dans une capsule présentée sur TSN, a résumé la situation avec justesse :

« Dobeš est le type de gardien que tu veux dans ton vestiaire pour les 10 prochaines années. »

Il a aussi souligné que son émotivité n’était pas une faiblesse, mais une force.

« Il veut gagner. Il déteste perdre. Il joue pour le nom sur le chandail. C’est rare. »

Pendant toute la pratique, un analyste comme Marc Denis n’a cessé de dire :

« Montembeault a l’air nerveux. Montembeault a l’air nerveux. Montembeault a l’air nerveux. »

Ça résonnait comme un perroquet dans les oreilles des partisans. Et ils ont compris. Ils savent maintenant qui a le mental d’un numéro un.

Ce jeudi contre les Stars de Dallas, c’est Dobeš qui sera devant le filet. Son troisième match au Centre Bell. Son premier depuis le 20 octobre. Et, surtout, sa première vraie opportunité de faire taire définitivement tous ceux qui doutaient encore de lui.

Parce que oui, les statistiques sont importantes. Mais le caractère, la passion, l’attitude… c’est ça qui sépare les bons gardiens des grands.

Et Dobeš est en train de prouver qu’il est de la trempe des grands.

Pendant que le Tchèque assumait pleinement ses responsabilités avec émotion, transparence et un sens profond du devoir, Samuel Montembeault, lui, évoquait un vague « effondrement collectif », refusant d’identifier ce qui, dans sa performance personnelle, avait pu contribuer à la défaite.

« On a eu un relâchement. On était en contrôle du match, puis on a joué sur les talons », a-t-il lâché aux journalistes, comme si ce n'était pas de sa faute alors que c'est lui qui a tout gâché en donnant un but aux Kings qui a tout changé.

Là où Dobeš s’expose, se remet en question, répond à toutes les questions et se met en danger émotionnellement, Montembeault continue de se fondre dans le brouillard de la défaite sans véritable introspection.

Voilà où se trace la ligne de fracture entre un futur numéro un affamé et un gardien qui se contente de survivre. Dobeš pleure, crie se relève et retourne dans le filet avec l’envie de mordre.

Montembeault lui, se cache.

Si une équipe cherche à bâtir autour d’un gardien, elle doit miser sur celui qui brûle de l’intérieur, pas sur celui qui cherche des explications collectives chaque fois qu’il flanche.

À Montréal, cette semaine, la leçon est venue d’un jeune Tchèque de 24 ans, et elle était cinglante : pour devenir numéro un, il faut d’abord accepter de souffrir seul.