José Théodore tire à boulets rouges sur Patrik Laine... mais protège David Savard...
Il y a des commentaires qui font l’effet d’un uppercut en plein menton. Ceux de José Théodore sur Patrik Laine, livrés sans détour sur les ondes de Cogeco, font partie de cette catégorie.
L’ancien gardien du Canadien a été cinglant avec ses mots pour décrire la situation du Finlandais à Montréal. Selon lui, Laine n’a tout simplement plus sa place dans cette équipe. Ni maintenant, ni jamais.
« C’est un gars qui n’a jamais donné l’impression de vouloir s’intégrer. Il joue pour lui. Il patine quand ça lui tente. Il s’arrête quand ça ne lui tente plus. C’est pas un professionnel. C’est pas un joueur d’équipe. Et en séries, t’as besoin de guerriers, pas de touristes. »
Des propos cinglants, qui laissent peu de place à l’interprétation.
« Présentement, de ce que je vois de Laine, il n'apporte absolument rien. Et les autres joueurs ne veulent pas lui passer la rondelle.
Il est unidimensionnel. Il est lent pour réagir. Il ne bloque pas les tirs. S'il y a un gars qu'on peut laisser de côté, c'est Patrik Laine vendredi »
Mais ce qui choque le plus dans la sortie de Théodore, ce n’est pas tant la sévérité envers Laine – qui, disons-le, traverse un naufrage personnel et collectif – mais plutôt son silence bienveillant à l’égard d’un autre vétéran en grande difficulté : David Savard.
Car pendant que Laine, cloué au banc, est devenu la cible favorite de tout l’écosystème médiatique montréalais, David Savard accumule les présences pénibles, les erreurs coûteuses, et surtout, un jeu de plus en plus lent, de plus en plus dépassé.
Et pourtant, pas un mot. Pas une critique. Pas une remise en question sérieuse dans la bouche de Théodore.
On parle ici d’un joueur qui a joué moins de dix minutes lors du dernier match, qui a marqué dans son propre but, qui n’arrive plus à suivre les transitions adverses et qui, malgré tout, conserve son poste dans l’alignement comme s’il était intouchable.
Alors la question se pose : pourquoi ce silence face à Savard?
Est-ce parce qu’il est Québécois? Parce qu’il a déjà été un leader du vestiaire? Parce qu’il est sympathique dans les corridors du Centre Bell?
Peut-être. Mais en séries éliminatoires, les émotions, les souvenirs et les accolades d’antan doivent céder la place au mérite, à l’efficacité, au moment présent.
Et en ce moment, David Savard ne livre plus. Il est, pour reprendre les mots que Théodore utilise contre Laine, un poids mort. Un joueur incapable de suivre le rythme, qui ralentit son équipe et qui, match après match, nuit à la performance collective.
Et c’est là que réside tout le malaise.
Parce que oui, Laine est un joueur complexe. Oui, il semble détaché. Oui, il n’a pas l’instinct d’un guerrier comme Gallagher ou Anderson.
Mais dans ses bons soirs, il peut marquer. Il peut débloquer un match. Il a un tir que peu de joueurs dans la LNH possèdent. Et malgré tout, on l’humilie publiquement.
Pendant ce temps, Savard ne peut plus rien offrir. Il est au bout du rouleau. Et personne ne veut le dire à haute voix. Pire : on l’excuse.
On l’entoure de compassion. On le félicite presque d’avoir joué malgré ses douleurs. Mais jouer dans cet état, ce n’est pas du courage. C’est de l’entêtement. Et ça pénalise l’équipe.
Le Canadien a besoin de clarté. D’honnêteté. D’un regard lucide sur ses vétérans. Et aujourd’hui, le discours de José Théodore n’apporte rien de tout cela.
Il contribue plutôt à cette culture qui pardonne tout aux vétérans locaux, mais qui n’hésite pas à crucifier les étrangers, surtout ceux qui déçoivent les attentes.
Patrik Laine mérite peut-être d’être critiqué. Mais il ne mérite pas d’être seul dans le box des accusés. Et David Savard, pour tout ce qu’il a donné dans sa carrière, doit avoir la décence – ou être poussé – à céder sa place. Car en ce moment, il traîne l’équipe vers le bas.
Et si José Théodore veut vraiment défendre la culture du Canadien, il devrait commencer par appeler un chat, un chat. Et admettre que l’heure de Savard a sonné, tout comme celle de Laine.
Dans les séries, on ne joue pas avec les souvenirs. On joue avec ce qu’on a. Et ce qu’on voit, c’est que ni l’un ni l’autre n’a plus sa place sur la glace.