Patrick Roy voit rouge: Lou Lamoriello claque la porte

Patrick Roy voit rouge: Lou Lamoriello claque la porte

Par David Garel le 2025-03-31

Patrick Roy fait peine à voir : la légende est au bord du gouffre.

Cinq défaites de suite qui viellissent un homme de 10 ans. Et un Patrick Roy méconnaissable derrière le banc des Islanders de New York.

Ce n’est pas le même homme que celui qui est entré en scène avec fracas il y a quelques mois, porté par son aura légendaire et par un discours rassembleur qui avait donné un second souffle à une formation moribonde.

Ce que l’on voit aujourd’hui, c’est une icône du hockey, les yeux cernés, le visage rougi, la voix plus tannée à chaque point de presse, visiblement à bout de ressources… et de patience.

Dimanche soir à Raleigh, les Islanders ont encaissé une autre défaite, cette fois face aux Hurricanes de la Caroline. Un revers de 6 à 4 qui résume bien la saison : de bonnes séquences individuelles, des retours inspirants… mais toujours le même résultat au tableau. Un autre zéro au classement.

Patrick Roy ne cache plus son exaspération. Pour la première fois depuis qu’il a accepté ce poste à Long Island, il a ciblé ses propres joueurs ouvertement.

« On ne peut pas espérer gagner en accordant quatre ou cinq buts par match. C’est impossible. On ne mérite pas mieux en jouant comme ça », a-t-il lâché, les mâchoires serrées.

Mais ce n’était que le début. Le ton a monté au fil de la conférence, et Roy a commencé à passer ses joueurs au tordeur. Sans nommer tout le monde, il a visé son vestiaire comme rarement dans sa carrière d’entraîneur.

« Il y a des gars ici qui pensent encore qu’ils sont dans un camp d’entraînement. Je change les trios à chaque match parce qu’il n’y a aucune chimie, aucune constance. On dirait qu’on joue encore au mois de septembre. »

Roy a tout essayé. Il a changé ses lignes. Il a tenté d’inspirer ses troupes. Il a retiré ses gardiens en fin de match pour provoquer une étincelle.

Mais rien n’y fait. Les Islanders ont beau se battre, ils s’effondrent toujours au pire moment. Et pendant ce temps, la bataille des unités spéciales leur glisse entre les doigts.

C’est là où les critiques les plus cinglantes commencent à pleuvoir. Parce que dans la LNH, quand ton avantage numérique est inefficace et que ton désavantage est poreux, c’est directement sur l’entraîneur que les regards se tournent. Et les chiffres ne mentent pas : les Islanders sont l’une des pires équipes du circuit sur les unités spéciales.

« Quand tu perds les unités spéciales à chaque soir, ce n’est plus une coïncidence. C’est une tendance. Et c’est une tendance qui coûte des saisons. »

Ce commentaire, lancé à l’antenne d’une station de Long Island, a mis le feu aux poudres. Depuis, les émissions de radio sportives et les éditoriaux locaux remettent tous en question le règne de Patrick Roy.

La pression est montée d’un cran dimanche soir quand les caméras ont capté une scène symbolique : Lou Lamoriello, le vieux renard du hockey, quittant sa loge avant la fin du match.

Il restait encore quelques minutes à faire, mais la défaite était scellée. Lamoriello, habituellement calme et discret, a claqué la porte. Une image forte. Un message clair.

Personne ne connaît l’issue, mais tous les observateurs s’entendent : Roy est seul. Abandonné. Enfermé dans un rôle sans issue, comme dans une prison. La prison de Long Island.

Ce n’est pas seulement une question de performances. C’est aussi une question de contexte. Patrick Roy, tacticien bouillant et passionné, se retrouve à la barre d’un club vieilli, fatigué, et déconnecté de la réalité moderne de la LNH.

Les espoirs sont rares, les jeunes talentueux sont absents, le club-école est l’un des pires de la Ligue américaine, et l’avenir est sombre.

Alors que Martin St-Louis, à Montréal, travaille avec une pépinière de talents en pleine éclosion – Suzuki, Caufield, Slafkovsky, Demidov, Hutson –, Roy doit composer avec des vétérans à bout de souffle, des défenseurs fragiles, et une relève quasi inexistante.

Mais ce qui pourrait véritablement transformer ce cauchemar en enfer pour Patrick Roy, c’est le scénario de plus en plus probable où le Canadien de Montréal, dirigé par son plus grand rival Martin St-Louis, accède aux séries… pendant que ses Islanders se dirigent vers les terrains de golf.

Ce serait une humiliation d’autant plus douloureuse que St-Louis lui a volé – aux yeux de plusieurs – le poste d’entraîneur-chef à Montréal, poste que Roy a toujours rêvé d’occuper.

Voir son ennemi triompher pendant qu’il s’enfonce à Long Island serait un coup dur pour son orgueil, et ajouterait une couche de sel sur une plaie déjà béante.

C’est cruel à dire, mais Roy est emprisonné dans un rôle qui ne colle pas à son ADN. Il n’a pas les outils. Et chaque défaite le vieillit un peu plus.

Dans les corridors de l’UBS Arena, tout le monde le sent. Quelque chose va casser. Que ce soit Roy qui explose publiquement – comme il l’a fait récemment contre Toronto et les arbitres –, ou bien Lamoriello qui tranche. Mais la tension est évidente.

Les journalistes le confirment : Roy n’est plus le même. Il arrive plus tôt. Il parle moins. Il sourit moins. Il s’efface.

Et les images parlent. Ce visage rougi par la frustration. Ce ton grave. Ces points de presse plus courts. Ce regard vide parfois, quand on lui demande pour la énième fois pourquoi ses joueurs ne répondent plus.

Jusqu’à quand?

Oui. La question qui brûle toutes les lèvres est simple : combien de temps encore Patrick Roy va-t-il tenir?

La réponse, personne ne l’a. Pas même lui.

Mais une chose est sûre : le Patrick Roy qu’on voit aujourd’hui n’est plus le guerrier flamboyant qui faisait trembler le Centre Vidéotron ou le Pepsi Center.

C’est un homme épuisé, usé par une saison ingrate et une équipe qui ne mérite peut-être même pas son talent.

Et c’est tragique.

L’histoire se répète. Une légende mise dans une position impossible. Un vestiaire qui n’adhère plus. Un DG qui regarde ailleurs. Et une Ligue qui semble se délecter de ses revers.

On aurait aimé voir Patrick Roy triompher dans la LNH. On aurait voulu le voir soulever une équipe, élever une génération. Mais aujourd’hui, il fait peine à voir.

Parce qu’il est seul. Parce qu’il est piégé.

Et parce que personne, même pas une légende, ne mérite de vieillir comme ça… sur le banc d’une équipe sans avenir.