Patrick Roy ne voulait pas croiser José Théodore sur son chemin

Patrick Roy ne voulait pas croiser José Théodore sur son chemin

Par David Garel le 2024-08-15

Patrick Roy, un nom qui résonne avec une autorité incontestable dans l'univers du hockey, pour ne pas dire intimidante, a toujours su s'imposer comme le numéro un, que ce soit sur la glace ou dans les vestiaires.

Malheureusement, cette attitude de domination ne l'a pas empêché de snober ceux qui, comme José Théodore, ont tenté de s'approcher de son trône.

Théodore était un jeune talent qui était comparé à un prodige lorsqu'il a été repêché en deuxième ronde par le Canadien.

Théo avait la détermination de se tailler une place parmi les grands. Peu importe s'il devait tasser Roy de son chemin.

« Patrick Roy, je ne l’ai pas côtoyé longtemps. J’ai une meilleure relation avec lui depuis notre retraite », confie Théodore. (crédit: La Presse)

Mais à l'époque, les relations étaient tout sauf cordiales. Roy, sentant la jeunesse et l'ambition de Théodore, n'a jamais vraiment accepté l'idée qu'un autre gardien puisse lui succéder.

« Il pensait que j’étais là pour prendre sa place, et ça dérange toujours un athlète quand quelqu’un veut ton job », ajoute Théodore.

Le camp d'entraînement de 1995 a marqué le seul moment où les deux gardiens ont partagé le même vestiaire. Mais plutôt que de créer un lien, Roy a préféré garder ses distances.

"Les clés de Montréal lui appartenaient, et il voulait rester numéro un. Moi, dans ma nature, je voulais devenir numéro un aussi."

"Il sentait sans doute un peu ma détermination et, sans dire qu’il se sentait menacé, je n’ai pas cette prétention-là, le Canadien m’avait repêché en deuxième ronde, et Serge Savard affirmait qu’il l’avait fait pour préparer la retraite de Patrick. Il n’avait plus 20 ans non plus."

Le Canadien préparait l'avenir avec Théodore, mais Roy, fidèle à son caractère, ne comptait pas céder son trône si facilement.

Avec le temps, la rivalité s'est transformée en une relation teintée de respect mutuel, bien que l'ego de Roy ait toujours plané comme une ombre.

« Par la suite, j’ai joué au golf avec lui en Floride, j’ai joué avec ses fils. On a appris à se respecter. On se taquine aujourd’hui », raconte Théodore.

Mais même dans ces moments de camaraderie, la compétition n'était jamais loin.

« Ses gars sont venus chez nous, ils ont pris une photo avec mon trophée Hart et l’ont envoyée à leur père. Ils lui ont dit : “C’est dommage, tu l’as pas, ce trophée-là.” Patrick a vite rappelé pour leur demander où étaient mes Coupes Stanley… »

Cette guerre d'ego, si caractéristique de l'univers du sport, surtout dans le monde du hockey à Montréal, a laissé des marques.

Si Théodore peut se vanter d'avoir remporté le trophée Hart, un honneur que Roy n'a jamais pu ajouter à son palmarès, il n'a jamais été, et ne sera probablement jamais, un "grand chum" de Roy.

Mais c'est précisément cette rivalité qui aura permis à chacun de ces deux hommes de se hisser au sommet de leur art. Après tout, dans le monde du hockey, il n'y a de place que pour un seul roi à la fois.

Reste qu'il faut l'avouer. 

Contrairement à Patrick Roy, José Théodore a su accueillir son potentiel successeur avec classe et bienveillance. Lorsque le Canadien de Montréal a repêché Carey Price au cinquième rang en 2005, Théodore n'a pas vu cela comme une menace immédiate, mais plutôt comme une opportunité de partager son expérience et de soutenir le jeune gardien dans ses premiers pas au sein de l'organisation.

« Je n’ai pas mal réagi quand le Canadien l’a repêché, même si c’était un cinquième choix au total. Je connaissais assez la game pour savoir qu’à 18 ans, 21, 22 ans, tu n’es pas prêt à dominer », explique Théodore.

À 27 ans, Théodore était à son apogée, confiant en ses capacités et en sa position au sein de l'équipe.

« Je me disais que j’en avais encore pour au moins quatre ans avant de m’inquiéter pour ma job. Je ne me suis pas trompé. Price n’a pas dominé avant 24, 25 ans."

"Quand je me suis fait repêcher, Patrick avait ça, 27, 28 ans. C’est une roue qui tourne."

"Pour Théodore, la présence de Price n’était pas un signe de sa déchéance imminente, mais plutôt une étape naturelle dans le cycle de la carrière d'un gardien de but."

Lors du premier camp de Price avec le Canadien, Théodore a tenu à lui montrer qu’il était le bienvenu, malgré la pression que représentait la compétition pour le poste de gardien numéro un.

« J’étais là à son premier camp avec le Canadien. Et on a aussi joué au golf ensemble au camp de l’équipe olympique canadienne à Vancouver parce que les gars de l’équipe junior étaient invités pour le golf."

"Il était dans mon quatuor. Autant Price était une menace pour mon job, autant j’ai toujours voulu l’aider le plus que je pouvais."

"On a eu un seul camp ensemble. Je voulais être sûr qu’il sente que, même si j’étais le numéro un, je lui souhaitais la bienvenue de la bonne façon. »

Malheureusement, cette bienveillance n’a pas été universellement réciproque dans l’histoire des gardiens du Canadien. Ironiquement, des années plus tard, lorsque Théodore travaillait pour TVA Sports, il a interviewé Carey Price, mais ce dernier ne l’a même pas reconnu.

Ce manque de reconnaissance, aussi anodin soit-il, illustre une fois de plus la manière dont Price, comme Roy, malgré son génie indéniable sur la glace, a souvent eu du mal à voir au-delà de sa propre carrière et de son petit nombril.

Pour Théodore, ce n'était qu'une autre anecdote dans une carrière marquée par des rencontres parfois froides..

Autant son maître que son héritier...ont été bêtes avec lui...

Cruel...