Grosse surprise à New York: Patrick Roy fait suer Kent Hughes

Grosse surprise à New York: Patrick Roy fait suer Kent Hughes

Par David Garel le 2025-10-06

Le roi a encore parlé.

Il n’y a que Patrick Roy pour oser un tel coup. À deux jours du début de la saison, sans avertir personne, l'entraîneur des Islanders de New York a officialisé ce que plusieurs croyaient impossible : il formera son premier trio avec Bo Horvat, Jonathan Drouin… et Emil Heineman, l’attaquant sacrifié par Kent Hughes dans l’échange monstre qui a mené Noah Dobson à Montréal.

Et le message est clair : cette ligne, c’est une provocation. Une manière directe de rappeler aux partisans montréalais les décisions du passé, les erreurs stratégiques de leur direction, et surtout, de raviver un nom que trop de gens avaient enterré trop tôt : celui d’Emil Heineman.

Dans le vestiaire des Islanders, on blague à peine en l’appelant : « la ligne d’anciens Canadiens ». Un surnom à la fois ironique et acide, qui fait écho aux trajectoires brisées et aux occasions manquées du CH.

Jonathan Drouin, autrefois l’élu du peuple, vrejeté à Montréal, y retrouve enfin du respect. Bo Horvat, bien qu’il n’ait jamais appartenu au Tricolore, incarne la stabilité. Et entre les deux, un nom qui vient hanter la mémoire de Kent Hughes : Heineman, désormais centrale du casse-tête new-yorkais.

Quand Mathieu Darche a confirmé qu’Heineman n’était « pas un simple throw-in », il n’exagérait rien. À son arrivée avec les Islanders, l’ex-choix des Panthers et ancien attaquant du CH était vu comme un joueur de profondeur, au mieux un troisième trio.

Mais à peine le camp d’entraînement lancé, il a renversé toutes les attentes : explosion de vitesse, lancer lourd et précis, une énergie que même les vétérans ont eu du mal à contenir comme le témoigne le gardien Ilya Sorokin.

Patrick Roy n’a pas hésité une seconde. Dès la deuxième semaine, Heineman a été propulsé aux côtés de Horvat et Drouin. Depuis, il n’a plus bougé.

« Il a été notre meilleur joueur à chaque match simulé », confie une source au sein de l’organisation. 

Un affront à Kent Hughes?

Après tout, le Suédois  a été expédié aux Islanders dans l’un des plus gros échanges de l’été : Noah Dobson, en retour d’un paquet comprenant notamment le choix 16, le choix 17… et donc, Heineman. Le public montréalais a alors peu réagi à son départ, considérant le défenseur québécois comme un « coup de maître » de Hughes.

Mais si Dobson ne livre pas, si son adaptation tarde, si ses performances sont soft et en dents de scie, alors le retour d’Heineman comme ailier de premier trio à Long Island deviendra un symbole de plus de cette séquence d’échanges qui hante déjà le DG montréalais.

Et ce n’est pas un hasard si Patrick Roy a choisi ce moment précis pour dévoiler ses trios.

C’est une marque de fabrique. Patrick Roy ne se contente pas de faire du hockey. Il fait du théâtre. Du grand théâtre. En dévoilant ses trios au complet avant même la fin du camp, il n’a pas simplement voulu donner une direction à ses joueurs : il a voulu frapper l’imaginaire.

Et que l’on se comprenne bien : ce premier trio avec Drouin et Heineman n’est pas un test. C’est du solide.

Roy envoie un message : « J’ai confiance en ceux que vous avez rejetés. » Et ce message, à peine voilé, est destiné à Montréal.

Jonathan Drouin, ex-bouc émissaire de la métropole, est aujourd’hui au cœur de l’attaque de Roy. Et non seulement on l’y retrouve, mais on lui donne des énormes responsabilités « Il est heureux, détendu, et il crée de la magie avec Horvat ».

Mais c’est l’ajout d’Heineman qui transforme ce geste en défi. Car il ne s’agit pas ici d’un vétéran en quête de renaissance. Il s’agit d’un jeune joueur que Montréal n’a jamais pris au sérieux.

Ce qui rend le cas d’Heineman encore plus troublant, c’est qu’il a toujours démontré un potentiel sous-estimé. Mais faute d’espace à Montréal, il a été écarté. L’arrivée de Demidov et Zachary Bolduc  ont scellé son sort.

Aujourd’hui, Roy en fait un joyau. Et ça pique.

En l’intégrant à un trio aussi exposé, Patrick Roy le met sur orbite. Il sait que chaque but d’Heineman, chaque passe de Drouin, chaque étincelle de cette ligne sera analysée au Québec. Il veut que ce trio fasse parler. Il cherche à provoquer. Et il réussit.

Il ne faut pas négliger le rôle de Mathieu Darche, le DG des Islanders, dans ce coup de théâtre. À plusieurs reprises, il a insisté publiquement sur le fait qu’Heineman était une cible prioritaire dans la transaction Dobson.

Il a refusé Owen Beck à plusieurs reprises et a demandé Heineman car il voyait un lui l'un des meilleurs tirs de la LNH.

Darche sait très bien ce que ça implique. Il connaît la pression à Montréal, il connaît les médias. Et il n’a pas oublié les critiques quand il a cédé Dobson. Alors il appuie Roy à 100 % dans ce coup médiatique.

Ce trio Horvat-Drouin-Heineman n’est pas seulement une surprise tactique. C’est un retour au hockey de personnages, d’histoires, de rédemptions et de blessures mal refermées.

Drouin, le miraculé.

Heineman, le rejeté.

Roy, le provocateur en chef.

Ils se retrouvent ensemble, non par hasard, mais par vengeance...

Une revanche contre un système qui les a jugés trop vite.

Et pendant ce temps, à Montréal, on retient son souffle. Car si Dobson trébuche, si l’équipe peine, et que ce trio des Islanders flambe… le feu reprendra. Le feu des comparaisons. Le feu des regrets.

Ce premier trio incarne donc bien plus qu’un choix sportif. Il incarne une tension entre deux visions du hockey. Kent Hughes, calculateur, prudent, prêt à sacrifier pour bâtir une défensive de rêve. Patrick Roy, émotif, instinctif, capable de redonner une chance à ceux que les autres oublient.

La guerre des philosophies est déclarée.

Et à Long Island, le message est clair : l’ancien #33 n’a pas fini de faire jaser. Il ne dirige pas dans l’ombre. Il ne cache pas ses cartes. Il joue la partie à découvert, avec toute l’intensité qui a toujours fait sa marque.

Go Patrick go!