À Long Island, le décor est loin des gratte-ciels et du vacarme de Broadway.
Ici, on parle de banlieues fières, de voisins qui se connaissent tous, de plages qui s’étendent à l’horizon… et surtout d’une passion maladive pour leurs Islanders.
C’est dans ce contexte bien ancré que Patrick Roy, fidèle à lui-même, semble mijoter un coup qui pourrait secouer la quiétude de l’île tout entière.
Depuis que Patrick Roy a débarqué derrière le banc des Islanders, c’est tout un autre spectacle qui se joue sur la glace… et dans le vestiaire.
L’homme qui a bâti sa carrière sur des arrêts impossibles et des répliques assassines a maintenant entre les mains un effectif qui mélange stars fragiles, vétérans qui se battent contre l’horloge et jeunes loups qui veulent tout dévorer.
Et au cœur de ce puzzle explosif, il y a un duo qui commence déjà à faire jaser : Jonathan Drouin et Bo Horvat.
Oui, Drouin. Le même gars qui a été conspué à Montréal, qui a connu ses plus belles séquences offensives au Colorado, mais qui traîne aussi un dossier médical épais comme l’annuaire téléphonique.
Dans le New York de Roy, ces deux-là sont condamnés à se trouver… et vite.
L’affaire n’est pas sortie de nulle part. Depuis que Drouin a signé son contrat de deux ans à 4 millions par saison avec les Islanders, les observateurs les plus attentifs ont vite compris que Patrick Roy allait chercher à exploiter ce qu’il connaît du joueur.
Roy n’a jamais eu peur de confronter un talent capricieux, mais il sait aussi que pour tirer du jus de Drouin, il faut lui donner un environnement où il se sent utile et impliqué.
Bo Horvat, avec son jeu à 200 pieds, sa constance au cercle des mises au jeu et sa capacité à encaisser la pression, est le complément parfait pour que Drouin puisse improviser, créer… et parfois se pardonner quelques retours défensifs tardifs.
Mais attention : Roy n’est pas du genre à laisser passer les siestes sur la glace. Drouin le sait. Ce mariage-là, c’est soit un feu d’artifice… soit un divorce expéditif.
Dans le bureau de Mathieu Darche, ça non plus, ça ne dort pas. Le nouveau DG, parachuté après la longue ère Lamoriello, hérite d’un cap salarial serré comme une rondelle entre deux poteaux.
Les chiffres sont là : près de 89,4 millions déjà engagés, un plafond à 95,5, et seulement quelques miettes pour manoeuvrer.
Et encore, ces miettes-là, il doit les garder sous la main pour payer les éventuels bonus qui pourraient tomber comme des obus si un Shabanov ou un Schaefer dépasse les attentes.
Darche sait qu’il ne peut pas offrir à Roy le luxe d’une troisième ligne pleine de contrats à 5 millions.
Il doit jongler avec des Cizikas, des Palmieri et des Holmstrom pour donner un peu d’oxygène au banc tout en maintenant une structure capable de résister aux tempêtes.
Et des tempêtes, il y en a déjà eu. Anthony Duclair, par exemple, est arrivé comme la grosse prise offensive l’été dernier… avant de disparaître du radar, accumulant blessures et absences, jusqu’à ce que Roy lui passe un savon en public.
Le genre de moment qui définit un vestiaire : certains se rangent derrière le coach, d’autres ferment les écoutilles. Roy, lui, ne recule jamais.
Il est arrivé ici avec la mission claire de transformer cette équipe trop longtemps coincée dans la médiocrité confortable. Et pour ça, il va brasser des cages à poules, peu importe si ça froisse des égos.
Drouin, de son côté, est dans une drôle de position.
À 30 ans, il n’a plus vraiment le luxe de rater une autre saison à cause de blessures ou d’inconstance.
Ce contrat de deux ans, c’est à la fois une sécurité et une audition.
S’il réussit à faire revivre la magie de ses passes laser et de ses entrées de zone inspirées aux côtés d’Horvat, il pourrait se magasiner un dernier gros pacte.
Mais s’il retombe dans ses travers, il risque de se retrouver sur le marché avec l’étiquette d’un pari trop risqué, bon pour un “show-me deal” à un an. Et avec Roy qui surveille chaque détail, ça ne pardonnera pas.
Autour de ce duo, les Isles ont une ossature solide… mais pas invincible.
Barzal, payé comme une superstar, oscille entre des éclats de génie et des passages à vide interminables, le tout agrémenté de blessures qui le tiennent loin de l’action.
Horvat, lui, reste une valeur sûre, mais il ne peut pas tout faire seul.
Palmieri, Holmstrom, Pageau… ce sont des morceaux fiables, mais pas de quoi terrifier les défenses adverses.
Et derrière, Sorokin reste l’un des meilleurs gardiens de la ligue quand il est en forme, mais sa saison dernière, même en amélioration, a montré qu’il n’est pas infaillible.
Darche a hérité d’une équipe avec des contrats lourds à long terme ... Pulock, Romanov, Mayfield ... et peu de marge pour manoeuvrer à court terme.
Mais il voit plus loin. L’été prochain, quand les gros salaires de Lee et Pageau sauteront du livre, c’est plus de 22 millions qui pourraient se libérer.
Et en 2027, ce sera carrément un reset possible avec près de 60 millions de flexibilité.
En attendant, il faut bricoler. Et bricoler, c’est aussi miser sur des joueurs comme Drouin pour remplir des trous offensifs sans se ruiner.
C’est là que le pari Roy–Drouin–Horvat prend toute son importance.
Si ça clique, ça peut transformer une équipe de milieu de peloton en menace réelle dans l’Est.
Si ça échoue, Darche devra replonger dans un marché des échanges où chaque joueur intéressant coûte un bras, une jambe et un choix de première ronde.
Et n’oublions pas le facteur Roy : il n’est pas ici pour jouer les baby-sitters.
Sa patience est aussi courte que ses souvenirs de ses propres erreurs comme joueur. S’il sent qu’un gars ne donne pas tout, il n’hésitera pas à le tasser.
C’est ce qui rend cette saison des Islanders aussi fascinante : chaque match est un test, chaque ligne un message codé à la direction.
Et puis, il y a l’ambiance. Roy attire les caméras comme personne.
Ses conférences de presse sont déjà devenues des rendez-vous immanquables, entre les petites phrases assassines et les envolées passionnées. Pour les partisans, c’est un show dans le show.
Pour les joueurs, c’est un rappel constant que la barre est haute… et qu’on ne survit pas longtemps ici si on ne la franchit pas.
Drouin le sait mieux que quiconque. Horvat aussi. Et Darche, qui doit gérer cet équilibre entre un coach volcanique et un vestiaire fragile, marche sur un fil.
À travers tout ça, la réalité demeure : les Islanders ne peuvent pas se permettre une autre saison de “presque”.
Le marché new-yorkais est impitoyable. Les partisans veulent des séries, pas des excuses. Et Roy, qui n’a jamais aimé perdre, ne tolérera pas de voir son équipe flotter autour de la ligne éliminatoire en mars. Le message est clair : soit on avance, soit on dégage.
Dans ce contexte, voir Drouin prendre place à la gauche d’Horvat, avec la bénédiction de Roy, n’est pas juste un ajustement tactique.
C’est un signal fort. C’est le genre de décision qui peut définir la dynamique d’un groupe… et, soyons honnêtes, décider si cette expérience Roy à New York devient un chef-d’œuvre ou un fiasco.
Alors oui, ce n’est pas “nouveau” au sens strict ...l’idée de ce duo circule depuis que Drouin a mis sa signature sur le contrat ...mais c’est maintenant que ça compte.
L’été est fini, les excuses aussi. Drouin a la glace devant lui, Horvat est prêt à porter le fardeau, et Roy est derrière le banc, prêt à applaudir ou à exploser. Le reste, c’est à eux de l’écrire.
Et à nous de regarder… en se demandant à chaque présence si on assiste à la naissance d’un duo redoutable… ou au début d’un autre chapitre raté dans la carrière de Drouin.
À suivre ...