La catastrophe qui a frappé les Islanders de New York jeudi soir à Raleigh porte la signature de Patrick Roy, et elle laissera des cicatrices durables.
En choisissant de punir Mathew Barzal pour un simple retard à l’autobus menant à l’entraînement, Roy a voulu faire sentir son autorité dans un vestiaire où, selon certains journalistes new-yorkais, il était perçu comme trop mou, trop passif comparé à l'ancien Roy qui cassait des portes.
Mais ce coup de poing sur la table s’est révélé un acte de sabotage envers son propre club. Non seulement Barzal a été cloué au banc, mais son remplaçant d’urgence, Calum Ritchie, n’a même pas réussi à rejoindre l’équipe à temps à cause d’un vol annulé.
L'avion n'est jamais parti... et Roy n'a pas eu l'air du crayon le plus aiguisé de la boîte.
Les Islanders ont affronté les Hurricanes avec un alignement à court d’un homme, se faisant humilier 6-2. Le New York Post ne l’a pas raté au lendemain de ce désastre.
« Si l’objectif de punir Barzal était de réveiller les Islanders, cela n’a pas fonctionné », écrit-on dans les pages du quotidien, qui qualifie la soirée de « cauchemar organisationnel » et de geste irréparable.
Barzal n’est pas un joueur quelconque. Il est le moteur offensif du club, le seul capable de créer de la magie dans une équipe en pleine déroute.
Le suspendre pour un simple retard, surtout quand on sait que ce genre de mesures avaient été mises en place à Tampa Bay par Julien BriseBois, et importées à Long Island par Mathieu Darche, prouve que Patrick Roy voulait juste se coucher devant son nouveau DG.
En déclarant « ce n’est pas mon standard, c’est celui de l’organisation », Roy a tenté de se déresponsabiliser. Mais c’est bel et bien lui qui a couché Barzal sur la liste des rayés, et c’est lui qui a lancé Carey Cizikas sur le premier trio, dans un rôle qui ne lui convient tout simplement pas.
La dégelée a été rapide. David Rittich, laissé à lui-même, a accordé trois buts sur les sept premiers tirs. Roy, dépouillé de ses meilleurs atouts, a assisté impuissant à l’effondrement.
L’absence de Calum Ritchie a pesé lourd : non seulement il devait faire ses débuts dans la LNH, mais il aurait offert une alternative offensive valable en l’absence de Barzal. Or, piégé par la tempête qui a cloué des centaines de vols au sol, Ritchie est resté coincé, et les Islanders, eux, ont été manégs tout rond.
Cette humiliation survient dans un contexte où Patrick Roy tente de redéfinir sa place dans le monde de la LNH. Acclamé pour son intensité, son caractère bouillant et sa volonté de gagner, Roy avait pourtant adouci son approche depuis son retour dans la grande ligue.
Plusieurs commentateurs avaient même noté à quel point Roy semblait avoir perdu son mordant. Et voilà qu’en voulant prouver qu’il pouvait encore imposer une discipline sévère, il sabote sa propre saison.
Les Islanders sont maintenant 4-5, bons derniers dans la division métropolitaine. Leur différentiel de buts est à -9, leur attaque à sec, leur défensive poreuse.
Plus grave encore : l’effet sur le vestiaire. Barzal n’est pas juste un joueur vedette, c’est un leader respecté. Le punir de la sorte envoie un message trouble à tous les joueurs.
Est-ce que le club cherche à briser ses leaders? Est-ce qu’on veut instaurer un climat de peur plutôt que de responsabilité?
Et surtout, où est passé le Roy stratège, celui qui savait choisir ses batailles? À vouloir faire du bruit, il a provoqué une onde de choc qui fragilise déjà une fondation instable.
Mathieu Darche, lui, se terre dans le silence. Mais il est forcément co-responsable de cette décision. Et les partisans, eux, commencent à se demander si cette organisation, si fière, ne s’en va pas droit dans le mur.
La presse locale parle d’égarement, de confusion, de malaise grandissant. Si la saison déraille d’ici Noël, ce moment, la punition de Barzal, l’avion annulé de Ritchie, et l’humiliation contre la Caroline, sera vu comme le moment où le train a déraillé.
Patrick Roy a toujours été un homme de principes, mais dans la LNH moderne, les principes rigides ont souvent un prix. Et hier, ce prix a été deux points au classement, la perte de confiance de son vestiaire, et un clou de plus dans le cercueil d’un projet mal en point.
Mais au-delà de la glace, c’est dans les bureaux de la direction que la tempête est encore plus profonde. Mathieu Darche, qui avait pris une décision forte en échangeant Noah Dobson aux Canadiens contre les choix 16 et 17 (et Emil Heineman), se retrouve maintenant avec une formation coincée entre deux états : pas assez bonne pour faire les séries, pas assez mauvaise pour rebâtir correctement.
Les sélections de Matthew Schaefer au premier rang total, puis de Victor Eklund et Kashwan Aitcheson avec les choix 16 et 17, étaient synonymes de coup de circuit pour reconstruire.
Mais garder Bo Horvat, Anders Lee, Mathew Barzal et tous les vétérans, sans direction claire, fait grincer des dents dans les coulisses de l’organisation.
Des voix s’élèvent. Certaines, selon des sources new-yorkaises, affirment déjà que Roy n’est pas l’homme de la situation.
On ne voit pas comment un entraîneur aussi émotif, aussi porté sur la performance immédiate, pourrait accepter de coacher une équipe en reconstruction.
L’idée d’un congédiement à la fin de la saison n’est plus taboue. Elle circule. Elle inquiète. Et elle s’accompagne d’un autre débat encore plus explosif : faut-il échanger Mathew Barzal? Et même Bo Horvat? Et tous les vétérans? Si l’équipe doit tout recommencer à zéro, alors pourquoi garder ces vétérans?
Le cercueil sportif des Islanders, mal en point, semble prêt à se refermer s’ils ne prennent pas une décision ferme. Soit on reconstruit avec franchise, soit on mise à fond sur le groupe actuel.
Mais cette position hybride, molle, inefficace, est en train de détruire la crédibilité de l’organisation.
Et si Mathieu Darche ne tranche pas rapidement, c’est peut-être lui qui y sera enterré en premier.
