Patrick Roy fait trembler Mathieu Darche : la bombe est amorcée à Long Island

Patrick Roy fait trembler Mathieu Darche : la bombe est amorcée à Long Island

Par André Soueidan le 2025-09-06

Ça devait être un conte de fées.

Mais à Long Island, les contes finissent toujours en tragédies.

Un nouveau DG débarque, Mathieu Darche, Montréalais de service qui rêve d’imposer sa touche après avoir appris sous la coupe de Julien BriseBois à Tampa Bay.

Et dans le coin opposé, Patrick Roy, le volcan, l’ego en cage, le Hall of Famer devenu entraîneur qui refuse de marcher au pas.

Dès le départ, ça sentait le cocktail Molotov.

Et les phrases publiques de Darche, censées rassurer, n’ont fait qu’enflammer la poudrière.

« Tu sais, les gens disent toujours que Patrick Roy a un ego. Il ne l’a pas. Il est passionné, il veut gagner. L’impression de l’extérieur, c’est que ça doit être fait à sa façon. Mais il est en fait très humble. J’ai vraiment aimé travailler avec lui. Ça a été très collaboratif. »

Voilà ce que Darche a osé dire à Pierre LeBrun dans The Athletic.

Sérieusement? On parle du même Patrick Roy qui a déjà claqué la porte de l’Avalanche en plein été parce qu’il refusait de se faire imposer une direction?

Du même Roy qui a fait trembler le junior québécois avec ses crises derrière le banc de Québec?

Du même Roy qui, à Long Island, n’a pas hésité à détruire Anthony Duclair en conférence de presse avant de devoir battre en retraite en s’excusant publiquement?

Darche a beau enrober ça avec des mots de bisounours  « J’ai vraiment aimé travailler avec lui. Ça a été très collaboratif. »  la réalité, c’est qu’il marche sur une ligne de feu.

Parce qu’entre ses mains, il y a eu la décision qui a changé le destin de l’organisation : échanger Noah Dobson.

Le 27 juin, à peine un mois après sa nomination, Darche a largué une bombe : Dobson, le défenseur vedette, envoyé à Montréal contre deux choix de première ronde et Emil Heineman.

Officiellement, il n’y avait pas d’animosité.

« Les gens pensent toujours que quand tu échanges un joueur parce que tu ne peux pas le signer, c’est acrimonieux, mais il n’y a jamais eu d’animosité, » a-t-il déclaré.

« J’avais une valeur, l’agent en avait une autre, et au lieu de s’obstiner, on s’est dit : ‘Si tu crois que tu peux avoir ce contrat ailleurs, travaillons ensemble pour que ça arrive.’ »

Très beau sur papier. Mais qu’en pense Patrick Roy? Roy, qui misait tout sur Dobson comme pilier de sa défense?

Roy, qui avait déjà dû gérer la tempête médiatique de ses propres excès? On le devine : l’entraîneur a avalé la pilule de travers.

Et c’est là que la bombe s’amorce. Parce qu’un coach comme Roy n’oublie pas. Jamais.

Darche tente de montrer qu’il est un DG moderne, un gars de collaboration. « Je dirais que je suis très collaboratif avec les gens avec qui je travaille, » a-t-il dit.

« Je n’aime pas quand les gens disent : ‘Je travaille pour toi.’ Non. Tu ne travailles pas pour moi, on travaille ensemble. »

Le problème, c’est que Roy n’a jamais travaillé « ensemble » avec personne.

Roy travaille au-dessus, par instinct, par autorité naturelle.

Et à Long Island, tôt ou tard, ce clash de philosophies va exploser au visage de tout le monde.

Les partisans, eux, commencent déjà à se diviser.

D’un côté, ceux qui applaudissent Darche pour avoir tenu tête à un agent gourmand et évité de plomber la masse salariale.

De l’autre, ceux qui voient déjà le fantôme d’une guerre interne : Darche qui impose ses choix, Roy qui fulmine en silence, et un vestiaire qui attend le premier dérapage pour imploser.

Et ça ne manque pas de piquant : Darche a confié qu’il ne connaissait même pas Roy avant sa nomination.

« La première fois que j’ai eu le numéro de Patrick, c’est le jour où j’ai été nommé DG, » a-t-il avoué.

« Deux jours plus tard, j’ai pris l’avion pour Montréal et j’ai passé environ cinq heures avec lui. J’étais vraiment à l’aise avec lui. Ça a été super. »

Cinq heures à Montréal. Une lune de miel express. Mais combien de temps avant que le volcan Roy explose?

On connaît la recette.

Darche arrive avec ses chiffres, ses méthodes de Tampa, son admiration pour BriseBois et Bill Zito.

Roy arrive avec ses tripes, son aura, sa vérité crue.

Les deux sourient pour les caméras, mais derrière, les couteaux circulent déjà dans les ombres.

Et attention : Darche a juré qu’il n’était pas question de reconstruire.

« La première semaine après avoir obtenu le poste, j’ai parlé à chaque joueur de l’équipe et je leur ai dit : ‘Je ne détruis pas tout,’ » a-t-il confié.

« Parce que l’année dernière, cette équipe a eu beaucoup de blessures, les unités spéciales ont vraiment mal fonctionné, mais je pense que cette équipe peut faire les séries. »

Ne pas reconstruire, avec Patrick Roy comme coach, c’est promettre les séries.

C’est mettre toute la pression sur ses épaules, dès la première année.

Et si l’équipe s’effondre? Si les blessures reviennent?

Si le power play continue de se planter? On sait déjà qui va hurler, taper sur la table et faire trembler les murs du vestiaire.

Darche joue gros.

En héritant de Roy, il n’a pas seulement pris un entraîneur : il a pris une bombe humaine.

Une bombe qui, à chaque micro, peut retourner l’opinion publique. Une bombe qui, à chaque crise, peut isoler son DG et diviser son vestiaire. Une bombe qui a déjà explosé ailleurs.

Alors oui, aujourd’hui, Darche répète que « Patrick est humble » et que « ça a été collaboratif. »

Mais ceux qui suivent le hockey savent très bien : ça, c’est juste la fumée.

Le feu, lui, est déjà là. Et il ne demande qu’à s’enflammer.

Ouch...