Patrick Roy est devenu aveugle à Long Island.
Il est devenu un entraîneur aux yeux fermés sur la réalité, navigue dans un océan d'illusions, se refusant à voir le mur devant lui, se contentant plutôt d'y voir de l'espoir.
Lorsque les Islanders ont fait appel à lui, Lou Lamoriello, avec une confiance qui se voulait rassurante, lui a offert un contrat de trois saisons.
Un geste qui semblait être une bouée de sauvetage pour une équipe en perdition, mais qui, à bien des égards, ressemble maintenant à un scénario des plus tristes pour Patrick Roy.
Les mots de Lamoriello résonnent comme des échos d'un passé glorieux, promettant un avenir radieux malgré les nuages menaçants au-dessus de cette organisation qui a le pire bassin d'espoirs de toute la LNH.
«Il y a eu beaucoup de positifs, mais la transition n’a pas été facile. Je prends le blâme pour ça. J’ai placé Patrick dans une position très délicate. En raison du moment tardif où il est arrivé, il n’avait pas beaucoup de temps pour faire les choses de la bonne façon.» (crédit: Journal de Montréal)
«Ça crée beaucoup d’incertitude auprès des joueurs, qui n’ont pas eu le choix d’apprendre sur le tas. Or, la façon dont nous avons terminé la saison et ce que nous sommes parvenus à faire pour participer aux séries, c’est incroyable. Je crois que c’est le point de départ de la prochaine saison.»
«Je ne crois pas qu’il aurait pu faire mieux que ce qu’il a fait, a louangé Lamoriello. Il a surmonté les attentes qu’on avait placées en lui, même si mes attentes étaient élevées.»
Les journalistes captent les paroles, les transmettent comme un discours de réconfort et d'espoir, mais la vérité est connue de tous: les Islanders se dirigent tout droit dans le mur.
Ls bilan de fin de saison des Islanders a été synonyme de justification, où les excuses et les demi-vérités étaient énoncées pour tenter de créer une illusion de confiance aux journalistes.
Lamoriello prend la responsabilité des erreurs, mais derrière ses mots, on perçoit le portrait sombre d'une réalité qu'il préfère ne pas reconnaître.
Pour Roy aussi, son discours est synonyme d'une illusion. Il parle avec l'assurance d'un homme qui possède une équipe prétendante, alors que les Islanders ont l'une des pires situations de toute la LNH: une équipe vieille, un bassin d'espoir qui fait pitié et aucune porte de sortie.
«Je trouve qu’on a tellement bien joué contre les Hurricanes. Quand même l’entraîneur-chef adverse vient te voir pour te dire que les matchs auraient pu aller d’un côté comme l’autre... Je pense la même chose».
Roy parle de succès là où il n'y a que des illusions. Oui les Islanders se sont bien battus contre les Hurricanes, mais tout le monde a vu à quel point cette équipe ne va nulle part.
«Nous avons affronté une équipe prétendante à la Coupe Stanley et on les a tenus. Tous les matchs étaient serrés. Je crois vraiment en ce groupe. Il y a du grand leadership, des joueurs qui ont faim de s’améliorer et qui aiment jouer pour cette concession.»
Les Islanders se retrouvent à la croisée des chemins, leurs destinées entre les mains d'hommes qui refusent de voir la réalité telle qu'elle est. Surtout entre les mains d'un DG de 82 ans qui pense que Roy va faire des miracles avec rien sous la main.
«C’était la première fois que j’arrivais en poste en plein milieu d’une saison. C’était de l’inconnu pour moi. J’ai obtenu le soutien de Lou (Lamoriello) et les joueurs ont accepté le défi que je leur ai proposé.»
«J’ai appris beaucoup et je leur en suis très reconnaissant, a-t-il ajouté. Je suis certain que ça fera de mes adjoints et moi des entraîneurs mieux préparés.»
Patrick Roy, dans son aveuglement volontaire, parle de progrès et de succès à venir, mais les échos de ses paroles se perdent dans le vide de l'incertitude.
La saison prochaine s'annonce chaude, brûlante même, alors que les illusions qui ont masqué la vérité trop longtemps vont prendre le champ.
Patrick Roy est un gagnant...mais les Islanders seront une équipe perdante pour longtemps...