Pas de pitié dans la salle de presse: Martin St-Louis envoie promener deux journalistes

Pas de pitié dans la salle de presse: Martin St-Louis envoie promener deux journalistes

Par Marc-André Dubois le 2025-03-24

Martin St-Louis est capable du meilleur.

Capable d’un discours qui soulève un vestiaire. Capable d’une conférence de presse inspirante, digne des grands généraux du sport.

Mais il est aussi capable du pire. Et lundi, devant les médias montréalais, le coach du Canadien a remis son masque le plus méprisant, le plus arrogant, et le plus baveux.

C’était censé être un point de presse classique, ordinaire, avant un départ à l’étranger pour une série de quatre matchs.

Une séance où les journalistes pouvaient, à juste titre, poser quelques questions fondamentales sur l’état de l’équipe, la gestion des effectifs, et l’approche mentale à adopter à ce moment crucial de la saison.

Mais pour Martin St-Louis, il semble que certains sujets deviennent rapidement tabous — surtout quand ils bousculent son autorité ou grattent la surface d’un futur choix difficile.

Tout a commencé avec une question parfaitement légitime de Jonathan Bernier du Journal de Montréal.

Le journaliste voulait savoir — en prévision du retour imminent de Kaiden Guhle, qui s’était entraîné à plein régime plus tôt — quel défenseur allait être laissé de côté.

Une question simple, directe, à laquelle on aurait pu s’attendre à une réponse du genre :

« On évaluera la situation au jour le jour » ou « C’est une bonne nouvelle d’avoir des choix difficiles ».

Mais non.

Martin St-Louis a visiblement perdu patience.

Il s’est replié dans une posture défensive, presque condescendante, en lançant :

« Je sais pas. Je m’en fais pas avec ça. Je suis pas là encore. Il y a quelque chose qui peut arriver dans les prochains matchs.

Pourquoi je me ferais un casse-tête avec un casse-tête qui veut rien dire si quelque chose arrive entre-temps ? »

Voici l'extrait vidéo:

Le ton ? Sec. Méprisant. Arrogant. Un “je t’écrase sans te répondre” qui a résonné froidement dans la salle. L’implication était claire : « ton casse-tête, je m’en fous ».

Pas besoin de mots de trop, St-Louis a voulu remettre Bernier à sa place. Et il l’a fait sans détour. Comme s’il était insulté qu’on ose s’intéresser à une décision d’alignement — pourtant centrale dans le travail d’un entraîneur-chef.

Mais il ne s’est pas arrêté là.

Un peu plus tard, c’est Marc-Antoine Godin, de Radio-Canada, qui s’est aventuré dans une zone sensible : la motivation du groupe à l’aube d’un long voyage sur la route, après une séquence électrisante au Centre Bell.

Encore une fois, question parfaitement valable. Dans n’importe quelle organisation, on veut savoir comment l’équipe compte maintenir son énergie à l’extérieur de la maison.

Mais la réponse de St-Louis a été d’une violence symbolique rare. À peine Godin a-t-il terminé sa question que l’entraîneur lui a lancé, d’un ton cinglant :

« Je sais où tu t’en vas avec ta question, je suis désolé si j’ai l’air… »

Et puis, il s’est arrêté, l’air exaspéré. Il a joint le geste à la parole, montrant avec ses doigts un minuscule espace pour imager le peu de place qu’occupe, selon lui, la motivation dans les performances de son équipe :

« La motivation ? C’est ça. C’est rien. Ce qui compte, c’est la discipline. La motivation, ça t’amène nulle part. Tu peux être motivé un soir, inspiré par la foule à la maison, oui.

Mais l’inspiration, c’est pas pareil que la motivation. Si tu comptes sur la motivation, tu vas te planter. Il faut se discipliner, dans les actions que tu vas poser, fun ou pas fun. »

Traduction ? “Ta question est idiote, voici la vraie réponse.” Et surtout : “Tu ne comprends rien.”

Le message n’est pas passé inaperçu. En une minute, St-Louis a écrasé deux journalistes. Deux professionnels qui faisaient leur travail.

Deux représentants d’un public qui veut comprendre ce qui anime son club. Ce n’était plus du leadership. C’était de la condescendance pure.

Il faut dire que le “vrai Martin St-Louis” n’est jamais bien loin. Celui qui déteste qu’on questionne son autorité. Celui qui n’a pas oublié qu’on a voulu le pousser vers la sortie en décembre.

Celui qui s’est fait taper sur la tête par Michel Bergeron, Jean-Charles Lajoie, et tant d’autres. Celui qui, encore aujourd’hui, entend le nom de Patrick Roy résonner comme une menace constante.

Lundi, le masque du coach calme et inspirant a glissé. Et c’est le Martin baveux qui est ressorti. Celui qui refuse de parler de ses décisions.

Celui qui écrase les questions sans même les écouter. Celui qui fait sentir aux journalistes qu’ils dérangent.

Peut-être qu’il se protège. Peut-être qu’il sait que les prochaines semaines sont décisives. Peut-être qu’il a peur de perdre son groupe s’il montre le moindre doute.

Mais le mépris affiché lundi n’était pas digne de la stature qu’il tente de construire.

Il est grand temps que Martin St-Louis réalise une chose : le respect ne se gagne pas seulement dans le vestiaire. Il se gagne aussi dans les échanges avec ceux qui couvrent l’équipe.

Être un grand entraîneur, ce n’est pas juste sortir un beau discours après une victoire. Ce n’est pas juste dire que chaque match est un match numéro 7. C’est aussi savoir répondre aux questions sans écraser ceux qui les posent.

Lundi, il a voulu montrer qu’il contrôle tout. Qu’il n’a besoin de personne. Qu’il est au-dessus de la mêlée. Mais au lieu de prouver sa grandeur, il a montré ses insécurités.

Et dans une ligue où les communications comptent autant que les performances, ce genre de sortie ne passe pas inaperçue.

Martin St-Louis est un coach passionné, humain, entier. Mais lundi, c’est son orgueil blessé qui a parlé. Et ce n’était pas beau à voir.