Panique dans le bureau de Jeff Gorton : la mission du deuxième vire au cauchemar

Panique dans le bureau de Jeff Gorton : la mission du deuxième vire au cauchemar

Par André Soueidan le 2025-06-12

Depuis des mois, c'est le même refrain à Montréal : trouver un centre de deuxième trio pour solidifier enfin l’épine dorsale du Canadien.

Tout le monde en parle, tout le monde en rêve.

Sauf que dans le bureau de Jeff Gorton et Kent Hughes, le rêve vire tranquillement au cauchemar.

Parce qu’en ce début d’été 2025, le marché des centres n’a jamais été aussi stérile.

On parle d’un désert aride où même les cactus hésitent à pousser.

Et ça, pour une organisation qui croyait pouvoir faire un pas de plus dans sa reconstruction, c’est un coup de massue.

On croyait l’heure venue d’ajouter enfin la pièce manquante derrière Nick Suzuki pour stabiliser la structure. Mais non. Les acheteurs sont nombreux.

Les vendeurs? Presque inexistants.

Pierre LeBrun a été le premier à tirer la sonnette d’alarme dans The Athletic.

Selon ses informations, les seules équipes prêtes à vendre en ce moment sont... les Penguins de Pittsburgh.

Et encore. On parle ici de Bryan Rust et Rickard Rakell. Deux bons joueurs, certes, mais qui n’ont rien du centre #2 recherché par Montréal.

Sidney Crosby, Evgeni Malkin et Kristopher Letang? Intouchables.

Et même s’ils devenaient disponibles, on sait très bien qu’ils ne viendraient jamais à Montréal.

Le mandat est clair : Pittsburgh veut une reconstruction, mais à sa façon. Personne n’a de réelle marchandise à offrir à Kent Hughes.

Le problème est encore plus vaste. Même les pires équipes de la Ligue nationale ont décidé qu’elles en avaient assez de tanker.

Anaheim, Chicago, San Jose... tous veulent maintenant acheter pour accélérer leur reconstruction.

Et c’est là où le cauchemar commence véritablement.

Pendant des années, le modèle était simple : les équipes en reconstruction vendaient leurs vétérans pour ramasser des choix et bâtir leur avenir.

Aujourd’hui? Les Ducks ont acquis Chris Kreider, les Blackhawks veulent entourer Connor Bedard immédiatement, et les Sharks sont agressifs malgré la lenteur de leur propre progression.

Résultat : l'offre de centres disponibles fond à vue d’œil.

Et pendant ce temps-là, Kent Hughes regarde le vide.

Il scrute le marché, épluche les téléphones, sollicite les DG de la ligue.

Mais il n’y a rien. Pas de Horvat disponible à Long Island. Pas de Barzal offert.

Même les cibles secondaires se raréfient.

Le marché des agents libres? On repassera.

La cuvée 2025 est aussi mince qu’une soupe diluée.

On parle de joueurs comme Matt Duchene (encore), mais à 34 ans, est-ce vraiment la pièce à long terme qu’on veut coller derrière Suzuki?

Les Sam Bennett, les Chandler Stephenson, les vétérans costauds et compétitifs, eux aussi risquent de rester dans leurs marchés respectifs ou d’exiger un prix de fou.

Kent Hughes le sait mieux que quiconque : à moins d’une transaction surprise, les options sont minces. Et c’est là que la pression grimpe dangereusement.

Parce que cette fois-ci, on ne parle plus simplement de développement.

On parle d’une équipe qui a goûté aux séries éliminatoires cette saison, qui a surpris tout le monde en se faufilant par la porte de derrière, et qui veut maintenant bâtir sur cette progression.

Mais sans centre #2, le risque est énorme.

On l’a vu face à Washington en séries : Suzuki peut tenir le fort, mais quand vient le temps de survivre à des minutes importantes contre les gros clubs de l’Est, il faut de la profondeur au centre.

Kirby Dach? On espère qu’il reviendra au sommet de sa forme après son opération, mais parier là-dessus serait irresponsable.

Owen Beck? Prometteur, certes, mais encore trop jeune pour être jeté dans le feu comme pivot de deuxième trio.

Alex Newhook? Plus utile sur un troisième trio, là où son coup de patin et sa créativité peuvent déranger sans qu’on lui demande de porter la charge complète.

Le reste? Du vide intersidéral.

C’est ici que la frustration commence à monter dans le bureau de Jeff Gorton.

Parce que lui et Hughes ont bâti ce noyau patiemment, méthodiquement, sans jamais céder à la panique.

Ils ont repêché Ivan Demidov, ils ont amené Lane Hutson et David Reinbacher dans le système, ils ont consolidé la défensive avec Guhle, et ils ont stabilisé le filet pour les années à venir avec Montembeault, Dobes et Fowler.

Mais il manque toujours cette pièce centrale. Ce maudit deuxième centre.

Et à chaque fois qu’ils croient avoir une ouverture, la porte se referme.

Le cas de Trevor Zegras illustre parfaitement ce drame.

Les Ducks, qui semblaient prêts à l’échanger cet hiver, ont soudainement fermé le robinet en voyant la courbe de progression de Cutter Gauthier et Leo Carlsson.

Dans les coulisses, plusieurs murmures laissent entendre que Kent Hughes aurait même tenté un coup de circuit pour un joueur comme Zegras ou Barzal, mais s’est heurté à des demandes complètement démesurées.

Parce que tout le monde sait que le Canadien cherche désespérément cette pièce.

Et ça, ça fait grimper le prix.

On parle ici de demandes absurdes : David Reinbacher ET un choix de première ronde dans certains cas.

Inacceptable.

Et plus les jours passent, plus le marché se referme. Vegas veut acheter. Floride veut solidifier son top-6.

Même les Sénateurs cherchent un centre pour épauler Stutzle. Chaque équipe qui ajoute de la compétition fait grimper la pression sur Hughes.

Dans ce contexte étouffant, certains dans l’entourage du Canadien murmurent que la direction pourrait être tentée de patienter une année de plus et de miser sur le développement interne.

Une solution par défaut qui ne fait pas l’unanimité, mais qui pourrait s’avérer moins risquée que de surpayer un vétéran usé ou de vider l’avenir pour une transaction hasardeuse.

Car c’est bien ça le dilemme du moment : sacrifier l’avenir pour combler un besoin pressant?

Ou continuer à construire patiemment et espérer qu’un alignement mené par Suzuki, Demidov, Slafkovsky, Caufield et Hutson puisse franchir un nouveau cap malgré l’absence de ce fameux centre #2?

Jeff Gorton sait qu’il marche sur une ligne mince.

Les partisans sont impatients, mais la direction refuse de répéter les erreurs du passé. Faire une transaction pour faire une transaction? Non merci.

Mais pendant ce temps, chaque jour sans mouvement alimente la panique médiatique.

Chaque fois qu’une équipe conclut un échange, les lignes ouvertes de Montréal hurlent : « Et Kent Hughes, lui? Il fait quoi? »

La vérité est cruelle : il n’y a tout simplement pas de marché.

Pas en ce moment.

Et Jeff Gorton le sait mieux que quiconque : sa mission tourne tranquillement au cauchemar.

Misère...