Connor McDavid va jouer la dernière année de son contrat. Et soudainement, tout le monde à Edmonton se met à respirer plus vite.
Parce que ce n’est pas seulement la fin d’un contrat. C’est peut-être la fin d’une époque. La fin d’une illusion.
McDavid, c’est le meilleur joueur au monde.
Avec Leon Draisaitl, ils forment le duo offensif le plus électrisant de la planète hockey.
Mais à un moment donné, ça ne suffit plus. Il faut gagner. Et les Oilers, année après année, trouvent une manière différente de tout gâcher.
L’an dernier, c’était une équipe de patchage.
À la défense? C’était risible. Des noms comme John Klingberg, Jake Walman, Brett Kulak.
Une brochette de gars ordinaires, voire dépassés.
Evan Bouchard faisait son possible, mais il ne pouvait pas tout porter seul.
Et devant le filet? On recommençait avec Stuart Skinner et Calvin Pickard.
Sérieux? Tu veux gagner une Coupe Stanley avec cette paire-là? C’est comme vouloir traverser l’Atlantique avec un pédalo troué.
L’attaque, elle aussi, s’essoufflait. Evander Kane? Has-been. Viktor Arvidsson? Mercenaire. Corey Perry? Nostalgie en patins.
Edmonton n’a jamais su bâtir autour de McDavid et Draisaitl. Ils ont juste collé des morceaux, en espérant que ça tienne. Spoiler alert: ça ne tient plus.
Et pendant ce temps-là, à Vegas, on construit. On attire. On transforme les rejetés en champions.
Jack Eichel, le joueur que tout le monde accusait d’être immature, individualiste, dysfonctionnel à Buffalo?
À Vegas, il est devenu un gagnant. Un leader. Un gars qui a relevé son jeu dans les séries et soulevé la Coupe Stanley.
Mitch Marner, autre enfant choyé qui avait tout sauf la reconnaissance à Toronto, a lui aussi pris le chemin du désert.
Les Leafs ne savaient plus quoi faire avec lui. Trop cher, trop soft, trop de pression.
Il s’en va maintenant jouer dans un climat où la pression n’existe que sous les lumières de Las Vegas Boulevard.
Et on peut être sûr d’une chose : il va rebondir. Parce que c’est Vegas. Là où tout le monde renaît.
Ajoute à ça Noah Hanifin, défenseur fiable et constant, et tu obtiens un noyau sorti du repêchage 2015, qui ne devait rien à Vegas… mais qui appartient désormais à Vegas.
Et là, tout pointe vers Connor McDavid.
McDavid a 28 ans. Quand son contrat se termine, il aura 29. Et là, tu commences à te poser des questions.
Sidney Crosby a gagné sa dernière Coupe à 29 ans.
Après, ça devient de plus en plus difficile. Le corps vieillit, la fatigue s’accumule, les blessures s’invitent.
Vegas, c’est l’ultime destination. C’est Sin City. C’est la ville où les vedettes vont pour finir leur carrière avec panache.
C’est là que Céline Dion s’est installée pour briller une dernière fois. Et c’est là que McDavid pourrait décider de tout envoyer promener pour une seule chose : gagner.
Gagner, peu importe le prix. Vendre son âme, peut-être.
Abandonner Edmonton, ses fans, ses promesses. Mais dans ce monde-là, le hockey, les anneaux comptent. Le reste, c’est du bruit.
Imagine le trio : Eichel. Marner. McDavid.
Trois des cinq premiers choix de 2015, tous dans la même équipe. Tous rejetés, critiqués, sous-estimés à un moment ou un autre. Tous réunis à Vegas pour une mission : écraser la LNH.
Et ça, ça commence à sentir le script hollywoodien.
Marner n’a jamais voulu quitter Toronto, mais il a compris qu’on ne l’aimerait jamais autant qu’on aime les beaux discours.
Lui, il veut gagner. Il veut jouer avec des gars qui ont sa soif. Et il l’a trouvée à Vegas. Son départ n’est pas une fuite.
C’est un choix stratégique. Un message à la ligue : le temps de faire plaisir est terminé. Place aux affaires.
Eichel, lui, n’a plus rien à prouver. Il a goûté à la Coupe. Il sait ce que ça prend. Et il sera là pour rappeler à McDavid que la délivrance passe parfois par l’exil.
Et Vegas, avec ses magouilles comptables, ses tours de passe-passe sur la LTIR, sa capacité à manipuler le cap salarial comme un prestidigitateur, est prête à l’accueillir.
Mark Stone? LTIR.
Alex Pietrangelo? En convalescence longue durée.
Le tapis rouge est déroulé. Le cap salarial se dégonfle comme par magie.
Et soudainement, Vegas peut offrir ce qu’Edmonton ne peut plus : un plan crédible.
Parce que soyons honnêtes : combien de fois McDavid doit-il traîner cette équipe sur ses épaules pour se faire sortir par une équipe mieux construite?
Combien de saisons gâchées à jouer 25 minutes par soir pour combler les trous laissés par un DG dépassé?
À un moment, ça suffit.
McDavid n’a jamais demandé à être un martyr. Il a donné tout ce qu’il avait.
Mais s’il veut gagner, vraiment gagner, il devra suivre le même chemin que ses comparses. Il devra faire ce que Eichel, Marner, et tant d’autres ont fait : quitter.
Et quand ce moment arrivera, personne ne pourra lui en vouloir.
Il aura été loyal. Patient. Brillant. Mais dans cette ligue, la patience est une vertu… qui ne remplit pas les vitrines à trophées.
Vegas, c’est le nouveau pôle magnétique de la LNH.
Et Connor McDavid est peut-être la prochaine étoile à être attirée par son champ gravitationnel.
Oubliez la Coupe Stanley au Canada. Ça fait plus de 30 ans que ça n’arrive pas. Il est peut-être temps de se réveiller.
McDavid à Vegas, c’est pas une trahison.
C’est une délivrance.
À suivre.