Pas pour l'argent, pas pour les statistiques, mais pour le Canada, pour l'honneur, pour le plaisir, une dernière fois.
Marc-André Fleury, à 40 ans, repousse encore l'évidence.
Il n'est pas encore prêt à raccrocher les jambières. Et ce printemps, c'est l'appel du drapeau qui lui redonne une dernière dose d'adrénaline.
Dans une déclaration inattendue, son agent a confirmé que le gardien allait rejoindre Équipe Canada pour le Championnat du monde de hockey.
C’est une première pour Fleury à ce tournoi, lui qui n’a jamais porté l’uniforme national à l’échelle senior, hormis comme troisième gardien aux Jeux de Vancouver.
Mais ce n’est pas tout : Fleury va retrouver un ancien complice de guerre. Un frère de sang sur la glace. Un nom qui résonne comme celui d'une dynastie : Sidney Crosby.
Les deux ont régné sur la LNH ensemble pendant plus d’une décennie. Trois Coupes Stanley, des victoires épiques, des séries inoubliables, des moments de gloire partagés sous les couleurs des Penguins de Pittsburgh.
De 2005 à 2017, ils ont été les piliers d’une époque. Un capitaine emblématique et un gardien flamboyant. Une alliance forgée dans la pression et scellée par les bagues.
Fleury l’a dit lui-même, avec un sourire typique de son humilité légendaire : « J’étire encore un peu la sauce. Je suis arrivé chez moi et les enfants étaient fous. Je me suis dit que je devais continuer de jouer. »
Mais ce qui semblait au départ n'être qu'un clin d'œil à sa carrière prolongée devient aujourd’hui un véritable rendez-vous avec l’Histoire.
Car ce duo mythique, qu’on pensait définitivement dispersé, va renaître là, au cœur du printemps, sur la scène suédoise.
Une dernière fois, Fleury et Crosby vont patiner sous les mêmes couleurs. Pas pour un chèque. Pas pour des records. Mais pour le symbole.
Pour le pays. Pour une dernière tape sur les jambières avant le match. Pour une dernière accolade dans le vestiaire.
Et peut-être, qui sait, pour un dernier miracle de hockey.
C’est une poignée de secondes qui définit parfois une carrière. Et pour Fleury, la poignée de secondes où il a dit « oui » à Hockey Canada est celle d’un homme qui ne joue plus pour lui-même, mais pour ceux qui ont partagé la route avec lui.
« Je suis excité d’y aller. Je n’ai jamais joué au Championnat du monde. Je n’ai pas joué avec Sid depuis un moment, donc je pense que ce sera amusant de passer un peu de temps ensemble et de lui crier dessus à l’entraînement », a-t-il lancé en riant.
Fleury a toujours été un coéquipier adoré. Son rire contagieux, sa passion pour le jeu, sa manière de transformer une salle de presse ou un vestiaire tendu en scène de camaraderie.
Et Crosby, dans sa rigueur stoïque, a toujours trouvé en Fleury un équilibre parfait. L’énergie qui désarme, la folie douce qui libère.
Alors non, ce n’est pas qu’un tournoi. C’est un adieu partagé. Une façon pour deux icônes de rappeler à la planète hockey ce qu’est la grandeur. Ce qu’est la loyauté. Ce qu’est l’esprit canadien.
Fleury ne veut pas devenir entraîneur. Il ne veut pas être analyste à la télé. Il veut être avec ses enfants. Il veut passer l’Halloween avec eux. Il veut les voir grandir.
Mais avant de refermer le livre, il veut y inscrire une dernière page. Une page avec Sid. Une page avec la feuille d'érable sur le chandail.
Et cette page, on va la lire les larmes aux yeux.