Offre hostile Montréal-Anaheim: TVA Sports lance une bombe médiatique

Offre hostile Montréal-Anaheim: TVA Sports lance une bombe médiatique

Par David Garel le 2025-06-30

C’est un geste rare. Presque tabou.

Mais voilà que TVA Sports, à peine 24 heures avant l’ouverture du marché des joueurs autonomes, fait ce que peu de médias osent encore faire : parler ouvertement d’une offre hostile. Oui, le mot est lâché. Et pas seulement en théorie.

Pas de conditionnel, pas de timidité. Pour la première fois depuis une éternité, on envisage sérieusement que le Canadien de Montréal puisse s’infiltrer dans le territoire interdit des agents libres avec compensation.

Et les noms mis de l’avant font sursauter : Mason McTavish et Dmitri Voronkov. Deux centres, deux gauchers, deux profils dominants. Deux cibles qu’on croyait inaccessibles… jusqu’à ce que TVA Sports ose briser le silence.

La pression monte. Le plafond approche. Le marché se resserre. Et soudainement, Kent Hughes a une arme que presque aucun DG n’a utilisée depuis plus d’une décennie : celle de contourner les règles du jeu diplomatique, et frapper là où ça fait mal.

Depuis trop longtemps, l’offre hostile a été rangée dans le tiroir des tactiques dangereuses à Montréal. 

Le dernier DG à l’avoir utilisée sans succès, c’est Marc Bergevin, avec l’offre à Sebastian Aho en 2019… une tentative qui s’est soldée par un affront public infligé par les Hurricanes.

La réputation de Bergevin a été entachée à vie. Mais s'il avait eu le courage d'offrir davantage, son plan aurait peut-être fonctionné.

Mais six ans plus tard, le contexte a changé.

Les besoins du Canadien sont clairs. Un 2e centre. Ou un ailier de gros gabarit. Et les options sur le marché des joueurs autonomes sans compensation s’évaporent à vue d’œil.

John Tavares a choisi de prolonger son exil à Toronto. Sam Bennett s’est enterré en Floride pour 8 M$ par année. Claude Giroux, visé par le CH, a re-signé à Ottawa. Et Kent Hughes ne pourra pas se contenter d’un Granlund ou d’un Roslovic pour calmer la foule.

Il lui faut du sang neuf. Du mordant. De la jeunesse. Et c’est là que Mason McTavish et Dmitry Voronkov deviennent plus qu’un fantasme.

Mason McTavish, évidemment, est la plan A selon TVA Sports.

22 ans, centre gaucher, 52 points, 6,8 M$ projetés. Mason McTavish a tout pour devenir le partenaire de jeu idéal d’Ivan Demidov pour les dix prochaines années. Il joue dur. Il marque des buts. Il gagne ses mises en jeu. Il n’a peur de rien.

Le DG Pat Verbeek joue avec le feu depuis des semaines. Les négociations traînent. Et dans les coulisses, on sent bien que les Ducks pourraient avoir du mal à égaler une offre bien structurée, malgré leur espace sur la masse salariale.

Le Canadien pourrait présenter une offre entre 6,8 M$ et 7 M$, ce qui entraînerait une compensation tout à fait raisonnable : un choix de 1er tour et un choix de 3e tour. Des peanuts pour obtenir un joueur aussi complet, aussi jeune, aussi adapté au plan quinquennal de Hughes et Gorton.

Mais la réalité est claire: il faudra que Kent Hughes offre bien plus pour que l'offre hostile fonctionne. Hughes ne doit pas faire la même erreur que Marc Bergevin avec Aho. Les Ducks vont égaliser une offre de 7 M$ les yeux fermés.

Le DG du CH sait exactement ce qu’il fait. Et s’il décide d’entrer dans la danse des offres hostiles pour Mason McTavish, ce ne sera pas à moitié.

Il y a des seuils précis dans la convention collective. S’il offre plus de 7,02 millions par saison, il entre dans un territoire où la compensation est un peu plus lourde, mais tolérable : un choix de première ronde, un choix de deuxième ronde, un choix de troisième ronde.

C’est là que les choses deviennent sérieuses. À ce prix, Anaheim commence à transpirer. Le plafond salarial devient leur pire ennemi, surtout avec tous les jeunes à prolonger dans les années futures (Carlsson, Gauthie, etc).

Et Hughes pourrait se rendre jusqu’à 9,36 millions avant de devoir sacrifier une deuxième sélection de première ronde.

Mais s’il veut vraiment créer un choc, s’il veut que l’offre soit presque inégalable, il peut monter jusqu’à atteindre 9,36 à 11,7 millions par saison.

À ce stade-là, la compensation explose : deux choix de première ronde, un de deuxième, un de troisième. Et si Hughes devient complètement déchaîné, si la folie des grandeurs le saisit, il peut même dépasser 11,7 millions et forcer Anaheim à choisir entre perdre leur futur centre étoile… ou accepter quatre choix de première ronde comme unique consolation.

Bref, ce ne sera pas une offre à 6,6 ou 6,7 millions qui fera plier les Ducks. Il faut frapper fort, viser entre 7 et 11,7 millions, selon le risque que Hughes est prêt à prendre. Et à Montréal, le moment est venu d’assumer l’audace.

Dmitri Voronkov est l’autre option selon TVA Sports.

À 6 pieds 5, 240 livres, Voronkov est un monstre. Un tank mobile. Une présence physique dominante, mais dotée d’un instinct offensif qu’on ne retrouve pas souvent chez les colosses russes.

Avec 47 points à sa première saison complète à Columbus, il s’est imposé comme un ailier gauche top 6 dans une équipe en pleine tempête suite au décès de Johnny Gaudreau.

Et selon plusieurs échos, confirmés entre les lignes par Elliotte Friedman, le DG Don Waddell ne voulait sous aucun prétexte inclure Voronkov dans une offre pour Noah Dobson. Il a résisté. Il a négocié. Il a hésité. Puis, dans une ultime tentative pour sauver le dossier, il a offert Voronkov avec le 14e choix total et un autre espoir.

Mais c’était trop tard.

Mathieu Darche, en bon stratège, avait déjà accepté l’offre de Montréal. Et Waddell, furieux, s’est senti floué. Trahi.

Alors que Voronkov se retrouve maintenant sans contrat et sans protection, Hughes pourrait frapper là où ça fait le plus mal à Columbus : déposer une offre hostile.

Autour de 6,3 M$ selon TVA Sports, ce qui imposerait aux Blue Jackets un lourd dilemme. Surtout s’ils veulent protéger leur masse salariale pour des renforts à la défense ou un gardien.

L’ironie, c’est que la fenêtre est minuscule. D’ici lundi, les DG doivent soumettre les offres qualificatives à leurs agents libres avec compensation. Une fois cette étape franchie, les joueurs deviennent officiellement éligibles à recevoir une offre hostile.

Montréal devra avoir la structure salariale pour le faire et échanger des salaires (Matheson) pour faire de la place.

Rappelons aussi les 10,5 M$ de Carey Price, qui peuvent être placés sur la LTIR dès le jour 1 de la saison. Ce qui libère soudainement plus de 10 millions $ en espace pour accueillir une bombe salariale sans risquer la catastrophe.

Et Kent Hughes a les choix de repêchage nécessaires pour payer la compensation, même dans le pire des scénarios.

Le plus révélateur dans tout ça, c’est que TVA Sports en parle.

Depuis des années, le diffuseur évitait les mots qui fâchent. Il se contentait de relayer les rumeurs en mode passif. Il présentait les listes de joueurs autonomes comme un menu d’options tièdes. Mais cette fois, ils osent.

Ils évoquent l’offre hostile. Ils nomment McTavish et Voronkov. Et ils placent le Canadien dans la liste des clubs qui pourraient foncer.

C’est une prise de position rare. Et peut-être même un signal direct, relayé par des agents ou des dirigeants, que cette avenue est sur la table. Sérieusement. À l’interne. Pas juste dans les spéculations de salon.

Faire une offre hostile, ce n’est pas juste une décision hockey. C’est un message. Un coup de tonnerre dans la LNH. Une démonstration que le CH n’a plus peur. Qu’il est prêt à payer pour gagner. Qu’il en a assez de  des projets à long terme, des espoirs à développer dans 5 ans.

C’est aussi une manière de dire aux autres clubs :

« Vous voulez nos centres? Vous nous bloquez sur le marché des transactions? "Fine". On va venir chercher les vôtres. Et on paiera le prix. »

Le reste des options analysées par TVA Sports sur le marché des agents libres ressemble à une liste d’épicerie du lundi matin. Pratique. Sans éclat. Sans risque.

Mikael Granlund? À 33 ans, malgré ses 66 points, il ne peut plus affronter les meilleurs trios chaque soir. Christian Dvorak? Il est déjà parti.

Pius Suter? Intéressant sur une courte séquence, mais pas un centre  top 6. Tanner Jeannot? Une version plus musclée de Pezzetta. Rien pour accompagner Suzuki et Demidov à long terme.

Ce ne sont pas des solutions. Ce sont des plans B, C, Z.

Kent Hughes est à la croisée des chemins. Il vient de frapper un grand coup avec Noah Dobson. Il a changé la dynamique défensive du club. Mais s’il veut solidifier son noyau offensif, il ne peut pas se contenter de miettes.

Mason McTavish ou Dmitri Voronkov. C’est là que tout se joue.

Et si TVA Sports en parle maintenant, c’est peut-être parce que quelque chose se prépare déjà dans l’ombre.

Même Denis Gauthier, sur le plateau de l’Antichambre à RDS, a surpris tout le monde en évoquant sans détour la possibilité de voir Mason McTavish débarquer à Montréal.

Gauthier a insisté : McTavish est exactement le genre de joueur que le Canadien doit viser. Un centre naturel, combatif, complet, capable de jouer dans toutes les situations.

« Il fit parfaitement avec ce que Martin St-Louis veut bâtir », a-t-il lancé, en soulignant que ce n’est pas un rêve farfelu, mais bien un coup stratégique réalisable.

Et voilà que RDS emboîte le pas à TVA Sports, signe que cette idée gagne du terrain jusque dans les médias traditionnels.

Quand même les antennes les plus conservatrices de l’écosystème médiatique québécois commencent à évoquer une offre hostile comme solution réaliste, c’est que le vent tourne. 

Le Canadien a le pouvoir. Il ne reste plus qu’à l’exercer.